À genoux/Et puis encor ce soir où vous vous êtes mise

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Alphonse Lemerre (p. 80).

II


 
Et puis encor ce soir où vous vous êtes mise
Sur le tapis à rire et chanter, en chemise,
La tête renversée en arrière, pendant
Que je considérais le lit d’un œil ardent.
Oh ! vos bras et vos seins soulevés et vos lèvres !
Ô nature, nature, est-ce ainsi que tu sèvres
Tous tes enfants d’amour, d’orgueil et de beauté,
Pour les faire souffrir pendant l’éternité ?
Ô nature ! marâtre effrayante et sublime !
Le lit était si haut qu’il semblait une cîme.
Vous, comme une sirène antique de la mer,
Soulevant vos deux seins avec un bruit amer,
Vous emplissiez le soir d’un rêve intraduisible.
Et je croyais alors à l’amour invincible.