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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/47

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n’eussent fait dévier le cours de ses idées ; il leur vint en même temps le bruit d’une voix inconnue qui parlait à Gertrude Laerk, sur un ton juvénile d’une fraîcheur extrême. Puis la porte d’à côté s’ouvrit, et le bavardage continua dans la chambre voisine.

« Adieu, Ogoth, dit brusquement Vittoria, je m’en vais. »

Et, pendant qu’Ogoth, souriant faiblement, reprenait sa plume et son anatomie, l’Italienne se glissa de son pas moelleux hors de sa chambre, dont elle referma la porte sans bruit, et l’on n’entendit plus rien ; de sorte qu’on pouvait ignorer si elle était redescendue silencieusement vers ses sœurs, ou bien si elle était demeurée dans la pénombre du palier, postée près de la chambre d’Annette.

Ce fut bientôt, dans ce petit logis coquet de la nouvelle arrivée, un effroyable désordre ; les malles, les caisses, les colis, s’ouvraient les uns après les autres, débordant de robes clinquantes, de dentelles, de rubans satinés qu’on sentait gaspillés à plaisir sur ces costumes multiples ; puis ce fut le tour des fruits coloniaux ; les oranges roulèrent ; les ananas et les bananes répandirent dans l’air leur capiteux fumet ; sur le marbre de