Œuvres de Descartes/Édition Adam et Tannery/Tome 11/Texte entier

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Œuvres de Descartes/Édition Adam et Tannery/Tome 11
Œuvres de Descartes, Texte établi par Charles Adam et Paul TanneryLéopold Cerf.




ŒUVRES
DE
DESCARTES

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LE MONDE
DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN
PASSIONS DE L'AME
ANATOMICA
VARIA

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XI



M. Darboux, de l’Académie des Sciences, doyen honoraire de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris, et M. Boutroux, de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, professeur d’histoire de la philosophie moderne à la Sorbonne, directeur de l’Institut Thiers, ont suivi l’impression de cette publication en qualité de commissaires responsables.


ŒUVRES
DE
DESCARTES

PUBLIÉES
PAR
Charles ADAM & Paul TANNERY
SOUS LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE

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LE MONDE
DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN
PASSIONS DE L’AME
ANATOMICA
VARIA
XI


PARIS
LÉOPOLD CERF, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
12, RUE SAINTE-ANNE, 12

1909

== AVERTISSEMENT ==

En 1662, parut à Leyde, apud Franciscum Moyardum & Petrum Leffen, un petit in-quarto de 121 pages (plus 34 pages d'une Préface non paginée), sous le titre suivant : Renatus DES CARTES DE HOMINE, figuris & latinitate donatus à Florentio Schuyl, Inclytœ Urbis Sylvœ Ducis Senatore, & ibidem Philo sophiœ Professore. L'éditeur, Florent Schuyl, expliquait, à la fin de sa Préface, qu'il avait fait cette traduction latine sur deux copies de l'original français, conservées l'une et l'autre en Hollande, et mises à sa disposition par deux anciens amis de Descartes : Alphonse Pollot (qu'il appelle Alphonsus Palotti), et Antoine Studler van Surck, seigneur de Bergen. En outre, Clerselier, avisé de ce projet, aurait beaucoup poussé l'auteur à le mettre à exécution. En 1664, un libraire de Paris, Jacques Le Gras, publiait un petit in-8, dont voici le titre : Le Monde de Mr Descartes, ou Le Traité de la Lumière, & des autres principaux objets des Sens. Avec un Discours du Mouvement Local, & un autre des Fièvres, composez selon les principes du même Auteur, (260 pages pour le premier Traité, et 31 seulement pour les deux Discours, lesquels d'ailleurs, ni l'un ni l'autre, ne sont de Descartes). Le privilège pour ce petit volume est du 18 octobre 1663, « registré sur le Liure de la Communauté » des Libraires le 27 octobre suivant. Une Préface, signée D. R., nous apprend que le don de cet ouvrage au public est une libéralité de « Mon » sieur D. A. » (sans doute d'ALIBERT), qui a envoyé chercher le texte de ce traité Du Monde, « présqu'à l'extrémité des Terres Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/12 et la raison en est facile à deviner : le petit volume du Monde, qui venait à peine d’être publié, mentionne que Jacques Le Gras, imprimeur, a fait part de son privilège à Michel Bobin, Nicolas Le Gras, et Théodore Girard, « pour en jouir suivant » l’accord fait entre-eux ». Mais Théodore Girard est précisément le nom de l’imprimeur que nous avons vu en tête du volume de l'Homme : imprimer aussi dans le même volume le Traité de la Lumière, en 1664, c’eût été arrêter net le débit des exemplaires petit in-8, qui donnaient ce Traité à part, et qui, tout nouvellement parus, étaient loin encore d’être épuisés.

Mais treize ans plus tard, dans une seconde édition, en 1677, on n’eut plus les mêmes raisons de s’abstenir, et le volume porte ce nouveau titre : L’Homme de RENÉ DESCARTES, et la Formation du Fœtus, avec les Remarques de Louis de la Forge. À quoy l’on a ajouté le Monde, ou Traité de la Lumière, du mesme Autheur. (A Paris, chez Michel Bobin & Nicolas Le Gras, M. DC. LXXVII. In-4, pp. 5ii. Soit 66 p., Epijlre et Préface, non paginées.) L’Homme, p. 1-98. La Description du Corps humain (ou Formation du fœtus), p. 99-154. Remarques de Louis de la Forge, p. j 55-368. Version de la Préface de Monjîeur Schuyl, p. 369-404. Le Monde, p. 405-511. Plus 8 p. de Table des Matières. Clerselier ne reproduit pas, pour le Monde, le texte publié en 1664, qui n’était qu’une copie, mais, bien entendu, celui qu’il avait en sa possession, c’est-à-dire l’original.

Tels sont les quatre documents, tous imprimés, que nous utiliserons pour publier et le Traité de la Lumière et le Traité de l’Homme.

D’abord nous les publierons à la suite l’un de l’autre, en commençant par le Traité de la Lumière. Non seulement les déclarations de Clerselier nous y autorisent, mais elles ne nous permettent pas de faire autrement. Le Manuscrit original du Traité de l’Homme, qu’il offrait de montrer à qui voudrait, avait, en effet, pour titre, dit-il : Chapitre 18. À vrai dire, le Traité de la Lumière, tel qu’il nous le donne, ne compte que 15 chapitres ; il y aurait donc une lacune de deux chapitres, 16 et 17. Mais cela ne doit pas nous arrêter : d’autant plus que la première phrase du Traité de l’Homme (sur le sens de laquelle Schuyl, faute de comprendre cet enchaînement, s’est mépris dans sa traduction) montre bien qu’il s’agit toujours de ce Monde artificiel, que Descartes construit de toutes pièces dans les espaces imaginaires, et non pas du Monde réel où nous vivons ; enfin, et ceci n’est pas moins décisif, en un certain endroit du même Traité de l’Homme, à propos des parties du second élément, il rappelle « ce qui a eſté dit cydeſſus », précisément dans le Traité de la Lumière.

En outre, la première édition du Traité de la Lumière, en 1664, nous apprend que la copie MS., dont on s’était servi, donnait bien une division en chapitres (de 1 à 15 inclus sans doute), mais que ces chapitres n’avaient point de titres. Ceux que l’on trouve tout au long dans le petit volume de 1664, ont été ajoutés par l’éditeur, ainsi que la seconde partie du titre général : Traité de la Lumière & des autres principaux objets des Sens, comme il l’avoue lui-même. Nous donnerons donc, après cet Avertissement, tous ces titres avec la Preface signée d. r. de 1664, nous contentant de reproduire ensuite dans le texte les numéros des chapitres.

Cependant Clerselier, dans son édition de 1677, a mis aussi des titres, et qui ne sont pas ceux de 1664, bien qu’ils en soient l’équivalent. Les avait-il trouvés dans le MS. original ? Il ne le dit pas, et cela n’est guère vraisemblable : la copie les aurait reproduits également. Le mieux serait donc, afin de conserver le texte de Descartes dans toute sa pureté, de ne donner ces titres qu’on marge, et entre parenthèses : d’autant plus que, insérés avant chacun des chapitres, ils rompent la continuité du discours. Et c’est là une chose fort importante, dont nous avons eu tort de ne pas tenir compte en imprimant le texte des Principes en français, au t. IX de la présente édition : l’édition princeps donnait, comme il convient, ce texte tout d’une

venue, les titres étant rejetés en marge. A plus forte raison, le Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/15 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/16 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/17 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/18 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/19 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/20 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/21 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/22 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/23 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/24 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/25 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/26 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/27 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/28 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/29 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/30 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/31 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/32 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/33 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/34
LE MONDE


DE
RENÉ DESCARTES
ou
TRAITÉ DE LA LUMIERE

LE MONDE
DE
RENÉ DESCARTES
OU
TRAITÉ DE LA LUMIERE[1]

Me proposant de traiter icy de la Lumière, la premiere chose dont je veux vous avertir, est, qu’il peut y avoir de la difference entre le sentiment que nous en avons, c’est à dire, l’idée qui s’en forme en nostre imagination par l’entremise[2] de nos yeux, & ce qui est dans les objets qui produit en nous ce sentiment, c’est à dire ce qui est dans la flâme ou dans le Soleil, qui s’appelle[3] du nom de Lumiere. Car encore que chacun se persuade communément, que les idées que nous avons en nostre pensée son entierement sembla|bles aux objets dont elles procedent, je ne vois point toutesfois de raison, qui nous assure que cela soit[4] ; mais je remarque, au contraire, pluſieurs experiences qui nous en doivent faire douter.

Vous fçavez bien que les paroles, n’ayant aucune reffemblance avec les choſes qu’elles ſignifient, ne laiffent pas de nous les faire concevoir, & fouvent 5 meſme fans que nous prenions garde au ſon des mots, ny à leurs fyllabes ; en forte qu’il peut arriver qu’aprés avoir ouy vn diſcours, dont nous aurons fort bien compris le ſens, nous ne pourrons pas dire en quelle langue il aura efté prononcé. Or, ſi des mots, qui ne fignifient rien que par l’inftitution des hommes, fuffi- fent pour nous faire concevoir des choſes, avec lef- quelles ils n’ont aucune reffemblance : pourquoy la Nature ne pourra-t’elle pas auffi avoir eftably certain figne, qui nous faffe avoir le ſentiment de la Lumiere, 15 bien que ce figne n’ait rien en foy, qui foit femblable à ce fentiment ? Et n’eft-ce pas ainfi qu’elle a eſtably les ris & les larmes, pour nous faire lire la joye & la trifteffe fur le viſage des hommes ?

Mais vous direz, peut-eſtre, que nos oreilles ne nous font veritablement ſentir que le ſon des paroles, ny nos yeux que la contenance de celuy qui rit ou qui pleure, & que c’eſt noſtre eſprit, qui ayant retenu ce que fignifient ces paroles & cette contenance, nous le repreſente en meſme temps. A cela je pourrois ré— 25 pondre que c’eft noftre eſprit tout de mefme, qui nous repreſente l’idée de la Lumiere, toutes les fois que l’action qui la fignifie touche noftre ceil. Mais fans 5-6 ſouvent meſme] c’eſt ſouvent meſmes. — 6 après prenions | nullement ajouté. — {{refa|4-14|14 pourra-t’elle | peut-elle. — après auſſi | bien ajouté. — 16 que ce fignel qu’il. qui foit de. — 25 jel ie. perdre le temps à difputer, j’auray plutoft fait d’ap- porter vn autre exemple.

Penſez-vous, lors mefme que nous ne prenons pas garde à la fignification des paroles, & que nous oyons 5 feulement leur fon, que l’idée de ce fon, qui fe forme en noftre penfée, foit quelque chofe de fem- blable à l’objet qui en eft la cauſe ? Vn homme ouvre la bouche, remue la langue, pouffe fon haleine : je ne vois rien, en toutes ces actions, qui ne foit fort different de l’idée du fon, qu’elles nous font imaginer. Et la plupart des Philofophes affurent, que le fcn n`eſt autre choſe qu’vn certain tremblement d’air, qui vient frapper nos oreilles ; en forte que, fi le ſens de l’ouie rapportoit a noftre penſée la vraye image de ſon objet, 15 il faudroit, au lieu de nous faire concevoir le fon, qu’il nous fift concevoir le mouvement des parties de l’air qui tremble pour lors contre nos oreilles. Mais, parce que tout le monde ne voudra peut-eftre pas croire ce que difent les Philofophes, j’apporteray encore vn autre exemple.

L’attouchement eft celuy de tous nos fens que l’on eftime le moins trompeur & le plus affuré ; de forte que, fi je vous montre que l’attouchement mefme nous fait concevoir pluſieurs idées, qui ne reffemblent en aucune façon aux objets qui les produiſent, je ne penſe pas que vous deviez trouver eſtrange, ſi je dis que la veuë peut faire le femblable. Or il n’y a per- fonne qui ne fçache, que les idées du chatoüillement & de la douleur, qui fe forment en noftre penſée à l’oc-

fi 10 20 25 8 je] ie. — 25 je] ie.. 25 je] ie. 26 trouver treuver. femblable choſe. - - 27 le femblable] cafion des corps de dehors qui nous touchent, n’ont aucune reſſemblance avec eux. On paffe doucement vne plume ſur les lévres d’vn enfant qui s’endort, & il fent qu’on ie chatoüille penſez-vous que l’idée du chatouillement, qu’il conçoit, reffemble à quelque 5 choſe de ce qui eft en cette plume ? Vn Gendarme re- vient d’vne mélée : pendant la chaleur du combat, il auroit pû eftre bleffé fans s’en appercevoir ; mais main- tenant qu’il commence à ſe refroidir, il fent de la dou- leur, il | croit eſtre bleffé : on appelle vn Chirurgien, on ofte ſes armes, on le viſite, & on trouve enfin que ce qu’il fentoit, n’eftoit autre chofe qu’vne boucle ou vne courroye qui, s’eſtant engagée fous fes armes, le preffoit & l’incommodoit. Si fon attouchement, en luy faiſant fentir cette courroye, en eût imprimé l’image 15 en ſa penſée, il n’auroit pas eu beſoin d’vn Chirur- gien pour l’avertir de ce qu’il ſentoit.

Or je ne vois point de raiſon qui nous oblige à croire, que ce qui eſt dans les objets d’où nous vient le ſentiment de la Lumiere, foit plus ſemblable à ce fentiment, que les actions d’vne plume & d’vne cour- roye le font au chatoüillement & à la douleur. Et toutesfois je n’ay point apporté ces exemples, pour vous faire croire abſolument, que cette Lumiere eft autre dans les objets que dans nos yeux ; mais feu— 25 lement afin que vous en doutiez, & que, vous gardant d’eftre préoccupé du contraire, vous puiffiez mainte- nant mieux examiner avec moy ce qui en eft. 3 la levre. 8 auroit] cut. — 11 & omis. — trouve] treuve. — 24 abſolument] aſſurément. - 10 20 Je ne connais au monde que deux sortes de corps dans lesquels la Lumière se trouve, à savoir les astres,&la Flame ou le Feu. Et parce que les Astres sont sans doute plus éloignez de la connaissance des hommes, que n’est le feu ou la flame, je tâcherai, premièrement, d’expliquer ce que je remarque touchant la Flame.

