Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/41

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Mais cette visite que reçoit Madame dans le moment, ça a l’air d’une négresse.

— Ça, répondit Gertrude en riant, c’est Mlle Maviel, la nouvelle pensionnaire qui nous arrive des Antilles. Madame a reçu seulement tantôt la nouvelle de son arrivée… »

Il semblait que les trois sœurs, Giuseppa, Maria et Vittoria, fussent à travers la maison toujours mises en communication par quelque fil invisible, car, sans cesse aux aguets des nouvelles, si l’une d’elles pouvait saisir au vol un léger renseignement, ce renseignement se trouvait transmis à l’instant aux deux autres moins promptes ; à elles trois, de cette façon, elles exerçaient clandestinement sur la pension un insaisissable et puissant espionnage, et leurs petites langues toscanes, dans le pur dialecte national, potinaient du matin au soir plus que dix portières légendaires dans le moins correct français faubourien.

Le temps qu’il fallait à Giuseppa pour dégringoler un escalier, et aussitôt Maria et Vittoria apprirent derrière une porte qu’une « nouvelle » était venue, que son arrivée avait été fort brusque, et que Gertrude paraissait avoir sur elle des connaissances précises. Alors, sans qu’aucun