À tire-d’aile (Jacques Normand)/30

La bibliothèque libre.
Calmann Lévy, éditeur (p. 139-141).

X

ANNIVERSAIRE.


Si j’en crois le calendrier
Voici revenir Février,
Et voilà tout juste une année
Que, par un beau jour tout pareil,
Mêlé de pluie et de soleil,
À toi mon âme s’est donnée.


Un an ! — Qui l’eût cru de nous deux ?
Pareil bail est bien hasardeux
Quand l’amour ne fait que d’éclore !
Or, voici le bail terminé…
Pour longtemps qu’il nous soit donné
De le renouveler encore !

Un an ! — Où presque à chaque pas,
En dépit des nombreux tracas
Dont cette existence est semée,
Je n’eus, pour trouver le bonheur,
Qu’à chercher au fond de mon cœur
Ta chère image bien-aimée.

Un an ! — Douze mois, s’il vous plaît !
Un an bien rempli, bien complet,
Sans en ôter une semaine ;
Un an bien et dûment passé,
Pendant lequel tu m’as versé
Beaucoup de joie, un peu de peine.


Un an ! — Pour moi je n’en crois rien :
Malgré le printemps, ce vaurien
Qui déjà presse sa venue,
Le calendrier est menteur,
Car si j’en juge par mon cœur,
C’est hier que je t’ai connue !