À l’heure de silence (Leconte de Lisle, Premières poésies)
Apparence
Premières Poésies et Lettres intimes, Texte établi par Préface de B. Guinaudeau, Bibliothèque-Charpentier ; Eugène Fasquelle, éditeur, (p. 25).
Dinan, avril 1838.
À L’HEURE DE SILENCE
« Oui, les cieux nous
appellent avec amour dans
leur sphère, et plongent
nos âmes dans les vastes
mers de l’éternité. »
À l’heure de silence et d’ivresses profondes,
Où, vers les horizons, le voyageur divin,
Se penchant sur les vertes ondes,
Baigne ses pieds lassés du céleste chemin ;
À l’heure où le sommeil berce l’ange et la femme,
Où la splendide nuit épand ses flots d’amour,
À l’heure de délire où l’âme,
Par élans d’infinis, rêve un dernier séjour ;
Qu’il est doux, qu’il est doux, loin de la terre infime,
Comme l’aigle au soleil, par le calme sublime,
De s’élancer seul vers son Dieu,
De lire aux cieux profonds sa parole éternelle
Sur l’orbe des mondes en feu.
Et d’écouter longtemps tous les bruits de son aile !