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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/308

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Christiania, 15 juin.

« Ma cousine, n’en veuillez pas à l’homme heureux qui a tardé tout un jour à vous raconter son bonheur. Sachez d’abord que notre voyage a été bon et n’a point fatigué, au point que je le redoutais, la santé de ma bonne mère. À l’arrivée ici, brisée comme elle aurait dû l’être, il lui a fallu quand même toute une heure passée dans le cabinet de toilette d’une chambre d’hôtel, pour se parer à son gré et, comme elle disait, convenablement à la grande démarche que nous allions tenter. Elle était bien touchante, je vous assure, la pauvre maman, de ne se trouver jamais assez belle pour la femme de son fils ; de recommencer jusqu’à trois fois le pli de ses bandeaux blancs, d’emprisonner ses mains souffrantes dans des gants de cérémonie et tout cela si loin, si haut dans ce Nord où nous voilà.

« Il était cinq heures du soir quand nous sommes arrivés chez les Bjoertz. Ils habitent une petite maison blanche isolée dans un quartier lointain et un peu surélevé, d’où l’on voit miroiter les eaux du fiord. On monte, pour y accéder, une rampe bordée de sapins ; c’est la poésie septentrionale comme on la rêve. Je n’ai fait qu’ef-