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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/272

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Tous les trois eurent la perception d’une seconde d’intimité très profonde où ils se pénétraient les uns les autres ; et le lien de leur conversation se dénoua de lui-même. Le colloque se termina étrangement. André Nouvel se leva et alla ranger des émaux bleus dans une vitrine, son domestique, en son absence, ayant dérangé l’ordre de la collection. Ogoth reprit son air de reine et s’en fut écouter la voix chancelante de la vieille dame qui, assise au milieu des toutes jeunes, leur disait de vieux airs français.

Mme de Bronchelles, devenue très pensive, resta seule à l’écart ; elle faisait mine d’écouter les chansons anciennes ; dans le fond elle ne pouvait penser qu’à Ogoth, qu’elle était si impressionnée d’avoir vue sous ce jour nouveau. Elle tenait à la main un éventail gris où étaient cousus de petits brillants d’acier, et son ongle y jouait comme il arrive quand l’esprit est pris par une réflexion intense.

Il y a trois ans, quand Ogoth Bjoertz lui était arrivée, recommandée par un clergyman de Hull, elle avait su d’elle seulement ceci : qu’issue d’une famille honorable, et d’une rare intelligence, la jeune fille, qui n’avait pas encore vingt-quatre ans, désirait terminer à Paris ses études médicales. Le peu qu’elle avait appris ensuite sur la Norvégienne