Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/304

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Dans l’escalier, elle croisa Giuseppa Ormicelli qui lui demanda étourdiment : « Où allez-vous, Ogoth ? » Elle avait pour cette fillette rageuse, volontaire et ardente qui l’adorait, une préférence sur toutes les autres. Elle saisit au passage sa tête broussailleuse, et l’embrassa très fort sans répondre.

Dans le jardin, elle rencontra Frida en robe de chambre rose, qui dessinait sur le sable du bout de son ombrelle, tout en guettant le facteur.

« Quelle chaleur ! » soupira douillettement l’Anglaise.

Ogoth referma la porte de la grille dont le timbre sonna et l’on entendit son pas tranquille se perdre sur la terre sèche du boulevard.

À six heures, Mme de Bronchelles rentra. « Mlle Bjoertz est sortie », lui dirent les servantes. À sept heures on se mit à table ; Ogoth n’était pas revenue. La place resta vide entre Nelly et Giuseppa ; on parlait peu et l’on mangeait encore moins, car tous ces jeunes esprits devinaient un drame imprécis. Les Allemandes, plus perdues que jamais depuis que leur grande amie n’était plus là et que personne ne les protégeait plus d’une façon singulière, disaient avec des yeux désolés : « Fräulein Ogoth ! Fräulein Ogoth ! » Elles