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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/273

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lui avait été révélé par bribes, par hasard. Elle avait su un jour, fortuitement, par une lettre, que Mme Bjoertz vivait encore. Plusieurs semaines après Ogoth lui parla de son père qui était avocat ; telle fut la manière dont elle connut la famille de sa jeune pensionnaire. Pas de frères et pas de sœurs probablement, Ogoth, qui était d’une nature concentrée, parlant peu des autres et jamais de soi. Mais tel était le caractère de cette créature d’exception, qu’on pouvait vivre des années dans son intimité sans chercher autre chose en elle que l’agréable courtoisie mondaine qu’elle vous offrait. Chaque entrevue avec elle, dût-on la voir dix fois en un jour, était une visite de cérémonie pleine de charme et vide d’expansion. Et voilà que, soudain, elle se révélait toute vibrante de sentiments secrets, de peines inconnues, comme s’il y eût eu dans cette âme une histoire.

« Monsieur Nouvel, dit Nelly Allen en s’avançant fraîche, coquette, son col très fin paré d’un ruban rose, voulez-vous nous raconter l’Italie ? »

Lui se tourna vers elle, tenant à la main l’effigie d’une jeune allégorie grecque qui lui ressemblait. Nelly le trouvait « un très charmant Français » ; mais Mme de Bronchelles, qui connaissait ce Fran-