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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/269

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la Norvégienne, « un jour vous nous avez dit, je m’en souviens, en revenant de l’amphithéâtre : « J’ai tué ce matin de mes mains un pauvre petit chien. » Cet acte vous avait-il émue ? »

La fierté d’Ogoth, qui savait tout supporter royalement, fléchit à ce souvenir. Elle se détourna de Nouvel, fixa les yeux sur les bougies du lustre et rougit ; mais il n’y avait pas en elle l’ombre d’un détour, elle reprit :

« Certes oui, la mort de cet animal m’a très fort impressionnée. Je m’en souviens aussi, allez ! C’était une toute jeune bête ; il était de si petite taille que je pouvais le tenir entre mes deux mains ; son poil était ras et tout blanc ; il appartenait à une espèce laide et sans valeur, c’était l’explication de son triste destin, et, à cause de cela, il me faisait pitié. Avant que je prisse la lancette qui devait être son instrument de mort, il me regardait de ses yeux intelligents et suppliants. J’ai dû faire un grand effort pour me résoudre à lui injecter le poison. Il le fallait. Il fallait même l’observer jusqu’à son dernier soupir. Je l’ai fait parce qu’il s’agissait d’un dosage de drogue contre une affection cérébrale, et que tout résidait dans ce calcul de l’œuvre de la mort. Et vous pensez que je n’ai pas souffert alors, monsieur Nouvel ? »