Œuvres de P. Corneille (Marty-Laveaux)/Tome 9/Notice Louanges

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Œuvres de P. Corneille (Marty-Laveaux)/Tome 9
Œuvres de P. Corneille, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachetteTome neuvième (p. 3-5).

NOTICE.

Les Louanges de la sainte Vierge, dont nous avons reproduit le titre exact sur le feuillet précédent, portent au bas du frontispice : À Rouen et se vendent à Paris, chez Gabriel Quinet, au Palais, dans la galerie des prisonniers, à l’Ange Gabriel. M.DC.LXV. Avec privilège du Roy.

Le privilège, « donné à Paris le 19.jour de Iuillet 1665, » est accordé « au Sieur P. Corneille. » Il est suivi de cette mention :

« Acheué d’imprimer pour la première fois le 22. d’Aoust 1665, à Rouen, par L. Maurry, aux dépens de l’Autheur, lequel a traité de la présente impression du Privilège à l’avenir avec Gabriel Quinet, Marchand Libraire à Paris, pour en jouir selon l’accord fait entr’eux. »

Le volume, de format in-12, se compose de quatre feuillets et de quatre-vingt-trois pages.

En regard du titre se trouve une planche gravée, qui représente la Vierge tenant sur ses genoux l’enfant Jésus. On lit sur une banderole, au bas de cette planche, ce passage du Cantique des Cantiques (chapitre 1 v, verset 7) : Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te ; et au-dessous la signature du graveur, Ludovic. Cossinus. (Louis Cossin.)

Bien que Corneille n’hésite pas à désigner, sur le titre du volume, saint Bonaventure comme l’auteur des « rimes latines », dans son avis Au lecteur il insinue, avec sa réserve habituelle, que cet ouvrage n’est peut-être pas de celui à qui l’on a coutume de l’attribuer. L’abbé Granet, qui a reproduit la seule édition qui existât de la traduction de Corneille, aux pages 237-295 des Œuvres diverses de notre poëte, qu’il a publiées en 1738, dit à ce sujet dans la préface de ce recueil : « Je ne crois pas que cet ouvrage, attribué à saint Bonaventure, soit de ce saint docteur. Il se seroit exprimé d’une manière plus exacte, et moins barbare. Divers traits tirés de l’Office du Saint Sacrement donnent lieu de croire qu’il n’en est pas l’auteur[1]. »

Le texte de cette édition des Louanges de la sainte Vierge, publiée dans le recueil de l’abbé Granet, est rempli de fautes involontaires. Le titre même n’est pas correct : par une méprise des plus singulières, il est ainsi conçu : Louanges de la sainte Vierge composées en rimes par Saint Bonaventure ; et mises en vers latins par Pierre Corneille. En outre, on lit vieux, pour vieil, dans l’avis Au lecteur et au vers 65 ; le rouge, pour ce rouge, au vers 165 ; la, pour sa, au vers 401 ; sont, pour font, au vers 517 ; le temps, pour les temps, au vers 554 ; à la main, pour en la main, au vers 557 ; repose pour reposa, au vers 660 ; beauté, pour beautés, au vers 741 ; de grâce, pour des grâces, au vers 772 ; et le nuage, pour aucun nuage, au vers 777.


Corneille, comme nous l’avons dit, n’a fait paraître qu’une seule édition des Louanges de la Vierge ; nous n’aurons donc pas de variantes à donner. L’édition de Nancy de 1746, dont nous avons parlé au tome VIII, p. xxii, contient, à la suite de l’Imitation, les Louanges de la Vierge, l’Office de la Vierge et tout ce qui l’accompagne dans le volume de 1670 (voyez ci-après, p. 57), à l’exception des Instructions et Prières chrétiennes. Ce texte de Nancy présente çà et là des corrections dans le genre de celles que nous avons relevées pour le chapitre Ier et dans la strophe 27 :


Verum panem angelorum…
Hic est panis viatorum,
Qui non est dandus canibus.

Ce sont des traits, comme dit Granet, tirés de deux hymnes (Verbum superum prodiens, et Lauda Sion Salvatorem) qui font partie de l’Office du Saint Sacrement. On sait que l’auteur de cet office est saint Thomas d’Aquin, l’illustre contemporain de saint Bonaventure. du livre I de l’Imitation (voyez tome VIII, p. xxii). — Voici celles de la strophe ii des Louanges à la Vierge, qui est un des endroits les plus retouchés (voyez ci-après, p. 8) :

Vers 12 et 13. Te mérita l’honneur de porter Jésus-Christ,
Sitôt que Gabriel t’en fît l’heureuse annonce.
Vers 15. Vierge avant d’accoucher, et vierge après ta couche.
Vers 17 et 18. Qu’aucun refuge au tien ne se peut égaler ;
Et comme notre vie, en disgrâce fertile.

  1. On lit dans la strophe 1 des Louanges de la Vierge :
    Da robur, fer auxilium ;