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CHAPITRE PREMIER

Le mouvement stoïcien en italie

L’écroulement de l’Empire en 1250, la Papauté transférée en France à partir de 1306, avaient laissé l’Italie, dès le commencement du XIVe siècle, livrée à l’anarchie. C’est alors que commencent les guerres civiles, les tyrannies locales ; le pouvoir devient l’apanage de la force, qui s’exerce, plus soucieuse de la fin que de la moralité des moyens, et c’est là, certes, une condition favorable au développement des énergies, à la glorification de l’effort ; c’est la meilleure traduction pratique du tonos stoïcien. Les humanistes se trouvent alors comme enveloppés d’une atmosphère de stoïcisme : partout la lutte, l’effort, et l’effort suivi de succès ; partout cet épanouissement de l’individualisme, qui permet à chacun de donner pleinement sa mesure.

L’Italie en effet fourmille de personnalités marquantes qui sont les artisans de leur propre fortune. Voyez ce Cosme de Médicis[1], simple marchand, qui arrive à éblouir Florence avec de l’argent, de l’ambition, l’expérience des hommes et des affaires ; il occupe la première place, il se fait le protecteur des lettres, encourageant leurs progrès par ses largesses ; Niccolo Niccoli[2] part du même degré de l’échelle sociale ; son luxe est tout entier dans les œuvres d’art, la recherche et l’acquisition des manuscrits. Grâce à ces Mécènes, grâce à la protection des grands, toutes les portes sont ouvertes aux artistes, aux érudits, aux humanistes surtout qui sont les porte-drapeaux de l’humanité retrouvée.

Léonard de Vinci est recherché des princes, il réside auprès du duc de Milan. À Florence, le petit-fils de Cosme de Médicis,

  1. Cf. Monnier, Quattrocento (Paris, 1901), t. II, ch. ii.
  2. Ibid.