Lors qu’elle brûle du bois,ou quelqu’autre semblable matière, nous pouvons voir à l’oeil, qu’elle remue les petites parties de ce vois, et les sépare l’une de l’autre, transformant ainsi les plus subtiles en feu, en aire, et en fumée, et laissiant les plus grossières pour les cendres. Au’un autre donc imagine, s’il veut,en ce bois, la Forme du feu, la Qualité de la chaleur, et l’Action qui le brûle, comme des choses toutes diverses; pour moi qui crains de me tromper si j’y duppose quelque chose de plus que ce que je vois necessairement y devoir être, je me contente d’u concevoir le mouvement de ses parties. Car mettez-y du feu, mettez-y de la chaleur, et faites qu’il brûle, tant qu’il vous plaira: si vous ne supposez point avec cela, qu’il y ait aucune de ses parties qui se remue,ni qui se détache de ses voisines, je ne me saurais imanginer qu’il reçoive aucune alteration ni changement. Et au contraire, offez-en le feu, offez-en la chaleur, empêchez qu’il ne brûle:pourvue seulement que vous m’accordiez qu’il y a quelque puissance, qui remue violemment les plus subtiles de ses parties, et qui les sépare des plus Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/42 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/43 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/44 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/45 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/46 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/47 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/48 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/49 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/50 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/51 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/52 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/53 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/54 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/55 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/56 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/57 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/58 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/59 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/60 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/61 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/62 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/63 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/64 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/65 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/66 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/67 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/68 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/69 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/70 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/71 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/72 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/73 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/74 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/75 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/76 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/77 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/78 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/79 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/80 442-443- Traité de la Lumière. 47

& entant qu’elles ont quelque bonté ; mais que ce font les diverfes difpofitions de nos volontez, qui les peuvent rendre vicieufes.

Je pourrois mettre encore icy plusieurs règles, pour 5 déterminer, en particulier, quand, & comment, & de combien, le mouvement de chaque corps peut estre détourné, & augmenté ou diminué, par la rencontre des autres ; ce qui comprend sommairement tous les effets de la Nature. Mais je me contenteray de vous

10 avertir, qu’outre lec trois loix que j’ay expliquées, je n’en veux point supposer d’autres, que celles qui suivent infailliblement de cesveritez éternelles, sur qui les Mathématiciens ont accoutumé d’appuyer leurs plus certaines & plus évidentes demonstrations : ces

i5 veritez, dis-je, suivant lesquellcs Dieu- mesme nous a enseigné qu’il avoit disposé toutes choses en nombre, en pois, & en mesure ; & dont la con noissance est il naturelle a nos âmes, que nous ne sçaurions ne les pas juger infaillibles, lors que nous les concevons

20 distinctement ; ny douter que, si Dieu avoit créé plu- sieurs Mondes, elles ne sussent en tous aussi véri- tables qu en celuv-cy. De sorte que ceux qui sçau- ront suffisamment examiner les consequences de ces veritez & de nos règles, pourront connoistre les

25 effets par leurs causes ; &, pour m’expliquer en termes de l’Ecole, pourront avoir des demonstrations à Priori, de tout ce qui peut estre produit en ce nouveau Monde.

4. 9 ef 10 .le. le. — 7 &’ ou. 12 qu’u lefquelles. — 26 pour- — 8 foinmairement] tbuverai- ront omis. — 27 à priori. En iieiiient. — lo troih omis. — no/e ; par la caufe. 48 Le Monde.

44J-444-

Et afin qu’il n’y ait point d’exception qui en em- peschc, nous adjouterons, s’il vous plaist, à nos sup- positions, que Dieu n’y sera jamais aucun miracle, & que les Intelligences, ou les Ames raisonnables, que nous y pourrons supposer cy-aprés, n'y troubleront en 5 aucune façon le cours ordinaire de la Nature.

Enfuitedequoy, neantmoins, jène vous promets pas de mettre icv des demonftrations exades de toutes les chofes que je diray ; ce fera affez que je vous ouvre le chemin, par lequel vous les pourrez trouver de vous- 10 mefme, quand vous prendrez la peine de les chercher. La plufpart des efprits fe dégoûtent, lors qu’on leur rend les chofes trop faciles. Et pour faire icyvn Tableau qui vous agrée, il efl ; befoin que j’y employé de lombre auffi bien que des couleurs claires. Si bien que je me i5 contenteray de pourfuivre la defcription que j’ay com- mencée, comme n’ayant autre deflein que de vous raconter vne Fable.

Chapitri : VIII. Quelque inégalité e< : confufion que nous puifîions

^lu ^id^s^’Eiofiës^Te ^"Ppoiter que Dieu ait mife au commencement entre 20 fit nouveau Monde. les parties de la Matière, il faut, fuivant les loix qu’il a impofées à la Nature, que par après elles fe foient réduites prefque toutes à vne grofleur & à vn mouve- ment médiocre, & ainfi, qu’elles aventpris la forme du fécond Elément, telle que je l’ay cy-deffus expliquée. 2 5

!-•.• en fiiipcfclie IViupéche. — lo trouver. — i5 je’ ic. — 

— 5 ii/Tt-s pourrons] après tjyo ;</t’. ig Qucl(.]ues ine^alitez & tiucl-

— cy-aprés omis. — b-6 en ques confulions. — io niifcs. — aucune façonl nullement. — 22 que... ellesj qu’elles — j/^rès 7 neantmoins’ touteslois. — je’ l’oient^ après ajouté. — 2 ? cy] ic. — 9 ie ous ouvre j’ouvre. icy. Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/83 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/84 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/85 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/86 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/87 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/88 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/89 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/90 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/91 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/92 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/93 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/94 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/95 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/96 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/97 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/98 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/99 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/100 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/101 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/102 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/103 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/104 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/105 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/106 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/107 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/108 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/109 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/110 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/111 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/112 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/113 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/114 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/115 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/116 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/117 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/118 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/119 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/120 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/121 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/122 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/123 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/124 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/125 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/126 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/127 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/128 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/129 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/130 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/131 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/132 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/133 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/134 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/135 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/136 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/137 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/138 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/139 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/140 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/141 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/142 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/143 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/144 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/145 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/146 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/147 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/148 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/149 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/150 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/151 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/152 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/153 part ; & enfin, que ie vous monſtre comment ces deux Natures doiuent eſtre iointes & vnies, pour compoſer des hommes qui nous reſſemblent.

Ie ſuppoſe que ie Corps n’eſt autre chofe qu’vne ſlatuë ou machine de terre, que Dieu forme tout exprés, 5 pour la rendre la plus ſemblable à nous qu’il eſt poſſible : en ſorte que, non ſeulement il luy donne au dehors la couleur & la figure de tous nos membres, mais auſſi qu’il met au dedans toutes les pieces qui ſont re|quiſes pour faire quelle marche, quelle mange, 10 qu’elle reſpire, & enfin qu’elle imite toutes celles de nos fonctions qui peuuent eſtre imaginées proceder de la matiere, & ne dependre que de la diſpoſition des organes.

Nous voyons des horloges, des fontaines artificielles 15, des moulins, & autres ſemblables machines, qui n’eſtant faites que par des hommes, ne laiſſent pas d’auoir la force de ſe mouuoir d’elles-meſmes en pluſieurs diuerſes façons ; & il me ſemble que ie ne ſçaurois imaginer tant de ſortes de mouuemens 20 en celle-cy, que ie ſuppoſe eſtre faite des mains de Dieu, ny luy attribuer tant d’artifice, que vous n’ayez ſujet de penſer, qu’il y en peut auoir encore dauantage.

Or ie ne m’arreſteray pas à vous décrire les os, les 25 nerfs, les muſcles, les venes, les ancres, l’eſtomac, le ſoye, la rate, le cœur, le cerueau, ny toutes les autres diuerſes pieces dont elle doit eſtre compoſée ; car ie les ſuppoſe du tout ſemblables aux parties de noſtre Corps qui ont les meſmes noms, & que vous pouuez 30 vous faire monſtrer par quelque ſçauant Anatomiſte, au moins celles qui ſont aſſez groſſes pour eſtre veües, ſi vous ne les connoiſſez deſia aſſez fuſſiſamment de vous meſme. Et pour celles qui à cauſe de leur petiteſſe ſont inuiſibles, ie vous les pourray plus facilement & 5 plus clairement faire connoiſtre, en vous parlant des mouuemens qui en dependent ; ſi bien qu’il eſt ſeulement icy beſoin que i’explique par ordre ces mouuemens, & que ie vous die par meſme moyen quelles ſont celles de nos fonctions qu’ils repreſentent.

10 Premierement, les viandes ſe digerent dans l’eſtomac | de cette machine, par la force de certaines liqueurs, qui, ſe gliſſant entre leurs parties, les ſeparent, les agitent, & les échauffent : ainſi que l’eau commune fait celles de la chaux viue, ou l’eau forte celles des 15 metaux. Outre que ces liqueurs, eſtant apportées du cœur fort promptement par les arteres, ainſi que ie vous diray cy-apres, ne peuuent manquer d’eſtre fort chaudes. Et meſme les viandes ſont telles, pour l’ordinaire, qu’elles ſe pouroient corrompre & échauffer 20 toutes ſeules : ainſi que fait le ſoin nouueau dans la grange, quand on l’y ſerre auant qu’il ſoit ſec.

Et ſçachez que l’agitation que reçoiuent les petites parties de ces viandes en s’échauffant, iointe à celle de l’eſtomac & des boyaux qui les contiennent, & à 25 la diſpoſition des petits filets dont ces boyaux ſont compoſez, fait qu’à meſure qu’elles ſe digerent, elles deſcendent peu à peu vers le conduit par où les plus groſſieres d’entr’elles doiuent ſortir ; & que cependant les plus ſubtiles & les plus agitées rencontrent çà & là 30 vne infinité de petits trous, par où elles s’écoulent dans les rameaux d’vne grande vene qui les porte vers le ſoye[5], & en d’autres qui les portent ailleurs, ſans qu’il y ait rien que la petiteſſe de ces trous, qui les ſepare des plus groſſieres : ainſi que, quand on agite de la farine dans vn ſas, toute la plus pure s’écoule, & il n’y a rien que la petiteſſe des trous par où elle paſſe, qui 5 empeſche que le ſon ne la ſuiue.

Ces plus ſubtiles parties des viandes eſtant inégales, & encore imparfaitement meſlées enſemble, compoſent vne liqueur qui demeureroit toute trouble & toute | blanchaſtre, n’eſtoit qu’vne partie ſe méle incontinent 10 auec la maſſe du ſang, qui eſt contenuë dans tous les rameaux de la vene nommée Porte (qui reçoit cette liqueur des inteſtins), dans tous ceux de la vene nommée Caue (qui la conduit vers le cœur), & dans le ſoye, ainſi que dans vn ſeul vaiſſeau.

Meſmes il eſt icy à remarquer que les pores du ſoye ſont tellement diſpoſez, que lors que cette liqueur 5 entre dedans, elle s’y ſubtiliſe, s’y elabore, y prend la couleur, & y acquiert la forme du ſang : tout ainſi que le ſuc des raiſins noirs, qui eſt blanc, ſe conuertit en vin clairet, lors qu’on le laiſſe cuuer ſur la raſpe.

Or ce ſang, ainſi contenu dans les venes, n’a qu’vn 10 ſeul paſſage manifeſte par où il en puiſſe ſortir, ſçauoir celuy qui le conduit dans la concauité droite du cœur. Et ſçachez que la chair du cœur contient dans ſes pores vn de ces feux ſans lumiere, dont ie vous ay parlé cy-deſſus, qui la rend ſi chaude & ſi ardente, qu’à 15 meſure qu’il entre du ſang dans quelqu’vne des deux chambres ou concauitez qui ſont en elle, il s’y enfle promptement, & s’y dilate : ainſi que vous pourez experimenter que fera le ſang ou le laid de quelque animal que ce puiſſe eſtre, ſi vous le verſez goutte a goutte 20 dans vn vaſe qui ſoit fort chaud. Et le feu qui eſt dans le cœur de la machine que ie vous décris, n’y ſert à autre choſe qu’à dilater, échauffer, & ſubtiliſer ainſi le ſang, qui tombe continuellement goutte a goutte, par vn tuyau de la vene çaue, dans la concauité de ſon 25 coſté droit, d’où il s’exhale dans le poulmon ; & de la vene du poulmon, que les Anatomiſtes ont nommé l’Artere Veneuſe, dans ſon | autre concauité, d’où il ſe diſtribuë par tout le corps.

La chair du poulmon eſt ſi rare & ſi molle, & 30 touſiours tellement rafraiſchie par l’air de la reſpiration, qu’à meſure que les vapeurs du ſang, qui ſortent de la concauité droite du cœur, entrent dedans par l’artere que les Anatomiſtes ont nommé la Vene arterieuſe, elles s’y épaiſſiſſent & conuertiſſent en ſang derechef ; puis de là tombent goutte à goutte dans la concauité gauche du cœur ; où ſi elles entroient ſans eſtre ainſi 5 derechef épaiſſies, elles ne ſeroient pas ſuffiſantes pour ſeruir de nourriture au feu qui y eſt.

Et ainſi vous voyez que la reſpiration, qui ſert ſeulement en cette machine à y épaiſſir ces vapeurs, n’eſt pas moins neceſſaire à l’entretenement de ce feu, que 10 l’eſt celle qui eſt en nous, à la conſeruation de noſtre vie, au moins en ceux de nous qui ſont hommes formez ; car pour les enfans, qui eſtans encore au ventre de leurs meres ne peuuent attirer aucun air frais en reſpirant, ils ont deux conduits qui ſupléent à ce 15 deſaut : l’vn par où le ſang de la vene caue paſſe dans la vene nommée artere, & l’autre par où les vapeurs, ou le ſang raréfié de l’artere nommée vene, s’exhalent & vont dans la grande artere. Et pour les animaux qui n’ont point du tout de poulmon, ils n’ont qu’vne ſeule 20 concauité dans le cœur ; ou bien, s’ils y en ont pluſieurs, elles ſont toutes conſecutiues l’vne à l’autre.

