Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/64

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« Herménégilde sentit son âme s’émouvoir à cet étrange discours ; il se repentit de n’avoir pas jusqu’à ce jour attaché assez de prix à ces humbles êtres dédaignés que sont les bêtes, principalement celles dont l’homme mange, et il considéra longtemps, les yeux pleins de larmes, cette vache caduque et misérable, comme une débonnaire nourrice. »

Le bruit léger d’un livre broché qu’on ferme fit lever les jeunes têtes qui, durant la lecture, s’étaient penchées dans le geste du recueillement, toutes sauf celle de Gertrude Laerk, dont l’étroite nuque rejetée en arrière posait sur le dossier de son petit fauteuil, pendant que les ailes diaphanes de son nez palpitaient régulièrement dans un sommeil lourd de petite fille.

« Oh ! c’est vraiment extraordinaire cet ouvrage », articulèrent les Anglaises, sans desserrer leurs bras qui étaient maintenant enchevêtrés pour toute la soirée.

Maria et Giuseppa n’énoncèrent pas de critique, n’ayant écouté le récit que d’une oreille inattentive, Vittoria se tut aussi, mais seulement par taciturnité, car étant d’une intelligence fort précoce, et très curieuse de toute idée nouvelle, elle n’avait pas perdu un mot de la lecture. Mais Annette se