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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/290

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une heure délicieuse pour les confidences, et Nouvel semblait avoir le cœur plein de choses à dire.

« Mon pauvre André, fit la joyeuse femme soudain tout attristée, qu’y a-t-il encore, et quel nouveau marasme ? »

Elle pensait l’entendre avouer : « C’est que je ne reverrai plus votre Ogoth », car elle avait coutume de ces petites sentimentalités superficielles, où il se complaisait. Elle savait qu’il aurait aimé le chapeau d’une femme, qu’il aurait pleuré de compassion sur soi-même pour s’être trouvé le matin, devant sa glace, un cheveu blanc, et que la plupart du temps, ses joies comme ses peines étaient faites de mille riens. Elle ignorait qu’il était à ce moment sous l’influence du mâle enseignement de la Norvégienne, et que cette âme, par miracle, avait été creusée jusqu’au plus profond d’elle-même.

« C’est un vol de pensées sombres qui passent — ou qui passeront, reprit-il après un long silence. J’ai eu ce matin avec ma mère un long entretien. Elle m’a avoué de pénibles choses sur sa santé ; elle ne se sent pas bien. Je me suis vu seul tout à coup. Ah ! que ce sera gai de vieillir ainsi ! imaginez cela dans vingt ans, dans trente ans ; mon