Le pouls, ou battement des arteres, dépend des onze petites peaux, qui, comme autant de petites portes, ferment & ouurent les entrées des quatre vaiſſeaux qui 25 regardent dans les deux concauitez du cœur ; car au mo|ment qu’vn de ces battemens ceſſe, & qu’vn autre eſt preſt de commencer, celles de ces petites portes qui ſont aux entrées des deux arteres, ſe trouuent exactement fermées, & celles qui ſont aux entrées des deux 30 venes, ſe trouuent ouuertes : ſi bien qu’il ne peut manquer de tomber auſſi-toſt deux gouttes de ſang par ces deux venes, vne dans chaque concauité du cœur. Puis ces gouttes de ſang ſe rarefiant, & s’étendant tout d’vn coup dans vn eſpace plus grand ſans comparaiſon que 5 celuy qu’elles occupoient auparauant, pouſſent & ferment ces petites portes qui ſont aux entrées des deux venes, empeſchant par ce moyen qu’il ne deſcende dauantage de ſang dans le cœur, pouſſent & ouurent celles des deux arteres, par où elles entrent 10 promptement & auec effort, faiſant ainſi enſler le cœur & toutes les arteres du corps en meſme temps. Mais incontinent apres, ce ſang rarefié ſe condenſe derechef, ou penetre dans les autres parties ; & ainſi le cœur & les arteres ſe defenſlent, les petites portes qui ſont 15 aux deux entrées des arteres ſe referment, & celles qui ſont aux entrées des deux venes ſe rouurent, & donnent paſſage à deux autres gouttes de ſang, qui ſont derechef enfler le cœur & les artzres, tout de meſme que les precedentes.

20 Sçachant ainſi la cauſe du pouls, il eſt ayſé à entendre que, ce n’eſt pas tant le ſang contenu dans les venes de cette machine, & qui vient nouuellement de ſon ſoye, comme celuy qui eſt dans ſes arteres, & qui a defia eſté diſlillé dans ſon cœur, qui ſe peut attacher à ſes 25 autres parties, & ſeruir à reparer ce que leur agitation continuelle, & les diuerſes actions des autres corps qui les | enuironnent, en détachent & ſont ſortir : car le ſang qui eſt dans ſes venes s’écoule touſiours peu à peu de leurs extremitez vers le cœur (& la diſpoſition 30 de certaines petites portes, ou valvules, que les Anatomiſtes ont remarquées en pluſieurs endroits le long de nos venes, vous doit aſſez perſuader qu’il arriue en nous tout le ſemblable) ; mais, au contraire, celuy qui eſt dans ſes arteres eſt pouſſé hors du cœur auec effort, & à diuerſes petites ſecouſſes, vers leurs extremitez : en ſorte qu’il peut facilement s’aller ioindre & vnir à 5 tous ſes membres, & ainſi les entretenir, ou meſme les faire croiſtre, ſi elle repreſente le corps d’vn homme qui y ſoit diſpofé.

Car, au moment que les arteres s’enflent, les petites parties du ſang qu’elles contiennent vont choquer çà 10 & là les racines de certains petits filets, qui, ſortans des extremitez des petites branches de ces arteres, compoſent les os, les chairs, les peaux, les nerfs, le cerueau, & tout le reſte des membres ſolides, ſelon les diuerſes façons qu’ils ſe ioignent ou s’entrelacent : & 15 ainſi elles ont la force de les pouſſer quelque peu deuant ſoy, & de ſe mettre en leur place ; puis, au moment que les arteres ſe deſenflent, chacune de ces parties s’arreſte où elle ſe trouue, & par cela ſeul y eſt iointe & vnie à celles qu’elle touche, ſuiuant ce qui a 20 elle dit cy-deſſus.

Or, ſi c’eſt le corps d’vn enfant que noſtre machine repreſente, ſa matiere ſera ſi tendre, & ſes pores ſi ayſés à élargir, que les parties du ſang qui entreront ainſi en la compoſition des membres ſolides, ſeront 25 communement vn peu plus groſſes, que celles en la place de | qui elles ſe mettront ; ou meſme il arriuera que deux ou trois ſuccederont enſemble à vne ſeule, ce qui ſera cauſe de ſa croiſſance. Mais cependant la matiere de ſes membres ſe durcira peu à peu, en ſorte 30 qu’après quelques années ſes pores ne ſe pouront plus tant élargir ; & ainſi, ceſſant de croiſtre, elle repreſentera le corps d’vn homme plus aagé.

Au reſte il n’y a que fort peu de parties du ſang, qui ſe puiſſent vnir à chaque fois aux membres ſolides en 5 la façon que ie viens d’expliquer ; mais la pluſ-part retournent dans les venes par les extremitez des arteres ; qui ſe trouuent en pluſieurs endroits iointes à celles des venes. Et des venes il en paſſe peut-eſtre auſſi quelques parties en la nourriture de quelques 10 membres ; mais la pluſ-part retournent dans le cœur, puis de là vont derechef dans les arteres : en ſorte que le mouuement du ſang dans le corps n’eſt qu’vne circulation perpetuelle.

De plus il y a quelques-vnes des parties du ſang qui 15 ſe vont rendre dans la rate, & d’autres dans la veſicule du fiel ; Si. tant de la rate & du fiel, comme immediatement des arteres, il y en a qui retournent dans l’eſtomac & dans les boyaux, où elles ſeruent comme d’eau forte pour ayder à la digefſtion des viandes ; & pource 20 qu’elles y ſont apportées du cœur quaſi en vn moment par les arteres, elles ne manquent iamais d’eſtre fort chaudes ; ce qui fait que leurs vapeurs peuuent monter facilement par le goſier vers la bouche, & y compoſer la ſaliue. Il y en a auſſi qui s’écoulent en vrine au 25 trauers de la chair des rognons, ou en ſueur & autres excremens au trauers de toute la peau. Et en tous ces lieux, | c’eſt ſeulement, ou la ſituation, ou la figure, ou la petiteſſe des pores par où elles paſſent, qui fait que les vnes y paſſent plutoſt que les autres, & que le 30 reſte du ſang ne les peut ſuiure : ainſi que vous pouuez auoir veu diuers cribles, qui, eſtant diuerſement percez, ſeruent à ſeparer diuers grains les vns des autres.

Mais ce qu’il faut icy principalement remarquer, c’efl que toutes les plus viues, les plus fortes, & les plus ſubtiles parties de ce ſang, ſe vont rendre dans les 5 concauitez du cerueau ; d’autant que les arteres qui les y portent, ſont celles qui viennent du cœur le plus en ligne droite de toutes, & que, comme vous ſçauez, tous les corps qui ſe meuuent tendent chacun, autant qu’il eſt poſſible, à continuer leur mouuement en ligne 10 droite.

Voyez, par exemple, le cœur A (Fig. 1), & penſez que, lors que le ſang en ſort auec effort par l’ouuerture B, il n’y a aucune de ſes parties qui ne tende vers C, où ſont les concauitez du cerueau ; mais que, le 15 paſ|ſage n’eſtant pas aſſez grand pour les y porter toutes, les plus foibles en ſont détournées par les plus fortes, qui par ce moyen s’y vont rendre ſeules.

Vous pouuez auſſi remarquer en paſſant, qu’aprés celles qui entrent dans le cerueau, il n’y en a point 20 de plus fortes ny de plus viues, que celles qui ſe vont rendre aux vaiſſeaux deſtinez à la generation. Car, par exemple, ſi celles qui ont la force de paruenir iuſques à D, ne peuuent aller plus auant vers C, à cauſe qu’il n’y a pas aſſez de place pour toutes, elles retournent 25 plutoſt vers E, que vers F ny vers G, d’autant que le paſſage y eſt plus droit. En fuite de quoy ie pourrois peut-eſtre vous faire voir, comment, de l’humeur qui s’aſſemble vers E, il ſe peut former vne autre machine, toute ſemblable à celle-cy ; mais ie ne veux pas entrer 30 plus auant en cette matiere.

Pour ce qui eſt des parties du ſang qui penetrent iuſqu’au cerueau, elles n’y ſeruent pas ſeulement a nourir | & entretenir ſa ſubftance, mais principalement auſſi à y produire vn certain vent tres ſubtil, ou 5 plutoſt vne flame tres viue & tres pure, qu’on nomme les Eſprits animaux. Car il faut ſçauoir, que les arteres qui les apportent du cœur, après s’eſtre diuiſées en vne infinité de petites branches, & auoir compoſé ces petits tiſſus, qui ſont eſtendus comme des tapiſſeries au 10 fond des concauitez du cerueau, ſe raſſemblent autour d’vne certaine petite glande, ſituée enuiron le milieu de la ſubſtance de ce cerueau, tout à l’entrée de ſes concauitez ; & ont en cet endroit vn grand nombre de petits trous, par où les plus ſubtiles parties du ſang 15 qu’elles contiennent, ſe peuuent écouler dans cette glande, mais qui ſont ſi étroits, qu’ils ne donnent aucun paſſage aux plus groſſieres.

Il faut auſſi ſçauoir, que ces artères ne s’arreſtent pas là, mais que, s’y eſtant aſſemblées pluſieurs en vne, 20 elles montent tout droit, & ſe vont rendre dans ce grand vaiſſeau qui eſt comme vn Euripe, dont toute la ſuperficie exterieure de ce cerueau eſt arroſée. Et de plus il faut remarquer, que les plus groſſes parties du ſang peuuent perdre beaucoup de leur agitation, dans 25 les detours des petits tiſſus par où elles paſſent : d’autant qu’elles ont la force de pouſſer les plus petites qui ſont parmy elles, & ainſi de la leur transferer ; mais que ces plus petites ne peuuent pas en meſme façon perdre la leur, d’autant qu’elle eſt meſme {{nlg|30 augmentée par celle que leur transferent les plus groſſes, & qu’il n’y a point d’autres corps autour d’elles, auſquels elles puiſſent ſi aiſement la transferer.

|D’où il eſt facile à conceuoir que, lors que les plus groſſes montent tout droit vers la ſuperficie exterieure du cerueau, où elles ſeruent de nourriture à ſa ſubſtance, elles ſont cauſe que les plus petites & les 5 plus agitées ſe détournent, & entrent toutes en cette glande : qui doit eſtre imaginée comme vne ſource fort abondante, d’où elles coulent en meſme temps de tous coſtez dans les concauitez du cerueau. Et ainſi, ſans autre preparation, ny changement, ſinon qu’elles 10 ſont ſeparées des plus groſſieres, & qu’elles retiennent encore l’extreme viteſſe que la chaleur du cœur leur a donnée, elles ceſſent dauoir la forme du ſang, & ſe nomment les Eſprits animaux.

Or, à meſure que ces eſprits entrent ainſi dans les 15 concauitez du cerueau, ils paſſent de là dans les pores de ſa ſubftance, & de ces pores dans les nerfs ; où ſelon qu’ils entrent, ou meſme feulement qu’ils tendent à entrer, plus ou moins dans les vns que dans les autres, ils ont la force de changer la figure des 20 muſcles en qui ces nerfs ſont inſerez, & par ce moyen de faire mouuoir tous les membres. Ainſi que vous pouuez auoir veu, dans les grottes & les fontaines qui ſont aux jardins de nos Roys, que la ſeule force dont l’eau ſe meut en ſortant de ſa fource, eſt ſuffiſante 25 pour y mouuoir diuerſes | machines, & meſme pour les y faire ioüer de quelques inſtrumens, ou prononcer quelques paroles, ſelon la diuerſe diſpoſition des tuyaux qui la conduiſent.

Et veritablement l’on peut fort bien comparer les 30 nerfs de la machine que ie vous décrits, aux tuyaux des machines de ces fontaines ; ſes muſcles & ſes tendons, aux autres diuers engins & reſſorts qui ſeruent à les mouuoir ; ſes eſprits animaux, à l’eau qui les 5 remuë, dont le cœur eſt la ſource, & les concauitez du cerueau ſont les regars. De plus, la reſpiration, & autres telles actions qui luy ſont naturelles & ordinaires, & qui dependent du cours des eſprits, ſont comme les mouuemens d’vne horloge, ou d’vn 10 moulin, que le cours ordinaire de l’eau peut rendre continus. Les objets exterieurs, qui par leur ſeule preſence agiſſent contre les organes de ſes ſens, & qui par ce moyen la determinent à ſe mouuoir en pluſieurs diuerſes façons, ſelon que les parties de ſon cerueau 15 ſont diſpoſées, ſont comme des Eſtrangers qui, entrans dans quelques-vnes des grottes de ces fontaines, cauſent eux-meſmes ſans y penſer les mouuemens qui s’y font en leur preſence : car ils n’y peuuent entrer qu’en marchant ſur certains quarreaux tellement diſpoſez, 20 que, par exemple, s’ils approchent d’vne Diane qui ſe baigne, ils la feront cacher dans des rozeaux ; & s’ils paſſent plus outre pour la pourſuiure, ils feront venir vers eux vn Neptune qui les menacera de ſon trident ; ou s’ils vont de quelqu’autre coſté, ils en feront ſortir vn 25 monſtre marin qui leur vomira de l’eau contre la face ; ou choſes ſemblables, ſelon le caprice des Ingenieurs qui les ont faites. Et enfin | quand l’ame raiſonnable ſera en cette machine, elle y aura ſon ſiege principal dans le cerueau, & ſera là comme le fontenier, qui doit 30 eſtre dans les regars où ſe vont rendre tous les tuyaux de ces machines, quand il veut exciter, ou empeſcher, ou changer en quelque façon leurs mouuemens.

Mais, afin que ie vous faſſe entendre tout cecy diſtinctement, ie veux, premierement, vous parler de la fabrique des nerfs & des muſcles, & vous monſtrer comment, de cela ſeul que les eſprits qui ſont dans le 5 cerueau ſe preſentent pour entrer dans quelques nerfs, ils ont la force de mouuoir au meſme inſtant quelque membre. Puis, ayant touché vn mot de la reſpiration, & de tels autres mouuemens ſimples & ordinaires, ie diray comment les objets exterieurs agiſſent contre 10 les organes des ſens. Et apres cela, i’expliqueray par le menu tout ce qui ſe fait dans les concauitez & dans les pores du cerueau ; comment les eſprits animaux y prennent leur cours ; & quelles font celles de nos fonctions que cette machine peut imiter par leur 15 moyen. Car, ſi ie commençois par le cerueau, & que ie ne fiſſe que fuiure par ordre le cours des eſprits, ainſi que i’ay fait celuy du ſang, il me ſemble que mon diſcours ne pourroit pas eſtre du tout ſi clair.

|Voyez donc icy, par exemple, le nerſ. A (Fig. 2)[6], 20 dont la peau exterieure eſt comme vn grand tuyau, qui contient pluſieurs autres petits tuyaux b, c, k, l, &c., compoſez d’vne peau interieure plus déliée ; & ces deux peaux ſont continuës auec les deux K, L, qui 5 enuelopent le cerueau M, N, O.

