À genoux/Les Hirondelles

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Alphonse Lemerre (p. 168-169).

III

LES HIRONDELLES


 
Oh ! sur les grands murs noirs des vieilles citadelles
Avez-vous entendu comme les hirondelles
Se parlent quelquefois, la nuit, dans l’air glacé ?
Elles disent, songeant en elles au passé,
Elles disent les nuits d’été douces et blanches,
Les grands lits chauds qu’on trouve en juillet dans les branches,
Les longs sommeils, les longs rêves extasiés ;
Puis les pays perdus, et Malte aux droits rosiers,
Et Tunis plein de chants et de voix léonines,
Et Cypre où les fleurs ont des formes féminines,

Et Tyr où les palmiers se pâment en sanglots,
Et Bagdad la pieuse, où le Tigre aux beaux flots
Murmure des chansons d’amour sous les fenêtres.
Et cela les réchauffe un peu, ces petits êtres.