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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/38

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c’est assez délicat de donner à ma maison ce cachet d’agence matrimoniale qui me séduit très peu, et qui déplaira peut-être bien davantage aux mères de mes élèves.

— Vous refusez l’enfant, alors, madame ? Dans ce cas, je l’emmène. Son père n’entend pas qu’elle reste fille ; pour ma part j’estime qu’une petite personne de sa grâce, de son esprit, de sa fortune, serait bien mal venue de ne pas faire le bonheur d’un galant homme. J’avais pensé, madame, que vous seule seriez capable de vouloir et de savoir trouver cet honnête homme… Du moment où vous vous récusez, je vais chercher fortune ailleurs. »

L’œil fixé vers l’endroit du ciel sous lequel on lui avait dit qu’était Paris, la petite Annette, hypnotisée, rêvait. La ville magique avait pour elle un attrait inexprimable ; elle se ressentait de l’ambiguïté de sa naissance jusque dans ce désir capricieux et passionné de voir Paris. Paris qu’elle aimait pour les souvenirs dont son père Parisien sentimental — lui avait pétri l’imagination ; mais aussi, dont son esprit ardent de mulâtresse avait conçu par avance les plus grisantes perspectives. Élevée parmi les petits bâtiments mesquins des villes coloniales, elle se fai-