Abeille - Coriolan, 1676.djvu/Acte III

La bibliothèque libre.
Claude Barbin (p. 32-44).

ACTE III




Scène PREMIERE



CORIOLAN, VIRGILIE, ALBIN.
CORIOLAN.


NE me repliquez point, je ſçais où je m’engage.
Allez avec ma garde occuper le paſſage.
Laiſſez-moy : je veux eſtre un moment ſans témoins.
Qu’aucun n’approche. Allez, Albin, je vous rejoins.
Madame, ſi jamais nos fortunes égales…


VIRGILIE.

Ah ! Seigneur, m’arracher du milieu des Veſtales ?
Venir ſur ces chemins à mon paſſage ouverts,
Vous-meſme de vos mains me recharger de fers ?
Me ramener encor ſous ces fatales tentes,
Où j’ay tant répandu de larmes impuiſſantes…


CORIOLAN.

Dites plus : ou propice à des peuples ingrats,
Vous avez ſans pitié conjuré mon trépas.
Entre Camille & vous ma perte eſt reſoluë :
Vous fuïez ; & pour fuir vous évitez ma veuë.
Quãd les cruels Romains m’arrachoiẽt de vos bras,
Ah ! Virgilie, alors vous ne l’évitiez pas !

Vous vouliez malgré moy vous unir à ma peine :
Et du haut de ces murs d’où me chaſſoit leur haine,
Contrainte d’y languir ſous leur injuſte loy,
Vos regards enflamez s’élançoient apres moy.
Aujourd’hui je vous cherche au milieu de cent autres :
Je vous trouve : & mes yeux ne trouvent point les voſtres.
Vous fuyez leur rencontre. Eſtrange changement :
Craignez-vous que mal-gré voſtre reſſentiment,
Je n’y ſurprenne encore un reſte de tendreſſe ?
Car enfin je connois le remords qui vous preſſe :
Et pour m’abandonner ſans regret, ſans effroy,
Vous vous ſouvenez trop que vous eſtes à moy.


VIRGILIE.

Moy que je ſois à vous ? qu’aucun ſerment me lie…


CORIOLAN.

À qui donc eſtes-vous, cruelle Virgilie ?


VIRGILIE.

Je ſuis à ce Heros des Romains protecteur,
Qui parmy les encens d’un peuple adorateur,
Revenoit triomphant des murs de Coriole
Enchaiſner la victoire au pié du Capitole.
Je ſuis à ce Heros donc les premiers exploits
Aux Volſques indomptez impoſerent des loix ;
Et qui de leurs lauriers environnant ſa teſte,
Couronna ſon vray nom du nom de ſa conqueſte.
Eſt-ce vous ? Non, Seigneur, Coriolan n’eſt plus :
Et je ne vois en vous que l’ingrat Martius.
Gardez ce nom. Le Volſque en ſera plus docile :
Vous l’avez dû reprendre en faveur de Camille.
Coriolan pour eux eſt un nom trop fatal ;
Et leur vainqueur enfin n’eſt point leur General.

Cependant par la gloire à l’hymen entraiſnée,
C’eſt à Coriolan que je me ſuis donnée ;
Et je me donne encore à quiconque apres luy
Meritera ce nom, qu’il dément aujourd’huy.


CORIOLAN.

Eh Madame, que ſert d’affecter ce myſtere ?
Sans meriter ce nom, Aufide a ſçeu vous plaire.
Volſque, amant de deux jours, ennemy des Romains,
Ces titres n’ont pas meſme attiré vos dedains.
Vous me le preferez.


VIRGILIE.