Voyez auſſi qu’en chacun de ces petits tuyaux, il y a comme vne moëlle, compoſée de pluſieurs filets fort déliez, qui viennent de la propre ſubſtance du cerueau N, & dont les extremitez finiſſent d’vn coſté à ſa 10 ſuperficie interieure qui regarde ſes concauitez, & de l’autre, aux peaux & aux chairs contre leſquelles le tuyau qui les contient ſe termine. Mais, pource que cette moëlle ne ſert point au mouuement des membres, il me ſuffit, pour maintenant, que vous ſçachiez qu’elle ne remplit 15 pas tellement les petits tuyaux qui la contiennent, que les eſprits animaux n’y trouuent encore aſſez de place, pour couler facilement du cerueau dans les muſcles, où ces petits tuyaux, qui doiuent icy eſtre comptez pour autant de petits nerfs, ſe vont rendre.

20 | Voyez, après cela, comment (Fig. 3) le tuyau, ou petit nerf b f, ſe va rendre dans le muſcle D, que ie ſuppofe eſtre l’vn de ceux qui meuuent l’œil ; & com- ment y eſtant | il ſe diuiſe en pluſieurs branches, compoſées d’vne peau laſche, qui ſe peut étendre, ou élargir & retrecir, félon la quantité des eſprits animaux qui y entrent ou qui en ſortent, ci dont les 5 rameaux ou les fibres ſont tellement diſpofées, que, lors que les eſprits animaux entrent dedans, ils font que tout le corps du muſcle 10 s’enfle & s’accourcit, & ainſi qu’il tire l’œil auquel il eſt attaché ; comme, au contraire, lors qu’ils en reſſortent, ce muſcle ſe deſenfle 15 & ſe rallonge.

De plus, voyez[7] qu’outre le tuyau bf, il y en a encore vn autre, à ſçauoir ef, par où les eſprits animaux 20 peuuent entrer dans le muſcle D, & vn autre, à ſçauoir dg, par où ils en peuuent ſortir. Et que, tout de meſme le muſcle E, que ie ſuppoſe ſeruir à mouuoir l’œil tout 25 au contraire du precedent, reçoit les eſprits animaux du cerueau par le tuyau cg, & du muſcle D par dg, & les renuoye vers D par ef. Et penſez qu’encore qu’il n’y ait aucun paſſage euident, par où les eſprits contenus dans les 5 deux muſcles D & E, en puiſſent |ſortir, ſi ce n’eſt pour entrer de l’vn dans l’autre : toutesfois, pource que leurs parties ſont fort petites, & meſme qu’elles ſe ſubtiliſent ſans 10 ceſſe de plus en plus par ka force de leur agitation, il s’en échappe touſiours quelques-vnes au trauers des peaux & des chairs de ces muſcles, mais qu’en reuanche, il y en reuient touſiours 15 auſſi quelques autres par les deux tuyaux bf, cg.

Enfin voyez (Fig. 4) qu’entre les deux tuyaux bf, ef, il y a vne certaine petite peau hfi, qui ſepare ces deux tuyaux, & qui leur ſert comme de porte, laquelle a deux | replis h & i, tellement diſpoſez, que, lors que 20 les eſprits animaux qui tendent à deſcendre de b vers h, ont plus de force que ceux qui tendent à monter d’e vers i, ils abbaiſſent & ouurent cette peau, donnans ainſi moyen à ceux qui ſont dans le muſcle E, de couler tres promptement auec eux vers D. Mais, lors que 25 ceux qui tendent à monter d’e vers i ſont plus forts, ou ſeulement lors qu’ils ſont auſſi forts que les autres, ils hauſſent & ferment cette peau hfi, & ainſi s’empeſchent eux-meſmes de ſortir hors du muſcle E ; au lieu que, s’ils n’ont pas de part & d’autre aſſez de force 30 pour la pouſſer, elle demeure naturellement entr’ouuerte. Et enfin que, ſi quelquefois les eſprits contenus dans le muſcle D tendent à en ſortir par dfe, ou dfb, le reply h ſe peut étendre, & leur en boucher le paſſage. Et que tout de meſme, entre les deux tuyaux cg, dg, il y a vne petite peau ou valvule g, ſemblable à la precedente, qui demeure naturellement entr’ouuerte, 5 & qui peut eſtre fermée par les eſprits qui viennent du tuyau dg, & ouuerte par ceux qui viennent de cg.

En ſuite de quoy, il eſt aiſé à entendre que, ſi les eſprits animaux qui ſont dans le cerueau (Fig. 3) ne tendent point, ou preſque point, à couler par les 10 tuyaux bf, cg, les deux petites peaux ou valvules f & g demeurent entr’ouuertes, & ainſi, que les deux muſcles D & E, ſont laſches & ſans action ; d’autant que les eſprits animaux qu’ils contiennent, paſſent librement de l’vn dans l’autre, prenans leur cours d’e par 15 f vers d, & reciproquement de d par g vers e. Mais ſi les eſprits qui ſont dans le cerueau tendent à entrer auec quelque force dans | les deux tuyaux bf, cg, & que cette force ſoit égale des deux coſtez, ils ferment auſſi-toſt les deux paſſages g & f, & enflent les deux 20 muſcles D & E autant qu’ils | peuuent, leur faiſant par ce moyen tenir & arreſter l’œil ferme en la ſituation qu’ils le trouuent.

Puis, ſi ces eſprits qui viennent du cerueau tendent à couler auec plus de force par bf que par cg, ils 25 ferment la petite peau g, & ouurent f ; & ce plus ou moins, ſelon qu’ils agiſſent plus ou moins fort. Au moyen dequoy, les eſprits contenus dans le muſcle E ſe vont rendre dans le muſcle D, par le canal ef ; &. ce plus ou moins viſte, ſelon que la peau f eſt plus 30 ou moins ouuerte. Si bien que le muſcle D, d’où ces eſprits ne peuuent ſortir, s’accourcit, & E ſe rallonge ; & ainſi l’œil eſt tourné vers D. Comme, au contraire, ſi les eſprits qui ſont dans le cerueau tendent à couler auec plus de force par cg que par bf, ils ferment la 5 petite peau f, & ouurent g ; en ſorte que les eſprits du muſcle D retournent auſſi-toſt par le canal dg dans le muſcle E, qui par ce moyen s’accourcit, & retire l’œil de ſon coſté.

Car vous ſçauez bien que ces eſprits, eſtans comme 10 vn vent ou vne flame tres ſubtile, ne peuuent manquer de couler tres promptement d’vn muſcle dans l’autre, ſi toſt qu’ils y trouuent quelque paſſage ; encore qu’il n’y ait aucune autre puiſſance qui les y porte, que la ſeule inclination qu’ils ont à continuer leur 15 mouuement, ſuiuant les loix de la nature. Et vous ſçauez, outre cela, qu’encore qu’ils ſoient fort mobiles & ſubtils, ils ne laiſſent pas d’auoir la force d’enfler & de roidir les muſcles où ils ſont enfermez : ainſi que l’air qui eſt dans vn balon le durcit, & fait tendre les peaux 20 qui le contiennent.

| Or il vous eſt aiſé d’appliquer ce que ie viens de dire du nerf A, & des deux muſcles D & E, à tous les autres muſcles & nerfs ; & ainſi, d’entendre comment la machine dont ie vous parle, peut eſtre meüe en 25 toutes les meſmes façons que nos corps, par la ſeule force des eſprits animaux qui coulent du cerueau dans les nerfs. Car, pour chaque mouuement, & pour ſon contraire, vous pouuez imaginer deux petits nerfs, ou tuyaux, tels que ſont bf, cg, & deux autres, tels que 30 ſont dg, ef, & deux petites portes ou valvules, telles que ſont h fi, & g.

Et pour les façons dont ces tuyaux ſont inſerez dans les muſcles, encore qu’elles varient en mille ſortes, il n’eſt pas neantmoins mal-aiſé à iuger quelles elles ſont, en ſçachant ce que l’anatomie vous peut apprendre de la figure exterieure, & de l’vſage de chaque muſcle. 5

Car ſçachant, par exemple, que les paupieres (Fig. 5) font meùes par deux mufcles, dont Tvn, à fçauoir T, ne fert qu’à ouurir celle de deffus, & l’autre, à fçauoir V, fert alternatiuement à les ouurir & à les fermer toutes deux : il efl ; |aifé à penfer qu’ils reçoiuent les "o efprits par deux tuyaux tels que font ; 7R, & qs ; & que l’vn de ces deux tuyaux ^ r fe va rendre dans ces deux mufcles, & l’autre ^s dans l’vn d’eux feulement. Et enfin, que les branches r & s, eftant quafi inférées en mefme façon dans le mufcle’V, y ont toutesfois deux i5 effets tout contraires, à caufe de la diuerfe difpofition de leurs rameaux ou de leurs fibres ; ce qui fuffit pour vous faire entendre les autres.

Et meſme il n’eſt pas mal-aiſé à iuger de cecy, que les eſprits animaux peuuent cauſer quelques mouuemens 20 en tous les membres où quelques nerfs ſe terminent, encore qu’il y en ait pluſieurs où les Anatomiſtes n’en remarquent aucuns de viſibles : comme dans la prunelle de l’œil, dans le cœur, dans le foye, dans la veſicule du fiel, dans la rate, & autres ſemblables. 25

Maintenant, pour entendre en particulier comment cette machine reſpire[8], penſez (Fig. 6) que le muſcle d eſt l’vn de ceux qui ſeruent à hauſſer ſa poitrine, ou à abbaiſſer ſon diaphragme, & que le muſcle E eſt ſon contraire ; & que les eſprits animaux qui ſont dans la concauité de ſon cerueau marquée m, coulans par le 5 pore ou petit canal marqué n, qui demeure naturellement touſiours ouuert, ſe vont rendre d’abord dans le tuyau B F, où abbaiſſant la petite peau F, ils ſont que ceux du muſcle E viennent enfler le muſcle d.

| Penſez apres cela, qu’il y a certaines peaux autour 10 de ce muſcle d, qui le preſſent de plus en plus à meſure qu’il s’enfle, & qui ſont tellement diſpoſées, qu’auant que tous les eſprits du muſcle E ſoient paſſez vers luy, elles arreſtent leur cours, & les font comme regorger par le tuyau B F, en ſorte que ceux du canal n s’en 15 détournent ; au moyen dequoy, s’allans rendre dans le tuyau c g, qu’ils ouurent en meſme temps, ils ſont | enfler le muſcle E, & deſenfler le muſcle d ; ce qu’ils continuent de faire auſſi long-temps que dure l’impetuoſité dont les efprits contenus dans le mufcle d, preffez

20 par les peaux qui l’enuironnent, tendent à en fortir. Puis, quand cette impetuofité n’a plus de force, ils reprennent d’eux-mefmes leur cours par le tuyau B F, & ainfi ne cefl^ent de faire enfler & defenfler alternatiuement ces deux mufcles. Ce que vous deuez iuger aufli

2 5 des autres mufcles qui feruent à mefme effet ; & penfer qu’ils font tous tellement difpofez, que, quand ce

» pas feulement entre les mufcles des yeux, qu’il y a apparence que fe fait » cette communication dont parle l’Autheur. C’ell pourqiioy i’ay mieux » aimé prendre deux mufcles de la poitrine [voye^ la figure de la » page 24) : c’ell à fçauoir, le Jerratus pofiicus inferior, &. le ferratus » maior, dont les tendons, ellans manifeltement oppofez, font plus propres » à perluader la mefme chofe des autres mufcles que l’on ne voit pas. » (Page 239-260.) Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/174 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/175 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/176 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/177 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/178 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/179 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/180 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/181 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/182 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/183 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/184 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/185 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/186 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/187 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/188 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/189 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/190 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/191 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/192 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/193 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/194 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/195 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/196 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/197 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/198 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/199 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/200 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/201 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/202 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/203 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/204 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/205 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/206 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/207 174 Le Monde.. 69-71.

2’j et 28), eft la mefme qui eft entre le cerueau d’vn homme qui veille, & celuy d’vn homme qui dort, & qui réue en dormant.

Mais, auant que ie vous parle plus particulière- ment du I fommeil & des fonges, il faut que ie vous 5 fafle icy confiderer tout ce qui fe fait de plus remar- quable dans le cerueau, pendant le temps de la veille : à fçauoir, comment s’y forment les idées des objets, dans le lieu deftiné pour V imagination, & pour q fens commun, comment elles fe referuent dans la mémoire, 10 & comment elles caufent le mouuement de tous les membres.

Vous pouvez voir, en la figure marquée M (Fig. 27), que les esprits qui sortent de la glande H, ayant dilaté la partie du cerveau marquée A, et entr’ouvert tous ses pores, coulent de là vers B, puis vers C, et enfin vers D, d’où ils se répandent dans tous ses nerfs, et tiennent par ce moyen tous les petits filets, dont ces nerfs & le cerveau sont composés, tellement tendus, que les actions qui ont tant soit peu la force de les mouvoir, se communiquent facilement de l’une de leurs extrémités jusques à l’autre, sans que les détours des chemins par où ils partent, les en empêchent.

Mais afin que ces détours ne vous empefchent pas |auffi de voir clairement, comment cela fert ^ former 25 les idées des objets qui frapent les fens, regardez en la figure cy-iointe* {Fig. 29) les petits filets 12, ^4,

a. Remarque de Louis de la Forge : « Regarde^ en la figure cy-iointe. >> Cette figure, non plus que les fuiuanies, ne contient rien de plus que » les premières, excepté la ligure des yeux, & l’infertion des filets des » nerfs optiques dans les ventricules. Que s’il femble à quelqu’vn que » cette infertion n’eft pas bien mife, & qu’elle deuroit élire plus ou moins 7'-7ï- Traité de l'Homme. 17^

^6, & femblables, qui compofent le nerf optique, & font étendus depuis le fond de l'œil i, j, 5, iufques à la fuperficie intérieure du cerùeau 2,4, 6. Et penfez que ces filets font tellement difpofez, que, fi les rayons 5 qui viennent, par exemple, du point A de l'objet, vont preffer le fond de l'œil au point i, ils tirent par ce moyen tout le filet 12, & augmentent l'ôuuerture du petit tuyau marqué 2 . Et tout de mefme, que les rayons qui viennent du point B, augmentent l'ôuuerture du

10 petit tuyau 4, & ainfi des autres. En forte que, comme les diuerfes façons dont les points i , j , ^ , font preflez par ces rayons, tracent dans le fond de l'œil vne figure qui fe rapporte à celle de l'objet ABC, ainfi qu'il a efté dit cy-deffus : il eft euident que les diuerfes façons,

i5 dont les petits tuyaux 2,4, 6, font ouuerts par les filets 12, 34, 56 fSic, la doiuent auflî | tracer en la fuperficie intérieure du cerueau.

