Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/62

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de monde, ou de l’amitié particulière de chacun, car ces choses sont une source de distractions et de grands obscurcissements de cœur. » L’amitié de ces humbles créatures et la familiarité surprenante qu’il avait avec elles élevaient au contraire son âme vers le Créateur, et devant elles il s’attendrissait quelquefois jusqu’aux larmes.

« La grande sainteté à laquelle il fut bientôt parvenu lui valut la faveur merveilleuse d’entendre le langage des animaux.

« Un jour, poussé par cette curiosité qui réside encore même dans les personnes les plus parfaites, il s’était aventuré hors de la lisière de son bois, et vit une vache lasse, couchée sur l’herbe, qui se leva lentement à son approche.

« — Je te salue, mon frère », dit l’animal dans un mugissement dont le religieux s’étonna grandement d’entendre la signification.

« Cependant, quand le plus vif de sa surprise se fut apaisé, Herménégilde conçut un sensible dépit d’avoir été nommé « mon frère » par une bête, et il l’interrogea à ce sujet dans un langage dont ses historiens n’ont pas su nous transmettre la clef, mais qui fut admirablement entendu.

« — Tu rougis d’être appelé mon frère par moi, « ô homme », répondit la vache ingénieuse qui