Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mots pour ces inconnues qui vont peut-être voir en elle une vulgaire maîtresse d’école. Pédante ? cette fière et simple fille ? oui, si elle était venue ici, près de gens comme nous qui pourrions peser sa science, nous causer de l’hôpital, de son cas curieux, nous éblouir avec des noms barbares, nous étonner par le réalisme professionnel de son jeune esprit ; mais, je vous le demande, que va gagner sa réputation dans l’insupportable besogne qu’elle a entreprise là ? »

Mme de Bronchelles réfléchit un instant.

« Quelle froide bonté aussi ! peut-on dire qu’elle soit sensible à la façon dont nous le sommes, comme l’était Gertrude Laerk, qui était toute larmes ou tout sourire, comme l’était… »

Le souvenir d’Annette, qu’elle allait évoquer tout naturellement, s’arrêta sur le bord de ses lèvres. Elle prêtait volontiers au cœur de Nouvel une peine inconsolable ; quand, à la vérité, l’homme léger était déjà bien loin en esprit de ce furtif roman de la créole, où le rêve de l’être pratique s’était uni en lui à une sympathie d’artiste pour tout échafauder. Elle continua :

« Ne croyez pas surtout que je cherche à déprécier ce beau caractère, seulement elle me déroute trop ; je suis lasse de vivre avec cette intime