Penfez, après cela, que les efprits qui tendent à entrer dans chacun des petits tuyaux 2, 4, 6, & fem-

20 blables, ne viennent pas indiflTeremment de tous les points qui font en la fuperficie de la glande H, mais feulement dequelqu'vn en particulier; & que ce font ceux qui viennent, par exemple, du point a de cette fuperficie, qui tendent à entrer dans le tuyau 2, &

25 ceux des points b &. c, qui tendent à entrer dans les tuyaux 4 & 6, & ainfi des autres. En forte qu'au mefme inftant que l'ôuuerture de ces tuyaux deuient plus

» auancée, il en peut croire ce qu'il luy plaiia ; car cela eftant indiffèrent,

» & ne pouuant nuire ny feruir au raifonnement de Monfieur Defcartes,

>) i'ay creu qu'il valloit autant les mettre là comme ailleurs, puifque l'on

» ne fçait point encore precifement le lieu où ils aboutiCfent. » (P. 333.) Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/210 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/211 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/212 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/213 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/214 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/215 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/216 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/217 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/218 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/219 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/220 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/221 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/222 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/223 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/224 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/225 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/226 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/227 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/228 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/229 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/230 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/231 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/232 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/233 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/234 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/235 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/236 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/237 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/238 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/239 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/240 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/241 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/242 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/243 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/244 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/245 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/246 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/247 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/248 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/249 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/251 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/253 que nous mettrons en haut des pages, pour cette seconde partie, réservant pour la première : Deſcription du Corps humain.

Dans quel état se trouvait le MS. de ce Traité ? Descartes « luy-meſme auoit deſia commencé à le diſtinguer par parties & par articles », dit Clerselier dans sa Préface de 1664 (p. 28 non paginée). « Et cela », continue l’éditeur, « m’a donné la penſée d’acheuer ce qu’il auoit commencé. » Ces articles sont au nombre de 74, dans l’édition de Clerselier. On vient de voir que Descartes ne les avait pas ainsi numérotés jusqu’au bout ; mais où s’était-il arrêté, et à partir de quel numéro avons-nous les divisions de Clerselier, et non plus de Descartes ? c’est ce qu’il est impossible de déterminer. Aussi donnerons-nous l’indication de ces 74 articles, en faisant toutes nos réserves. — De plus, le commencement du Traité, dont nous avons retrouvé une copie MS. (t. X, p. 13-14), donne bien les mots : « Pr Art. » et « 2 Artic. », mais sans donner de titre ni à l’un ni à l’autre. On peut en conclure que les titres, qui se trouvent tout au long dans l’édition de 1664, ne sont pas de Descartes : c’est Clerselier qui les aura ajoutés, comme il dit qu’il l’a fait aussi pour le Traité de l’Homme. Nous rejetterons donc encore tous ces titres à la suite du présent Traité, ne nous croyant pas en droit de les insérer dans le texte du philosophe, ni même de les juxtaposer au fur et à mesure des articles. Toutefois, comme Descartes avait divisé ce Traité « par parties », assure Clerselier, nous conserverons au moins cette division : soit cinq parties, dont la 1er n’est qu’une Préface, la 2e et la 3{{}} traitent Du mouvement du Cœur & du ſang, puis De la nutrition, et les deux dernières, 4e et 5e, De la formation de l’animal.

Quelle est maintenant la date de ce Traité ? On peut la déterminer avec une certaine approximation.

D’abord Descartes, à plusieurs reprises (pp. 133, 140, 159, édit. Clerselier), renvoie à ses Principes ; et il dit bien Principes en français, et non pas Principia Philoſophiæ, ce qui donne à penser que la traduction a paru déjà, et que le Traité est postérieur à 1647, et non pas seulement à 1644.

De plus, dans une lettre à la princesse Elisabeth, du 25 janvier 1648, Descartes déclare « qu’il a maintenant un écrit entre les mains », dont il donne même l’objet, sinon le titre : « c’eſt la deſcription des fonctions de l’animal & de l’homme ». (Tome V, p. 112, l. 12-15.) Cela répond exactement aux trois premières parties que nous avons vues. Mais Descartes ajoute cette phrase significative : « Et meſme ie me ſuis auanturé (mais depuis huit ou dix iours ſeulement) d’y vouloir expliquer la façon dont ſe forme l’animal dés le commencement de ſon origine. » (Ibid., l. 19-22.) Et voilà qui désigne clairement la « digression » de notre Traité, sur la « formation de l’Animal », et nous en donne même la date à quelques jours près. Enfin Descartes termine par une phrase que nous retrouvons presque mot pour mot dans le Traité (p. 161, édit. Clerselier) : « Ie dis l’animal en general ; car, pour l’homme en particulier, » ie ne l’oſerois entreprendre, faute d’auoir aſſez d’expériences pour cet effet. » (Tome V, p. 112, l. 22-25.)

Ce texte décisif se trouve confirmé par deux autres, de la même année 1648. Le premier est tiré de l’entretien si intéressant de Descartes et de Burman, à la date du 16 avril 1648. Il y est question d’un Traité de l’Animal, auquel Descartes a travaillé « cet hiver ». Suivent quelques détails caractéristiques : le philosophe voulait d’abord expliquer seulement les fonctions de l’animal ; mais il vit qu’il ne pouvait absolument pas le faire, sans expliquer la formation de l’animal à partir de l’œuf, ab ovo. (Tome V, p. 170-171.) En effet. Descartes, dans son Traité, après avoir parlé du mouvement du cœur & du ſang, puis de la nutrition, traite de la formation de l’animal. Enfin, dans une lettre postérieure, de la fin de 1648, ou du commencement de 1649, il expose, à peu près dans les mêmes termes, son double dessein : deſcription de l’animal, premier dessein, d’ailleurs abandonné « parce qu’il en a maintenant un meilleur, qui est, au lieu de traiter des fonctions de l’animal », de trouver « les cauſes de ſa formation ». Et il ne désespère pas d’en venir à bout, « pourueu qu’il ait du loiſîr & la commodité de faire quelques expériences ». (Tome V, p. 260-261.)

Nous pouvons donc fixer, en toute certitude, la date du présent Traité à l’année 1648. (Peut-être était-il commencé déjà en 1647.) Et nous ne l’appellerons pas, « Second Traité », comme fait Clerselier, qui appelait aussi le Traité de l’Homme « Premier Traité ». Les deux sont indépendants l’un de l’autre, et se trouvent séparés, on le voit, par un assez long intervalle.

C. A.

Nancy, 17 Juillet 1907.



Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/257 pour retarder le cours de la vieilleſſe, ſi on s’eſtoit

aſſez étudié à connoiſtre la nature de noſtre corps, & qu’on | n’euſt point attribué à l’ame les fonctions qui ne dépendent que de luy, & de la diſpoſiion de ſes organes. 5

ii. Mais pource que nous auons tous éprouué, dés noſtre enfance, que pluſieurs de ſes mouuemens obeïſſoient à la volonté, qui eſt une des puiſſances de l’ame, cela nous a diſpoſez à croire que l’ame eſt le principe de tous. A quoy auſſi a beaucoup contribué 10 l’ignorance de l’Anatomie & des Mechaniques : car ne conſiderans rien que l’exterieur du corps humain, nous n’auons point imaginé qu’il euſt en ſoy aſſez d’organes, ou de reſſors, pour ſe mouuoir de ſoy-meſme, en autant de diuerſes façons que nous voyons qu’il ſe 15 meut. Et cette erreur a eſté confirmée[9], de ce que nous auons iugé que les corps morts auoient les meſmes organes que les viuans, ſans qu’il leur manquaft autre chofe que l’ame, & que toutesfois il n’y auoit en eux aucun mouuement. 20

iii. Au lieu que, lors que nous taſchons à connoiſtre plus diſtindemcnt noſtre nature, nous pouuons voir que noſtre ame, en tant qu’elle eſt vne ſubſtance diſtincte du corps, ne nous eſt connüe que par cela ſeul qu’elle penſe, c’eſt à dire, qu’elle entend, qu’elle 25 veut, qu’elle imagine, qu’elle ſe reſſouuient, & qu’elle ſent, pource que toutes ces fonctions font des eſpeces de penſées. Et que, puiſque les autres fonctions que quelques-vns luy attribuent, comme de mouuoir le cœur & les arteres, de digérer les viandes dans 30 l’eſtomac, & ſemblables, qui ne contiennent en elles aucune penſée, ne font que des mouuemens corporels, & qu’il eſt plus ordinaire qu’vn corps ſoit meu par vn autre corps, que non pas | qu’il ſoit meu par vne ame, nous 5 auons moins de raiſon de les attribuer a elle qu’à luy.

Nous pouuons voir auſſi que, lors que quelques iv. parties de noſtre corps font offenſées, par exemple, quand vn nerf eſt piqué, cela fait qu’elles n’obeïſſent plus à noſtre volonté, ainſi qu’elles auoient de coutume, 10 & meſme que ſouuent elles ont des mouuemens de conuulſion, qui luy ſont contraires. Ce qui monſtre que l’ame ne peut exciter aucun mouuement dans le corps, ſi ce n’eſt que tous les organes corporels, qui ſont requis à ce mouuement, ſoient bien diſpoſez ; 15 mais que, tout au contraire, lors que le corps a tous ſes organes diſpoſez à quelque mouuement, il n’a pas beſoin de l’ame pour le produire ; & que, par conſequent, tous les mouuemens que nous n’experimentons point dépendre de noſtre penſée, ne doiuent pas eſtre {{{1}}}attribuez à lame, mais à la feule difpolition des organes ; & que mefme les mouuemens, qu on nomme volontaires, procèdent principalement de cette difpofition des organes, puis qu’ils ne peuuent eftre excitez fans elle, quelque volonté que nous en ayons, bien 25 que ce foit l’ame qui les détermine.

Et encore que tous ces mouuemens ceft ! ent dans le v. corps, lors qu’il meurt, & que lame le quitte, on ne doit pas inférer de là, que c’eft elle qui les produit ; mais feulement, que c’eft vne mefme caufe, qui fait

3o que le corps n’eft plus propre à les produire, & qui fait auffi que lame s’abfente de luy Œuvres, Vl. 2q

Il eſt vray qu’on peut auoir de la difficulté à croire, que la ſeule diſpoſition des organes ſoit ſuffiſante pour | produire en nous tous les mouuemens qui ne ſe determinent point par noſtre penſée ; c’eſt pourquoy ic taſcheray icy de le prouuer, & d’expliquer tellement 5 toute la machine de noſtre corps, que nous n’aurons pas plus de ſujet de penſer que c’eſt noſtre ame qui excite en luy les mouuemens que nous n’experimentons point eſtre conduits par noſtre volonté, que nous en auons de iuger qu’il y a vne ame dans vne horloge, 10 qui fait qu’elle monſtre les heures.

vi. Il n’y a perſonne qui n’ait deſia quelque connoiſſance des diuerſes parties du corps humain, c’eſt à dire, qui ne ſçache qu’il eſt compoſé d’vn très grand nombre d’os, de muſcles, de nerfs, de venes, d’artères, 15 & auec cela d’vn cœur, d’vn cerueau, d’vn foye, d’vn poumon, d’vn eftomac ; & mefme, qui n’ait veu quelquefois ouurir diuerfes beftes, où il a pu confiderer la figure & la fituation de leurs parties intérieures, qui font à peu prés en elles comme en nous. Il ne fera pas 20 befoin qu’on ait rien apris de plus de l’Anatomie, afin d’entendre cet écrit, à caufe que i’auray foin d’y expliquer tout ce qu’il en faut fçauoir de plus particulier, a mefure que i’auray occafion d’en parler.

VII. Et afin qu’on ait d’abord vne générale notion de 25 toute la machine que i’ay à décrire : le diray icy que c’eft la chaleur quelle a dans le cœur, qui eft comme

le grand reflbrt, & le principe de tous les mouuemens qui (ont en elle ; & que les venes font des tuyaux, qui conduifent le fang de toutes les parties du corps vers 3o ce cœur, où il fert de nourriture à la chaleur qui y eft, comme auſſi l’eſtomac & les boyaux ſont vn autre plus grand | tuyau, parſemé de pluſieurs petits trous, par où le ſuc des viandes coule dans les venes, qui le portent droit au cœur. Et les artères ſont encore 5 d’autres tuyaux, par où le ſang, échauffé & raréfié dans le cœur, paſſe de là dans toutes les autres parties du corps, auſquelles il porte la chaleur, & de la matière pour les nourrir. Et enfin les parties de ce ſang les plus agitées & les plus viues, eſtant portées au 10 cerueau par les arteres qui viennent du cœur le plus en ligne droite de toutes, compoſent comme vn air, ou vn vent tres ſubtil, qu’on nomme les Eſprits animaux ; leſquels, dilatans le cerueau, le rendent propre à receuoir les impreſſions des objets exterieurs, & auſſi 15 celles de l’ame, c’eſt à dire, à eſtre l’organe, ou le ſiege, du Sens commun, de l’Imagination, &. de la Memoire. Puis ce meſme air, ou ces meſmes eſprits coulent du cerueau par les nerfs dans tous les muſcles, au moyen de quoy ils diſpoſent ces nerfs à ſeruir d’organes 20 aux ſens extérieurs ; & enſlans diuerſement les muſcles, donnent le mouuement à tous les membres.

