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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/303

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chercha son cahier d’observations médicales, et se mit à y tracer de son écriture ordinaire les notes recueillies le matin à l’hôpital. Elle avait ce principe que le travail rétablit l’harmonie dans l’âme troublée, et que c’est le vrai remède au mal moral. Quand elle eut vu par la fenêtre que son amie de Bronchelles avait fait atteler et partait dans la direction de Paris, elle termina tranquillement sa malle de livres qu’elle ferma ; puis elle alla chercher son linge et ses robes qu’elle plia sans se hâter, mais sans perdre de temps non plus, dans un large panier qui, depuis trois années, sentait encore la mer. Après quoi, devant la glace, elle mit sur ses épaules sa cape noire, attacha d’une épingle son chapeau, son chapeau étroit, sans un ruban, dont Annette disait autrefois : « C’est Ogoth qui le rend joli Elle regarda toute la chambre, le lit de cuivre, l’armoire vide, le petit bureau où, depuis tantôt mille soirées, elle venait s’attabler pour le travail qui n’avait pas eu de sanction. Elle le regarda même si longtemps, ce petit bureau dénudé maintenant, qu’un étranger aurait pu se demander à quoi songeait, devant ce meuble de bois, cette belle jeune femme si impénétrablement triste.

Puis elle ramassa les plis de sa robe et sortit.