Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/288

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vanité secrète dont parlait l’étudiante. Mais, sans lui laisser le temps de s’appesantir sur soi, Ogoth continua de développer son idée. Elle aimait la sincérité par-dessus toute chose, et rien ne la peinait comme de voir autour d’elle l’artifice des esprits, dont le but sans noblesse était d’illusionner les autres sur leur propre personnalité. Elle parlait tout à coup avec une expansion que Nouvel ne lui avait jamais connue ; elle parlait avec cette aisance qu’on a pour énoncer des idées très souvent caressées, et l’on sentait flotter, au-delà de sa pensée, la perspective du départ prochain qui donnait à leur colloque une sorte de solennité. Le jeune romancier, qui était venu plein d’idées conquérantes, et dans le but très avoué de faire un peu de cour à la noble fille, restait silencieux à l’écouter. À la fin, il lui posa seulement cette question inattendue :

« Et vous, mademoiselle Bjoertz, à la place de Johannah vous eussiez épousé Sworden ?

— Mais oui, si je n’avais pas eu à lui opposer de plus sérieuses raisons que n’en avait Johannah. »

Dans la maison, on avait disposé le lilas par pleines brassées. C’était une vraie fête de fleurs. Giuseppa, grisée de parfum comme elle l’eût été