Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/81

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L’auteur sourit.

« Ah ! vous avez lu cela, mademoiselle ?

— Oui, répondit la créole, qui parlait avec une sorte de culte ou d’étrange dévotion ; je l’ai lu l’été dernier à la Martinique. Mon père est planteur là-bas ; j’allais m’asseoir au milieu des cannes, près d’un ruisseau où il ne coulait plus qu’un petit filet d’eau, et j’emportais votre livre ; oh ! ce que j’ai aimé votre Martiale ! ce que je l’aime encore ! Vous l’avez si bien faite !

— Ah ! fit-il sans nul étonnement, mon type de jeune fille vous a plu. Votre critique me fait plus d’honneur que votre modestie ne le suppose sûrement, mademoiselle ; je ne vous connais qu’à peine, je sais seulement de vous que vous avez un nom à ravir, et que vous forcez toutes les sympathies, mais mon métier de psychologue me permet de deviner en vous bien d’autres choses, et, d’apprendre qu’une jeune fille comme vous a admiré ma bonne Martiale, l’a comprise surtout, et l’a aimée puisque vous m’avouez cette amitié, cela me cause une inexprimable vanité d’auteur. »

Annette écoutait, recueillie ; elle se sentait doucement anéantir par la proximité de cette célébrité voisine ; Ogoth Bjoertz avait hasardé la