Voila, ſommairement, toutes les choſes que i’ay icy à décrire, afin que, connoiſſant diſtinctement ce qu’il y a en chacune de nos actions qui ne dépend que du 25 corps, & ce qu’il y a qui dépend de l’ame, nous puiſſions mieux nous ſeruir, tant de luy que d’elle, &

guerir ou preuenir leurs maladies.
[SECONDE PARTIE.
Du mouuement du Cœur & du ſang.]

viii. | On ne peut douter qu’il n’y ait de la chaleur dans le cœur, car on la peut ſentir meſme de la main, quand on ouure le corps de quelque animal viuant. Et il n’eſt 5 pas beſoin d’imaginer que cette chaleur ſoit d’autre nature, qu’eſt generalement toute celle qui eſt cauſée par le mélange de quelque liqueur, ou de quelque leuain, qui fait que le corps où elle eſt ſe dilate.

ix. Mais, pource que la dilatation du ſang que cauſe 10 cette chaleur, eſt le premier & le principal reſſort de toute noſtre machine, le voudrois que ceux qui n’ont iamais étudié l’Anatomie, priſſent la peine de voir le cœur de quelque animal terreſtre, aſſez gros (car ils ſont tous à peu prés ſemblables à celuy de l’homme), 15 & qu’ayant premierement coupé la pointe de ce cœur, ils priſſent garde qu’il y a au dedans comme deux cauernes, ou concauitez, qui peuuent contenir beaucoup de ſang. Après cela, s’ils mettent les doigts dans ces concauitez, pour y chercher, vers la baze du cœur 20 les ouuertures par où elles peuuent receuoir du ſang, ou bien ſe décharger de celuy qu’elles contiennent ils en trouueront deux fort grandes en chacune : à ſçauoir, dans la cauité droite, il y a vne ouuerture qui conduira le doigt dans la vene caue, & vne autre qui 25 le conduira dans la vene arterieuſe. Puis, s’ils coupent la chair du cœur le long de cette cauité, iuſques à ces deux ouuertures, ils | trouueront trois petites peaux (nommées communement les valvules) à l’entrée de la vene caue, qui ſont tellement diſpoſées, que lors que le cœur eſt allongé, & deſenflé (comme il eſt touſiours 5 dans les animaux qui ſont morts), elles n’empeſchent aucunement que le ſang de cette vene ne deſcende dans cette cauité ; mais que, ſi le cœur vient à s’enfler, & à ſe racourcir, eſlant contraint à cela par l’abondance & la dilatation du ſang qu’il contient, ces 10 trois peaux ſe doiuent rehauſſer, & fermer tellement l’entrée de la vene caue, qu’il ne puiſſe plus deſcendre de ſang par elle dans le cœur.

On trouuera auſſi trois petites peaux, ou valvules, à l’entrée de la vene arterieuſe, qui font tout autrement 15 diſpoſées que celles de la vene caue, en forte qu’elles empeſchent que le ſang que contient cette vene arterieuſe ne puiſſe deſcendre dans le cœur ; mais que, s’il y en a dans la cauité droite du cœur, qui tende à en ſortir, elles ne l’en empeſchent aucunement. 20

En meſnme façon, ſi on met le doigt dans la cauité gauche, on y trouuera deux ouuertures vers ſa baze, qui conduiſent, l’vne dans l’artere veneuſe, & l’autre dans la grande artèere. Et en ouurant toute cette cauité, 25 on verra deux valvules à l’entrée de l’artere veneuſe, qui ſont entierement ſemblables à celles de la vene caue, & ſont diſpoſées en meſme façon ; ſans qu’il y ait autre difference, ſinon que l’artere veneuſe, eſtant preſſée d’vn coſté par la grande artere, & de l’autre 30 par la vene arterieuſe, a ſon ouuerture oblongue : ce qui fait que deux telles petites peaux ſuffiſent pour la fermer, au lieu qu’il en faut trois, pour fermer l’entrée de la vene caue.

| On verra auſſi trois autres valvules a l’entrée de la grande artere, qui ne different en rien de celles qui ſont à l’entrée de la vene arterieuſe ; en forte qu’elles 5 n’empeſchent point que le ſang, qui eſt dans la cauité gauche du cœur, ne monte dans cette grande artere, mais elles l’empeſchent de redcſcendre de cette artere dans le cœur.

Et on pourra remarquer que ces deux vaiſſeaux, à 10 ſçauoir, la vene arterieuſe & la grande artere, ſont compoſez de peaux beaucoup plus dures, & plus épaiſſes, que ne ſont la vene caue & l’artere veneuſe. Ce qui monſtre que ces deux-cy ont tout vn autre vſage que les deux autres ; & que celle qu’on nomme 15 l’artere veneuſe, eſt veritablement vne vene, comme au contraire celle qu’on nomme la vene arterieuſe, eſt vne artereErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu.. Mais ce qui eſt cauſe que les anciens ont nommé artere, celle qu’ils deuoient nommer vne

a. Descartes avait fait la même remarque déjà dans son Diſcours de la Methode (t. VI, p. 47, l. 13 et 21), et cette remarque n’était point passée inaperçue. Témoin Jean Pecquet, Diſſertatio Anatomica de Circulatione Sanguinis & Chyli Motu, cap. III, fin. : « … Quandoquidem ad geminas Pulmonum Venas ſermo devoluius eſt, ineptis (meo quidem judicio) Anatomici vocabulis utramque diſſinxeunt. Nam quidni cum ſubtiliſſimo Carteſio, Arteriam plane vocitavero, quà ſe dexter in Pulmonem Cordis Ventriculus exonerat, dum eam & t lunicif dcnlitas, iï » Valvularum figura, « S ; extipientis à Corde San^iiinem oflicium ùifundibuli, ca-teris omnino per Corpus.Artenis allimilant ; Kt cur ci, per » quam purpuram in Cor revumit Pulmo, Venofx— conlcrani Arterine » titulum, dum « S tunicat & Valvularum & officii leltimonia eandem adcruni Venam flFe ? l’tcunquc lanicn audiant, fcito niihi pcrindc l’ore, » dum noicantur; Icd evidens hac in re Verit.v. Harpocraii liiarc non >i debiiit. " (Pai ; e 62-63, pet. in-12, Hardci vici, apud.loannem Tollium. Juxta exemptai— l’an/tls imp’rcff’tin ! Anno M DC LI) vene, & qu’ils ont nommé vene, celle qui eſt vne artere, c’eſt qu’ils ont crû que toutes les venes venoient de la cauité droite du cœur, & toutes les arteres de la gauche.

5 Enfin on pourra remarquer que ces deux parties du cœur, qu’on nomme les oreilles, ne ſont autre choſe que les extremitez de la vene caue & de l’artere veneuſe, qui ſe ſont élargies & repliées en cet endroit-là, pour la raiſon que ie diray cy-aprés.

10 Lors qu’on aura ainſi veu l’anatomie du cœur, ſi x. l’on conſidere qu’il a touſiours en ſoy plus de chaleur, pendant que l’animal vit, que n’en a aucune autre partie du corps, & que le ſang eſt de telle nature, que lors qu’il eſt vn peu plus échauffé que de coutume, il 15 ſe dilate fort|promptement, on ne pourra douter que le mouuement du cœur, & en ſuitte le poulx, ou le battement des arteres, ne ſe faſſe en la façon que ie va décrire.

Au moment que le cœur eſt allongé & deſenflé, il 20 n’y a point de ſang en ſes deux concauitez, excepté ſeulement quelque petit reſte de celuy qui s’y eſt raréfié auparauant ; c’eft pourquoy il y en entre deux groſſes gouttes, vne qui tombe de la vene caue dans ſa cauité droite, & l’autre qui tombe de la vene, nommée 25 l’artere veneuſe, dans la gauche ; & le peu de ſang raréfié qui reſtoit dans ſes concauitez, ſe mêlant incontinent auec celuy qui entre de nouueau, eſt comme vne eſpece de leuain, qui fait qu’il ſe réchauffe & ſe dilate tout a coup ; au moyen dequoy le cœur 30 s’enfle, & ſe durcit, & ſe racourcit quelque peu ; & les petites peaux qui font aux entrées de la vene caue & de l’artere veneuſe ſe ſouleuent, & les ferment en telle ſorte, qu’il ne peut deſcendre dauantage de ſang de ces deux venes dans le cœur, & que le ſang qui ſe dilate dans le cœur ne peut remonter vers ces deux venes ; mais il monte facilement de la cauité droite 5 dans l’artere, nommée la vene arterieuſe, & de la gauche dans la grande artere, ſans que les petites peaux qui ſont à leurs entrées l’en empeſchent.

Et pource que ce ſang raréfié requiert beaucoup plus de place qu’il n’y en a dans les concauitez du 10 cœur, il entre auec effort dans ces deux arteres, faiſant par ce moyen qu’elles s’enflent & ſe ſouleuent au meſme temps que le cœur ; & ceſt ce mouuement, tant du cœur que des artères, qu’on nomme le poulx. 15

|Incontinent après que le ſang ainſi rarefié a pris ſon cours dans les arteres, le cœur ſe deſenſle, & deuient mol, & ſe ralonge, à cauſe qu’il ne demeure que peu de ſang dans ſes concauitez ; & les arteres ſe deſenſlent auſſi, partie à cauſe que l’air de dehors, qui 20 approche bien plus de leurs branches que du cœur, fait que le ſang qu’elles contiennent ſe refroidit, & ſe condenſe ; partie auſſi, à cauſe qu’il ſort continuellement autant de ſang à peu prés hors d’elles, qu’il y en entre. Et bien que, lors qu’il ne monte plus de ſang 25 du cœur vers les arteres, il ſemble que celuy qu’elles contiennent doiue redeſcendre vers le cœur ; toutesfois il ne peut aucunement entrer dans ſes concauitez, pource que les petites peaux qui font aux entrées de ces arteres l’en empeſchent. Mais il y en entre d’autre 30 de la vene caue & de l’artere veneuſe, qui, s’y dilatant en meſme façon que le precedent, fait mouuoir derechef le cœur & les arteres ; & ainſi leur battement dure touſiours, pendant que l’animal eſt en vie.

Pour ce qui eſt des parties qu’on nomme les oreilles xi. 5 du Cœur, elles ont vn mouuement different du ſien, mais qui le ſuit de fort prés ; car, ſi toſt que le cœur eſt deſenflé, il tombe deux groſſes gouttes de ſang dans ſes concauitez, l’vne de ſon oreille droitte, qui eſt l’extremité de la vene caue, l’autre de ſon oreille 10 gauche, qui eſt l’extremité de l’artere veneuſe : au moyen dequoy les oreilles fſe deſenflent. Et le cœur & les arteres qui s’enflent incontinent aprés, empeſchent vn peu, par leur mouuement, que le ſang, qui eſt dans les branches de la vene caue & de l’artere 15 veneuſe, ne vienne remplir | ces oreilles ; de façon qu’elles ne commencent à s’enfler, que lors que le cœur commence à ſe deſenfler ; & au lieu que le cœur s’enfle tout à coup, & aprés ſe deſenfle peu à peu, les oreilles ſe deſenflent plus promptement qu’elles ne 20 s’enflent. Au reſte, d’autant que le mouuement par lequel elles s’enflent ainſi, & ſe deſenflent, leur eſt particulier, & ne s’étend point au reſte de la vene caue & de l’artere veneuſe, dont elles font les extremitez, cela eſt cauſe qu’elles font plus larges, & autrement 25 repliées, & compoſées de peaux plus épaiſſes & plus charnües, que le reſte de ces deux venes.

Mais afin que tout cecy s’entende mieux, il faut xii. icy plus particulierement conſiderer la fabrique des quatres vaiſſeaux qui répondent au cœur. Et 30 premierement, touchant la vene caue, il faut remarquer qu’elle s’étend dans toutes les parties du corps, excepté dans le poumon, en ſorte que toutes les autres venes ne ſont que ſes branches ; car meſme la vene Porte, qui ſe répand par tout dans la rate & dans les inteſtins, ſe ioint à elle par des tuyaux ſi manifeſtes dans le foye, qu’on la peut mettre de ce nombre. 5 Ainſi l’on doit conſiderer toutes ces venes comme vn ſeul vaiſſeau, qui ſe nomme la vene caue à l’endroit où il eſt le plus large, & qui contient touſiours la plus grande partie du ſang qui eft dans le corps, lequel ſang il conduit naturellement dans le cœur ; en ſorte 10 que, s’il n’en contenoit que trois gouttes, elles quitteroient les autres parties, & iroient ſe rendre vers l’oreille droite du cœur. Dont la raiſon eſt, que la vene caue eſt plus large en cet endroit-là qu’en tous les autres, & qu’elle va de là en s’étreciſſant peu à 15 |peu iuſques aux extremitez de ſes branches ; & que la peau dont ſes branches ſont compoſées, ſe pouuant étendre plus ou moins ſelon la quantité du ſang qu’elles contiennent, ſe reſſerre touſiours quelque peu de ſoy-meſme, au moyen de quoy elle chaſſe ce ſang 20 vers le cœur ; & enfin, qu’il y a des valvules en pluſieurs endroits de ſes branches, qui ſont tellement diſpoſées, qu’elles ferment entièrement leur canal, pour empeſcher que le ſang ne coule vers leurs extremitez, & ainſi ne s’éloigne du cœur, lors qu’il arriue 25 que ſa peſanteur ou quelqu’autre cauſe le pouſſe vers là ; mais qu’elles ne l’empeſchent aucunement de couler de leurs extremitez vers le cœur. En ſuitte de quoy, l’on doit iuger que toutes leurs fibres font auſſi tellement diſpoſées, qu’elles laiſſent couler le ſang 30 plus aiſement en ce ſens-là, qu’au ſens contraire.

Touchant la vene arterieuſe & l’artere vencuſe, il xiii. faut remarquer que ce ſont auſſi deux vaiſſeaux qui ſont fort larges, à l’endroit où ils ſe ioignent au cœur ; mais qu’ils ſe diuiſent fort proche de là en diuerſes 5 branches, leſquelles derechef ſe diuiſent aprés en d’autres plus petites ; & qu’elles vont toutes en être-ciſſant, a meſure qu’elles s’éloignent du cœur ; & que chaque branche de l’vn de ces deux vaiſſeaux accompagne touſiours quelqu’vne des branches de l’autre, 10 & auſſi quelqu’vne d’vn troiſiéme vaiſſeau, dont l’entrée eſt ce qu’on nomme le goſier ou le ſifflet ; & que les branches de ces trois vaiſſeaux ne vont point ailleurs que dans le poumon, lequel n’eſt ; compoſé que d’elles ſeules, qui ſont tellement mêlées enſemble, 15 qu’on ne ſçauroit deſigner aucune partie de ſa chair, aſſez groſſe pour eſtre veüe, en la|quelle chacun de ces trois vaiſſeaux n’ait quelqu’vne de ſes branches.

