À Frédéric Mistral - Mardi, 28 Septembre 1869

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Avignon
8, Portail Mathéron,
Mardi, 28 Septembre 1869.



Cher Monsieur,

Je n'ai gâté le charme d'un bon mois de vacances par le regret de n'avoir été à Maillane que parce que je comptais, attendant chaque jour mon ami Lefébure, te prier de venir passer un moment avec nous.

J'ai maintenant un autre prétexte pour persévérer dans cette intention : tu ne peux que feuilleter le recueil de Wyse ; la première fois que tu viens à Avignon, (et comme il serait bon que ce fût pendant mon temps de liberté, qui finit Lundi !) prends le chemin de la maison au lieu de celui de l'hôtel, et, dans la soirée, en compagnie de Roumanille et de Théodore, nous déchiffrerons les pages interdites [1].

— Tandis que nous parlons de Wyse, sois donc assez bon pour mettre à la poste, à sa destination, la petite saynète de Coppée, Le Passant, laissée entre tes mains ce printemps, et, depuis aussi longtemps presque, promise à notre convalescent.

Au revoir, amitiés de mon entourage ; ma femme, en maîtresse de maison, ose te dire qu'elle serait aise d'être prévenue de ta visite : et j'ajoute en ami impatient que je le serais également.

Ton


STÉPHANE MALLARMÉ.



  1. Les trois félibres ne lisaient pas l'anglais.