Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/295

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inconnue ? Nul de ces gens ne devait jamais le savoir ; mais l’élégante et la domestique, les deux hommes d’affaires et l’écrivain s’entre-regardèrent après l’avoir vue, comme s’ils eussent tous été amis. Ainsi, le sentiment d’une fugitive pitié avait suffi pour que ces êtres disparates eussent tous ensemble, au cœur, une impression d’exquise humanité.

Nouvel nota le fait avec une émotion profonde. Il avait rarement senti de plus noble joie que celle de cette fraternité soudaine avec des inconnus. Qu’importaient les belles-lettres et sa gloire, ou la livrée de travail de l’artisan qu’il frôlait ! Ils étaient hommes, tous, simplement. Alors le souvenir lui revint d’Ogoth qui lui avait suggéré ces choses.

Quand il fut rendu chez lui, Mme Nouvel le fit appeler dans sa chambre et lui dit, à peine eut-il ouvert la porte :

« Regarde, mon enfant, ce qui m’est venu pendant ton absence ! »

Il parcourut des yeux tout le meuble de cette chambre qui datait de quarante ans, sans qu’eussent changé ni le lit de palissandre drapé de blanc, ni la pendule à sujet de bronze, ni les rideaux de serge rouge, dans lesquels il jouait