Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

théière fumante. Les Anglaises se levèrent les premières, et Nelly, humant l’air, relevant les ailes de son petit nez gourmand, déclara :

« Oh ! excellent ! »

Vittoria sourit de ses minces lèvres volontaires, si incompréhensiblement maîtresses de leur expression.

« Cela sent le thé », dit dans le salon d’à côté la voix un peu lassée de Mme Nouvel qui causait depuis le commencement avec Mme de Bronchelles.

Bientôt, tout le monde s’était réuni dans cette seconde pièce autour du plateau. On n’entendit plus que le glouglou de la tisane versée dans les tasses, et les petits chocs des pierres de sucre contre la porcelaine. Nelly et Frida s’étaient abattues sur une assiette de pâtisserie, de sorte que ces deux-là, les plus bavardes, avaient de bonnes raisons pour ne point causer. Frida surtout faisait de la bonne besogne, l’œil mélancolique ainsi qu’il arrivait chaque fois qu’elle rencontrait sous sa dent de ces choses friandes, et qu’elle leur associait sans doute dans son esprit l’image quittée de Mister Solomon. Ce fut Nouvel qui rompit le silence :

« Vous ne mangez rien ? dit-il à Annette en lui