« O doux venin mortel, ô guide tromperesse »

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XLII.


O doux venin mortel, ô guide tromperesse,
O l’oubly gracieux des plus griéves douleurs,
O rét subtil d’Amour, couvert de belles fleurs,
O nouvelle Sereine, ô douce enchanteresse !

O paix instable et faulse, ô puissante Deesse,
Qui fais durer l’Amour et qui crois ses chaleurs,
Esperance, où es-tu ? las au fort des malheurs
Maintenant sans pitié ton secours me delaisse !

Ce fus toy qui me fis folement hazarder
En la guerre d’Amour, et tu fuis sans m’aider,
Me laissant aux dangers, compagne peu fidelle.

Helas retourne à moy, console mon trespas,
Mais je t’appelle en vain. On ne console pas
Avec peu d’Esperance une douleur mortelle.