Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/302

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moment. Elle pensait. « Est-ce que, par hasard, songeait Mme de Bronchelles, est-ce que par hasard elle aimerait qu’on l’aimât, et qu’on l’aimât de cette façon si délicate et si belle ? »

Mais Ogoth, d’un ton déterminé, reprit :

« Ne cherchez pas à me fléchir. J’ai dit non, M. Nouvel est très bon ; redites-lui mes paroles ; je suis heureuse de le savoir bon ainsi. Mais souvenez-vous du triste patrimoine de déshonneur que j’apporte. Je suis étrangère, je suis pauvre et il y a une tache à mon nom, La pensée que Mme Nouvel, cette vieille dame française qui réalise si bien pour moi le type de votre bourgeoisie rigoureuse, pourrait dire en parlant de moi « C’est une aventurière ! » cette pensée me couvre de honte. »

Mme de Bronchelles songea, devant cet air d’orgueil et d’inflexibilité : « Une seule personne lui opposera l’argument convenable, c’est Nouvel ; allons le chercher. »

« Écoutez, Ogoth, dit-elle, prenez un jour de réflexion avant la réponse irrévocable, et ne nous faites pas de peine à tous. Je vais vous laisser libre de peser à votre aise la décision de demain. »

Mlle Bjoertz, restée seule dans sa chambre,