Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/305

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avaient beau ne rien ajouter, elles traduisaient à elles seules l’inquiétude vague de toutes. Ce qu’il y avait de plus angoissant dans ce retard de l’étudiante, c’était sa nature même, si méthodique et si ponctuelle, qu’on ne pouvait se souvenir de l’avoir vue jamais manquer à l’heure convenue.

Le repas était avancé déjà quand un télégramme arriva, c’était un message signé d’elle. Mme de Bronchelles en dévora le contenu, ne comprenant qu’à peine le sens des mots qu’elle voyait.

« Chère Madame, pardonnez-moi ce brusque départ ; un événement imprévu me rappelle en Norvège trois jours avant la date fixée, et j’ai le triste devoir de vous quitter sans vous avoir dit adieu ni merci ! J’embrasse mes petites amies de chez vous, et je vous charge d’excuser ma conduite près d’elles et près de M. Nouvel ; j’espère que l’un ne me blâmera pas, et que les autres voudront bien ne pas m’oublier. Mon amie Helga, de Bergen, qui devait voyager avec moi, prendra chez vous mes bagages. »

Ce petit papier bleu, toujours un peu tragique, l’effroi de Mme de Bronchelles, en le recevant, et les larmes qui jaillissaient de ses yeux, le temps qu’elle lisait, impressionnèrent les jeunes filles.