Il faut auſſi remarquer, que ces trois vaiſſeaux ont entr’eux de la difference, en ce que celuy dont 20 l’entrée eſt le ſifflet, ne contient iamais autre choſe que l’air de la reſpiration, & qu’il eſt compoſé de petits cartilages, & de peaux beaucoup plus dures que celles qui compoſent les deux autres ; comme auſſi celuy qu’on nomme la vene arterieuſe, eſt compoſé de peaux 25 notablement plus dures & plus épaiſſes, que celles de l’artere veneuſe, leſquelles ſont molles & déliées, tout de meſme que celles de la vene caue. Ce qui monſtre que, bien que ces deux vaiſſeaux ne reçoiuent en eux que du ſang, il y a toutesfois de la diſſerence, 30 en ce que le ſang qui eſt dans l’artere veneuſe ; n’y eſt pas tant agité, ny pouſſé auec tant de force, que celuy qui eſt dans la vene arterieuſe. Car, comme on voit que les mains des artiſans deuiennent dures, à force de manier leurs outils, ainſi la cauſe de la dureté des peaux & des cartilages qui compoſent le goſier, eſt la force & l’agitation de l’air qui paſſe par dedans, 5 lors qu’on reſpire. Et ſi le ſang n’eſtoit point plus agité, quand il entre dans la vene arterieuſe, que quand il entre dans l’artere veneuſe, celle-là n’auroit point ſes peaux plus épaiſſes ny plus dures, que celle-cy. 10

xiv. Mais i’ay deſia expliqué comment le ſang entre auec effort dans la vene arterieuſe, à meſure qu’il eſt échauffé & rarefié dans la cauité droite du cœur. Il reſte ſeulement icy à dire que, lors que ce ſang eſt diſperſé dans toutes les petites branches de cette 15 vene arterieuſe, il y eſt refroidy & condenſé par l’air de la reſpiration ; à | cauſe que les petites branches du vaiſſeau qui contient cet air, ſont mêlées parmy elles en tous les endroits du poulmon ; & le nouueau ſang qui vient de la cauité droite du cœur dans cette 20 meſme vene arterieuſe, y entrant auec quelque force, chaſſe celuy qui commence à ſe condenſer, & le fait paſſer des extremitez de ſes branches dans les branches de l’artere veneuſe, d’où il coule tres facilement vers la cauité gauche du cœur. 25

Et le principal vſage du poulmon conſiſte en cela ſeul que, par le moyen de l’air de la reſpiration, il épaiſſit & tempère le ſang qui vient de la cauité droite du cœur, auant qu’il entre dans la gauche ; ſans quoy il ſeroit trop rare & trop ſubtil, pour ſeruir d’aliment 30 au feu qu’il y entretient. Son autre vſage eſt de contenir l’air qui ſert à produire la voix. Auſſi voyons-nous que les poiſſons, & quelques autres animaux qui n’ont qu’vne ſeule cauité dans le cœur, ſont tous ſans poulmon, & en ſuitte de cela qu’ils font muets, en 5 ſorte qu’il n’y en a aucun qui puiſſe crier. Mais ils ſont auſſi tous d’vn temperament beaucoup plus froid, que les animaux qui ont deux concauitez dans le cœur : pource que le ſang de ceux-cy, ayant deſia eſté vne fois eſchaufé & raréfié dans la cauité droite, 10 retombe peu aprés dans la gauche, où il excite vn feu plus vif & plus ardent, que s’il y venoit immediatement de la vene caue. Et encore que ce ſang ſe refroidiſſe & ſe condenſe dans le poulmon, toutesfois à cauſe qu’il y demeure peu de temps, & qu’il ne s’y 15 mêle auec aucune matiere plus groſſiere, il retient plus de facilité à ſe dilater & ſe rechaufer, qu’il n’en auoit auant que d’eſtre entré dans le cœur. Comme on voit, par ex|perience, que les huiles qu’on fait paſſer pluſieurs fois par l’alembic, ſont plus aiſées à 20 diſtiler la ſeconde fois, que la premiere.

Et la figure du cœur ſert à prouuer que le ſang s’échauffe dauantage, & ſe dilate auec plus de force, dans ſa cauité gauche que dans ſa droite ; car on voit qu’elle eſt beaucoup plus grande & plus ronde, & que 25 la chair qui l’enuironne eſt plus épaiſſe, & que toutesfois il ne paſſe, par cette cauité, que le meſme ſang qui paſſe par l’autre, &ſ qui s’eſt diminué par la nourriture qu’il a fournie au poulmon.

Les ouuertures des vaiſſeaux du cœur ſeruent auſſi xv. 30 à prouuer, que la reſpiration eſt neceſſaire pour condenſer le ſang qui eſt dans le poulmon ; car on voit que Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/272 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/273 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/274 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/275 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/276 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/277 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/278 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/279 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/280 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/281 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/282 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/283 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/284 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/285 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/286 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/287 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/288 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/289 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/290 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/291 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/292 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/293 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/294 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/295 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/296 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/297 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/298 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/299 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/300 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/301 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/302 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/303 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/304 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/305 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/306 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/307 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/308 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/309 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/310 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/311 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/312 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/313 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/314 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/315 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/316 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/317 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/318 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/319 qui a rendu cette peau aſſez dure, c’eſt que d’vn coſté pluſieurs des parties du ſang qui ſe dilatoit dans le cœur, ont penetré tout au trauers de ſa chair, & ſe ſont aſſemblées entre luy & le pericarde, ſans pouuoir paſſer plus outre, à cauſe que de l’autre coſté il eſt 5 ſorty auſſi pluſieurs vapeurs du ſang contenu dans les poulmons, à meſure qu’ils ont commencé à croiſtre, leſquelles ſe ſont aſſemblées entre le meſme pericarde & les coſtes ; & ainſi ces vapeurs le preſſant de part & d’autre, ont rendu ſes fibres aſſez dures, & ſont cauſe 10 qu’il y a touſiours quelque eſpace, entre luy & le cœur, qui n’eſt remply que de ces vapeurs ; vne partie deſquelles y eſt condenſée en forme d’eau, & l’autre y demeure en forme d’air.

Icy finit le Manuſcrit de Monſieur Deſcartes.
15



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AVERTISSEMENT

Les Passions de l’Ame. Par René Des Cartes. (A Paris, Chez Henry Le Gras, au troiſiéme Pilier de la grand’Salle du Palais, à L couronnée. MDCXLIX. Avec Privilege du Roy.) Tel est le titre du petit in-8, de 286 pages, plus 44 pages liminaires, non numérotées, qui est le dernier ouvrage de Descartes, imprimé de son vivant. Malgré ce nom d’un libraire de Paris, il venait de Hollande, comme en témoigne cette indication de bon nombre d’exemplaires : A Amſterdam, chez Louys Elzevier, etc. Marque : la Minerve. Seulement, par suite d’un accord entre les deux libraires, des exemplaires furent envoyés en France, et portent l’indication que nous avons mentionnée d’abord.

Descartes était déjà en Suède, lorsque parut cet ouvrage. Il en reçut quelques exemplaires avant sa mort ; et Chanut, exécuteur de ses dernières volontés, en remit un au chancelier Oxenstiern, (lettre du 22 février 1650)[10]. D’autre part, la distribution en France se fit par les soins de l’abbé Picot, à qui Descartes envoya ses instructions à deux reprises, de Stockholm, le 4 décembre 1649 et le 15 janvier 1650[11]. Le livre avait été déjà distribué en Hollande, et Brasset en reçut deux exemplaires à La Haye, le 26 novembre 1649, un pour lui, l’autre pour sa fille[12].

Descartes avait-il eu le temps de revoir lui-même les épreuves, avant son départ pour la Suède ? Il s’embarqua le 1er ou le 2 septembre[13], et jusque vers le milieu de novembre, deux mois et demi environ auraient suffi pour l’impression ; mais les voyages entre Amsterdam et Stockholm demandaient du temps, et il est à peu près certain que les épreuves ne furent pas envoyées par l’imprimeur à l’auteur. Sans doute, d’ailleurs, celui-ci les avait vues déjà avant de partir. Il avait annoncé son Traité des Passions pour cet été de 1649, dans une lettre du 15 avril, à Morus qui attendait en Angleterre (voir sa réponse du 23 juillet)[14]. Il l’avait annoncé de même à un correspondant de France, Carcavi, qui l’attendait à Paris, dès le 9 juillet[15]. Et si l’on s’en rapporte à la dernière des quatre lettres imprimées en guise de Préface au commencement du Traité, celui-ci aurait été envoyé à Paris le 14 août. Sous quelle forme Descartes l’envoyait-il ainsi ? En manuscrit, ou bien déjà imprimé ? Cette seconde hypothèse paraît la vraie, puisque l’ouvrage sort des presses elzéviriennes. Et s’il se passa ensuite plus de trois mois, entre cet envoi du 4 août, et les instructions données à Picot le 4 décembre pour la distribution des exemplaires, c’est sans doute le temps qu’il fallut pour mettre d’accord les deux libraires de Paris et d’Amsterdam, Henry Le Gras et Louys Elzevier. Descartes non plus ne voulut pas sans doute qu’on distribuât son livre en France, avant d’être bien sûr qu’on le distribuait aussi en Hollande ; et nous avons dit que les exemplaires distribués à La Haye, le furent le 26 novembre.

Mais qui donc était cet ami de Paris, à qui Descartes envoya son Traité, et qui d’ailleurs l’en avait instamment prié plus de dix mois auparavant ? Son nom ne se trouve dans aucune des quatre lettres qui servent de Préface, 6 nov. et 4 déc. 1648, 23 juillet et 14 août 1649. Baillet nomme bien, il est vrai, Clerselier, mais sans dire où il a pris ce renseignement, que Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/329 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/330 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/331 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/332 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/333 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/334 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/335 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/336 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/337 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/338 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/339 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/340 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/341 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/342 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/343 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/344 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/345 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/346 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/347 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/348 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/349 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/350 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/351 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/352 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/353 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/354 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/355 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/356 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/357 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/358 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/359 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/360 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/361 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/362 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/363 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/364 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/365 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/366 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/367 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/368 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/369 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/370 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/371 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/372 yeux, comme pour nous fraper, quoy que nous fçachions qu’il est nostre ami, qu'il ne fait cela que par jeu, & qu'il se gardera bien de nous faire aucun mal, nous avons toutefois de la peine à nous empescher de les fermer : ce qui monstre que ce n’est point par l’en- tremise de nostre ame qu’ils se ferment, puisque c’est contre nostre volonte, laquelle est sa seule ou du moins sa principale action ; mais que c’est à cause que la machine de nostre corps est tellement composée, que le mouvement de cette main vers nos yeux, excite un autre mouvement en nostre cerveau, qui conduit les esprits animaux dans | les muscles qui font abaisser les paupières.

ARTICLE XIV.

Que la diversité qui est entre les esprits peut aussi diversifier leur cours.

L'autre cause qui sert a conduire diversement les esprits animaux dans les muscles, est l'inégale agita- tion de ces esprits, la diversité de leurs parties. Car lors que quelques unes de leur parties font plus grosses & plus agitées que les autres, elles passent plus avant en ligne droite dans les cavitez & dans les pores du cerveau, & par ce moyen sont conduites en d'autres muscles qu'elles ne le feroient, si elles avoient moins

de force. Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/374 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/375 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/376 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/377 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/378 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/379 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/380 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/381 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/382 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/383 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/384 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/385 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/386 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/387 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/388 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/389 Page:Descartes - Œuvres, éd. 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[PROJET D’UNE ECOLE DES ARTS ET METIERS.]
1648.

« Monſieur d’Alibert, Tréſorier général de France, avoit été luy-même un-des amis particuliers de M. Deſcartes ; & le croyant le plus propre des hommes à rendre utile au Public une partie des grandes richeſſes que la Providence luy avoit confiées, il avoit oſé le tenter plus d’une fois de la même manière dont Alexandre tenta autrefois un Philoſophe. M. Deſcartes s’en étoit toujours défendu avec autant de force, quoy qu’avec moins de faſte que Diogéne. Mais pour accorder quelque choſe aux généreux deſſeins que M. d’Alibert avoit, de faire quelques ſacrifices de ſes biens propres pour l’utilité publique du genre humain, il luy avoit perſuadé de faire de loüables établiſſemens dans Paris pour perfectionner les Arts. Ses conſeils alloient à faire bâtir, dans le collége Royal & dans d’autres lieux qu’on auroit conſacrez au Public, diverſes grandes ſalles pour les artiſans ; à deſtiner chaque ſalle pour chaque corps de métier ; à joindre à chaque ſalle un cabinet, rempli de tous les inſtrumens méchaniques néceſſaires ou utiles aux Arts qu’on y devoit enſeigner ; à faire des fonds ſuffiſans, non ſeulement pour fournir aux dépenſes que demanderoient les expériences, mais encore pour entretenir des Maîtres ou Profeſſeurs, dont le nombre auroit été égal à celuy des Arts qu’on y auroit enſeignez. Ces Profeſſeurs dévoient être habiles en Mathématiques & en Phyſique, afin de pouvoir répondre à toutes les queſtions des Artiſans, leur rendre raiſon de toutes choſes. & leur donner du jour pour faire de nouvelles découvertes dans les Arts. Ils ne dévoient faire leurs leçons publiques que les Fêtes & les Dimanches après vêpres, pour donner lieu à tous les gens de metier de s’y trouyer ſans faire tort aux heures de leur travail : & Monſieur Descartes qui avoit propoſé cét expédient, ſuppoſant l’agrément de la Cour & de M. l’Archevêque, l’avoit regardé comme un moyen très-propre à les retirer de la débauche, qui leur eſt ſi ordinaire aux jours de fêtes. La réſolution de ces grands deſſeins avoit été priſe par M. d’Alibert au dernier voyage de M. Deſcartes à Paris ; & l’exécuiion en avoit été remiſe à ſon retour de Suéde, d’où il avoit fait eſperer qu’il reviendroit s’établir à Paris, dés que la ville ſeroit pacifiée. Mais ſa mort ayant renverſé tous ces beaux projets. M. d’Alibert s’étoit preſque toùjours trouvé diſtrait par les affaires, qui l’occupèrent juſqu’à ce que les regrets des autres amis de M. Deſcartes réveillérent en luy le ſouvenir de ſes généreux deſſeins, &. luy firent naitre la penſée de faire quelque choſe d’éclatant pour la mémoire de cet illuſtre Défunt[16]. » (A. Baillet, La Vie de Monſieur Des-Cartes, 1691, t. II, p. 433-434.)



Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/697 juſque denouement : ſçavoir, Parthenie ayant appris qu’elle eſt

princeſſe, en parle à ſoy même, & delibere ſi elle doit aimer encore Alixan, & conclut en ſa faveur. Alixan eſt caché & entend cela ; & va declarer ſur le champ, qu’il l’a entendu. Elie eſtoit princeſſe de l’iſle heureuſe d’Iſland, qui luy eſtoit oſtée par le Tyran de Stockholm ; la ſcene eſt en Iſlande. » (Bibliothèque Royale de Hanovre. MS. de Leibniz. Tschirnhaus. N° 159.)



