À l’ombre de mes dieux/La Seine

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À l’ombre de mes dieuxLibrairie Garnier frères (p. 18).
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LA SEINE


Loin des remous de la cohue et des bruits laids,
Je te regarde luire en ce jour de lumière,
Ô mon fleuve, ô ma Seine ! et glisser, d’une eau fière,
Dans une perspective ouverte de palais.

Chaque pont, arche souple, ébloui de reflets,
Clame un nom de victoire avec sa voix de pierre,
Tandis qu’une ombre drue, à la berge ouvrière,
Gazouille un vieux refrain rustique où je me plais.

Un renouveau d’espoirs se dénoue en volutes ;
Et, comme l’Âge d’or sommeille au cœur des flûtes,
Tout un bonheur perdu respire en ce tableau.

Ici, Paris n’est plus que joie, azur, espace,
Et pour fleurir sa gloire, il y cueille avec grâce
Tous les frissons épars du feuillage et de l’eau.