Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/88

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d’un voyage, lorsque, le premier soir où il l’avait vue, le jeune et glorieux écrivain s’était frappé de l’idée de mettre ce type italien farouche, muet, d’aspect sournois, sur la scène. Elle avait alors connu la griserie vaniteuse d’être, aux yeux de toutes les autres, fêtée particulièrement par un homme célèbre ; puis, la persistance de cette sorte de cour qu’il lui faisait avait fini par vaincre les réticences de son esprit positif qui répugnait tour jours à préjuger ; elle avait cru, après de longues réflexions, qu’il l’aimait de bonne foi, et ce fut une illusion pleine de délices qui se poursuivit longtemps, soutenue par les apparences les plus trompeuses, bien que l’auteur n’eût pas dit un mot qui pût l’appuyer. Elle rêva de devenir reine dans cette maison, qui exerçait sur la société intellectuelle de Paris une espèce de royauté ; elle rêva de partager ce nom qui évoquait une des gloires les plus sympathiques de la littérature, et elle rêva avec la certitude de la réalité.

Pendant ce temps, dans ce même cabinet où son étrange beauté rayonnait chaque jeudi soir, la pièce se construisait lentement ; sa curieuse figure féline, sombre et fuyante de Florentine, que Nouvel avait si nettement conçue, était magistralement dessinée ; mais, à mesure que l’exécution