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IV. Celuy qui parlera le prémier de chaque cercle, ſera le même qui aura auparavant propoſé la queſtion qui doit être examinée ; & il expliquera toutes les raiſons qu’il jugera pouvoir ſervir à prouver la vérité de ce qu’il aura entrepris de ſoûtenir. 5

V. Les autres tâcheront enſuite, chacun à leur rang, de réſoudre la même difficulté, y ajoûtant toutes les raiſons qu’ils auront pour prouver ce qu’ils auront avancé ; mais Ils prendront garde qu’aucun d’eux ne commence à parler qu’après que celuy qui le précéde 10 aura entiérement achevé.

VI. L’on s’écoutera parler les uns les autres avec douceur & reſpect, ſans faire paroître jamais de mépris pour ce qui ſera dit dans l’Aſſemblée.

VII. L’on ne s’étudiera point à ſe contredire, mais 15 ſeulement à rechercher la Vérité.

VIII. Toutefois, à cauſe que la converſatîon ſeroit trop froide, ſi chacun ne diſoit autre choſe que ce qu’il auroit auparavant prémédité : aprés qu’ils auront achevé tous de parler, il ſera permis à celuy qui aura 20 le premier donné ſon avis, de dire ce qu’il jugera être à propos pour le défendre contre les raiſons de ceux qui en auront propoſé un autre ; & il ſera permis auſſi à ceux-cy de luy répondre, chacun à leur rang, pourvû que cela ſe faſſe avec beaucoup de civilité & de 25 retenuë, ſans paſſer au delà de trois ou quatre répliques. Il ſera permis de la même maniére au ſecond & à tous les ſuivans, chacun en leur rang, de défendre modeſtement leur opinion contre ceux qui auront parlé aprés eux, juſqu’à ce que le têms de la conférence ſoit expiré. 30

IX. Lors qu’il plaira à ſa Majeſté de finir le cercle, elle fera la faveur aux Aſſiſtans de réſoudre entièrement la queſtion, en loüant les raiſons de ceux qui auront le plus approché de la Vérité, & y changeant ou ajoûtant ce qui ſera néceſſaire pour la faire voir à 5 découvert.

X. Enfin celuy qui ce jour-là aura parlé le ſecond, propoſera une nouvelle queſtion pour être examinée au cercle ſuivant ; & il en expliquera brievement le ſens, afin qu’il n’y ait point d’ambiguité n’y d’équivoque, 10 & qu’elle ſoit clairement entenduë de tout le monde.

« M. Dcfcartfs fit entendre à la Reine, en lu’préfentant ce

» mémoire, qu’il feroit bon de ne pas charger les membres de » l’Académie d’aflujèttili’ements qui fudent trop onéreux ; mais » d’y faire régner une liberté qui fût honnête, & capable d’exciter » ou d’entretenir l’ardeur des cfprits. Il avoit drelfé le projet des » réglcmens de la manière qu’il avoit jugée la plus fimple, afin que » l’on’put faire des changemens & des additions, félon que l’ufage » & l’expérience y feroient remarquer quelque défaut ; ou pour ne » point empêcher ceux qui voudroient piopofer quelque autre » fyltéme de conférence, d’où l’on pût retirer plus de fruit. La » Reine ne lut furprife que du fécond & du troifiéme article, qui » donnoient l’exclufion aux Etrangers : & elle fe douta que c’étoit » un trait de la modeftie de M. Defcartes, qui fe fermoit à luymême la porte de cette Académie, dont elle avoit eu delfein de » l’établir le Direfteur. L’intention de M. Defcartes n’étoit pas de » nuire aux autres Etrangers, aufquels il n’ôtoit pas la liberté d’y » afiifter comme auditeurs. Mais il croyoit que c’étoit le raoyen de » prévenir les défordrcs que le mélange des Etrangers avoit caufés » dans les Académies des autres pais, & de ne donner aucun » ombrage aux Naturels du paVs, aufquels feuls il laiffoit la voi.< » deconfultation & le droit de ſuffrageErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu. » (A. Baillet, La Vie de Monfieur Des-Cartes, i6()i. t. IL p. 41 i-4i3.)

a. Sur ceue Académie, qui fut réellement constituée après la mort de Descaries, voir notre t. V, p. 476-477.

CEi’VREs. VI. 84 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/703 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/705
II.
Descartes et Digby.

Des Marzeaux, dans sa Vie de Saint-Erremond, (sous forme de Lettre à Mr. Bayle, datée de Londres, 15 nov. 1706), donne les curieux renseignements qui suivent :

« Mr. de St. Evremond rechercha auſſi le commerce des gens de Lettres les plus diſtingués en Angleterre. Il s’entretenoit ſouvent avec le Chevalier Digby, & avec le fameux Hobbes… Un jour que M. Digby & lui parloient de Philoſophie, ce Chevalier lui dit qu’ayant lû les Ecrits de Mr. Des Cartes, il reſolut de paſſer

en Hollande pour le voir. Il l’alla trouver dans ſa ſolitude d’Egmond[17], & après avoir raiſonné longtems avec lui ſans ſe faire connoître, Mr. Des Cartes, qui avoit vû quelques-uns de ſes Ouvrages, lui dit qu’il ne doutait point qu’il ne fût le célébre Mr. Digby[18]. Et vous, Monſieur. repliqua Digby, ſi vous n’étiez pas l’illuſtre Mr. Des Cartes, vous ne me verriez pas venir exprès d’Angleterre, pour avoir le plaiſir de vous voir. Mr. Digby dit enſuite à ce Philoſophe : que nos connoiſſances ſpeculatives étoient à la verité belles & agréables, mais qu’après tout elles étaient trop incertaines & trop inutiles, pour faire l’occupation de l’homme ; que la vie était ſi courte, qu’a peine avoit-on le tems de bien connoître les choſes neceſſaires ; & qu’il ſeroit beaucoup plus digne de lui, qui connoiſſoit ſi bien la conſtruction du corps humain, de s’apliquer à rechercher les moyens d’en prolonger la durée, que de s’attacher aux ſimples ſpeculations de la Philoſophie. » Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/707 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/708 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/709 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/710 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/711 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/712 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/713 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/714 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/715 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/716 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/717 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/718 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/719 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/720 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/721 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/722 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/723 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/724 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/725 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/726 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/727 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/728 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/729 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/730 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/731 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/732 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/733 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/734 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/735 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/736 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/737 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/738 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/739 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/740 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/741 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/742 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/743 Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/744
TABLE DES MATIÈRES
————


LE MONDE
Avertissement 
 1
I. Traité de la Lumière 
 1
II. L’Homme 
 119
Appendice
1. Table de Clerselier 
 203
2. Traduction latine de Schuyl 
 209
3. Automates 
 212


LA DESCRIPTION DU CORPS HUMAIN
Avertissement 
 219
Texte 
 223
Table de Clerselier 
 287


LES PASSIONS DE L'AME
Avertissement 
 293
Préface (quatre lettres) 
 301
Première partie 
 327
Seconde partie 
 371
Troisième partie 
 443
Appendice
1. Præfatiuncula 
 489
2. Table des matières 
 491


GENERATIO ANIMALIUM
Avertissement 
 501
Texte 
 505
De Saporibus 
 539


ANATOMICA
Avertissement 
 545
Texte 
 550


VARIA
Problemata 
 621
De Magnete 
 635
Remedia, et Vires Medicamentorum 
 641
De Refractione 
 645
Cartesius 
 647
Annotationes in « Principia » 
 654


PROJETS DIVERS
École des Arts et Métiers 
 659
Comédie 
 661
Une Académie à Stockholm 
 663


ADDITIONS
Automates 
 668
Descartes et Digby 
 670
Descartes et Regius 
 672
Descartes et Roberval 
 687
MSS. de Hanovre 
 690
« De Refractione » 
 694
Parallaxe 
 696
« Le Monde » 
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TABLE DES NOMS PROPRES 
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  1. je : ie.
  2. l’entremise : le moyen.
  3. s’appelle : est appelé.
  4. après soit : oray ajouté.
  5. Remarque de Louis de la Forge (1664) : « Dans les rameaux d’vne grande vene qui les porte vers le foye, p. 3, l. 21. Il ſemble, par ce paſſage, que Monſieur Deſcartes ait voulu que le chyle fuſt porté au foye par les anciennes venes Meſeraïques ; car les venes blanches d’Aſellius ne s’aſſemblent pas dans le tronc d’aucune grande vene, mais ſe vont rendre dans le receptacle du chyle de Monſieur Pecquet, lequel ne va pas au foye. C’eſt pourquoy ce ſeul paſſage eſt ſuffiſant pour faire voir qu’il y a long-temps que ce Traitté eſt fait : car il est indubitable que, s’il euſt écrit icy ſuiuant les dernieres connoiſſances qu’il a eues, il auroit fuiuy les experiences d’Aſellius & de Monſieur Pecquet, qui ne luy ont pas eſté inconnües (puis qu’il en parle dans le ſecond Traitté, & quelque part dans ſes Lettres), & qui ne permettent plus de douter que le chyle ne ſoit porté tout entier au cœur, ou du moins la plus grande partie… » (Page 180-1.)

    Descartes cite, en effet, Asellius dans son Traité de la Formation du Fœtus (édit. Clerselier, p. 152), que Louis de la Forge appelle ici « le ſecond Traitté ». Mais il ne cite point Pecquet, et s’il connut la découverte de celui-ci sur le chyle, ce ne fut que par des conversations ou par des lettres, l’opuscule de Pecquet n’ayant été imprimé qu’après la mort du philosophe : Johannis Pecquet Dieppæl Expetimenta Nova Anatomica, Quitus Incognitum hadenus Chyli Receptaculum, & ab eo per Thoracem in ramos uſque Subclavios Vaſa Ladea deteguntur. Ejuſdem Diſſertatio Anatomica, De Circulatione Sanguinis, & Chyli Motu. (Hardervici, apud Joannem Tollium. Juxta exemplar Pariſiis impreſſum Anno MDCLI.) Pet. in-12, pp. 204.

  6. Remarque de Louis de la Forge, au sujet de ces figures 2 et 3 : « Ie paſſe à l’explication des figures des nerfs que Monſieur de Gutſchoven & moy auons tracées. La mienne (Voyez ma fig., p. 15.) repreſente le cerueau tel qu’il paroiſtroit, ſi on le couppoit depuis les apophyſes mammilaires, iuſques dans la propre ſubſtance du cerueau, & ſuppoſant meſme que l’on auroit caſſé les vertebres du col pour faire voir la moëlle de l’eſpine couuerte de la dure mere ; & le nerſ A qui en ſort, en eſt auſſi couuert en partie. Par les peaux K & L, l’Autheur entend la dure & la pie mere, prétendant que c’eſt de cette derniere que ſont couuerts les petits tuyaux des nerfs, comme il y a bien de l’apparence, veu que l’Anatomie découure que cette membrane accompagne la ſubſtance du cerueau dans les plis qu’elle fait dans ſa ſuperficie. La lettre N deſigne cette cauité qui eſt au milieu du cerueau, laquelle les Anatomiſtes diſtinguent en quatre ventricules, ſans beaucoup de fondement, veu qu’ils conviennent tous qu’ils n’ont que le meſme vſage, & qu’ils ont eſté formés de la meſme façon. La premiere partie de la figure de Monſieur de Gutſchoven, page 16, eſt plus exacte que la mienne, en ce que, premierement, il a pris pour le nerſ A celuy qui va au muſcle des yeux, afin de ne ſe ſeruir que de la meſme figure pour montrer quelle eſt la conformation des nerfs & des muſcles. Secondement, parce que, n’ayant pris qu’vne portion du cerueau, & ayant coupé le nerf A ſelon ſa longueur, il fait mieux voir que moy, comment la pie mere forme ces canaux en ſe redoublant, & comment la moëlle dont ils ſont compoſez vient immediatement des ventricules du cerueau, & ſe termine dans les muſcles : ce que i’ay laiſſé à conceuoir à l’imagination du Lecteur. Quant au reſte, nos deux figures ſont toutes ſemblables, & ne diſent que la meſme choſe. » (Page 224-225.)
  7. Ces deux figures sont l’une et l’autre de Descartes : la première, qui est celle de l’édition de 1664, est annoncée connue telle par Clerselier dans sa Préface ; la seconde, qui se trouve dans l’édition latine de 1662, est accompagnée de cette mention de Schuyl : « Figura Muſculi ſecundum autographum Des Cartes delineata. » (Page 25.) — Voir, à ce sujet, t. IV de cette édition, p. 566 et 626.
  8. Remarque de Louis de la Forge (1664) : « Maintenant pour entendre en particulier comment cette machine reſpire, p. 23, l. 16. Ie ne me ſuis pas ſeruy de la precedente figure pour expliquer la maniere dont ſe fait la reſpiration, encore que ie l’euſſe pû faire, auſſi bien que Monſieur de Gutſchoven, parce que i’ay veu qu’il eſtoit bon de faire voir que ce n’eſt
  9. Voir, pour tout ce début. t. X, p. 13. l. 1 à p. 14. l. 10.
  10. Voir t. V, p. 472.
  11. Ibid., p. 453-4 et p. 469.
  12. Ibid., p. 449-451.
  13. Voir t. V, p. 411.
  14. Ibid., p. 344, l. 19-20, et p. 379. l. 28-30, p. 381, l. 2-3.
  15. Ibid., p. 371, l. 12.
  16. Cet autre projet, qui consistait à ramener de Stockholm à Paris les restes du philosophe, fut réalisé eu 1666-1667. Voir notre vol. XII : Vie de Descartes.
  17. Descartes n’habita Egmond (du Hoeſ) qu’à partir de mai 1643. Or Digby parait s’être intéressé à sa philosophie dès 1638 (voir t. II, p. 192, 271, 336 et 398).
  18. « Mr. Digby, zélé Catholique Romain, a écrit quelques Ouvrages de Controverſe et de Philoſophie. Son Diſcours ſur la Poudre ſympathique a fait beaucoup de bruit. Mr. Baillet s’eſt trompé, dans la Vie de Mr. Des Cartes, lorsqu’il a dit (t. II, p. 244) que Mr. Digby étoit Comte & Chevalier de la Jarretiere. Il l’a confondu avec le Lord Digby, Comte de Briſtol, mort en 1677. Il a auſſi ignoré que le Chevalier Digby alla en Hollande pour voir Mr. Des Cartes. » — Voir t. III, p. 89-90, de cette édition.