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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/55

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tout à l’heure de bonheur confiant, s’effrayèrent alors ; ils se tournèrent vers Mme de Bronchelles d’un air de détresse suppliante. Était-ce là l’accueil promis dans cette France où on lui avait dit qu’elle trouverait avec ceux de son monde la confraternité inconnue jusqu’alors ?

« Le père d’Annette a été le plus intime de mes amis d’enfance, dit Mme de Bronchelles qui sentait son cœur se fondre devant cette délicate souffrance de la créole ; je l’aimais comme un frère ; l’amitié que vous témoignerez à sa fille sera la meilleure preuve de sympathie que vous pourrez me donner. »

Ogoth Bjoertz, qui était bien parfois une incompréhensible fille, par trop savante, mais qui cultivait la politesse comme une fleur précieuse jusque dans ses raffinements, se hâta à ces mots de s’avancer vers Annette.

« Mademoiselle, soyez la bienvenue parmi nous », dit-elle avec une élégante courtoisie.

Aussitôt, sans qu’elle ait eu le temps de se soustraire à cette effusion qui devait particulièrement contrarier les habitudes rigides de sa naturelle majesté, elle se sentit prendre dans les bras et serrer contre le cœur ému de la petite Annette qui l’embrassait de toutes ses forces. Malgré ses prin-