Je le devrois peut-eſtre :
Mais ma pitié pour vous veut bien encor paraiſtre.
Mon Hymen en ces lieux bravant voſtre rigueur,
Vous couſteroit au moins quelque feinte douleur.
Je ne veux point tenir vos vœux dans la contrainte ;
Ny vous voir mal-heureux non pas meſme par feinte.
Je ne pourrois cacher mes déplaiſirs ſecrets ;
Et vous entendriez mes ſoûpirs de trop prés.
En l’eſtat où je ſuis ſi quelqu’un doit me plaire,
C’eſt parmy nos Romains accablez de miſere.
Leur tort plus que le voſtre eſt à mon ſort égal :
Et c’eſt là que je vais vous chercher un rival.
Portez où vous voudrez le vol que vous me faites :
Ignorez qui je ſuis : oubliez qui vous eſtes,
Vos devoirs, voſtre ſang, voſtre nom, vos exploits :
Et me bravez enfin pour la derniere fois.


CORIOLAN.

Oüy, de ces vains exploits j’ay perdu la memoire.
J’ay démenty mon ſang, j’ay négligé ma gloire.
Non plus Coriolan, ny meſme Martius ;
Sous ces noms eſtrangers on ne me connoiſt plus.

Voſtre amant. Ce nom ſeul me fait aſſez connoiſtre :
C’eſt tout ce que je ſuis : tout ce que je veux eſtre :
Tout ce que m’a laiſſé l’implacable courroux
De ceux qui m’ont ravi le nom de voſtre eſpoux :
Et tout ce qu’en ces lieux mandiant un azile,
J’ay porté ſans effroi juſqu’aux yeux de Camille.
Ah ? je n’aurois point creu pour preuve de ma foy,
Qu’il me fallut ramper ſous une indigne loy ;
Et d’un peuple inſolent adorer le caprice.
Je me flatois, ſans doute avec quelque juſtice,
Que pour eterniſer le bon-heur de mes jours,
Il ſuffiſoit pour moy de vous aimer toûjours.
Je l’ay fait. Tout l’éclat d’une grandeur nouvelle
N’a combattu qu’en vain mon cœur toujours fidelle :
Camille & ſes bien-faits n’ont pû tanter ma foy.


VIRGILIE.

Eh ſi vous le pouvez, perſuadez le moy.
Aſſurez-moy qu’un cœur qui me doit tout ſon zele,
Si rigoureux pour moy n’eſt point tendre pour elle.


CORIOLAN.

Pour elle ? moy.


VIRGILIE.

Qui donc vous a mis à la main
Ces armes que je voy fumer du ſang Romain ?
Non non, pour m’abuſer l’effort eſt inutile.
Dans tout ce que je vois je reconnois Camille ;
Et puisqu’il ne faut rien déguiſer avec vous,
Son amour vous preſcrit cet injuſte courroux.
Obeïſſez, aimez, & ſelon ſon envie,
Apres mon triſte amour immolez-luy ma vie.


CORIOLAN.

Les traiſtres ! les cruels ! enfin j’ouvre les yeux :
Je voy que l’on m’impoſe un amour odieux.

Je connois les autheurs de ce noir artifice :
Mais ce nouveau forfait haſtera leur ſupplice.
J’y cours. Lâches Romains, vous payrez dés ce jour
Le tort que voſtre haine a fait à mon amour.


VIRGILIE.

Quoy ? Seigneur, croyez-vous…


CORIOLAN.

Je ſçay ce qu’il faut croire,
Camille auroit ſur vous remporté la victoire ?
Et pour vous de ma foy les Volſques trop certains
Vous l’auroient dit ? non non, ce coup part des Romains.
Avoüez-le : & voyez juſqu’où va leur furie :
C’eſt peu d’eſtre banny du ſein de ma Patrie,
Les perfides, par tout jaloux de mon bon-heur
Me veulent donc encor bannir de voſtre cœur ?
Et vous, Madame, & vous de leur deſſein complice,
D’une indigne pitié flatant leur injuſtice,
Et contre voſtre amant revoltant vos douleurs,
Vous venez dans ſon camp l’accabler de vos pleurs.


VIRGILIE.

Je le voy, vous m’aimez.


CORIOLAN.

Ils le verront, Madame,
Et leur ſang répandu juſtifiera ma flame.


VIRGILIE.

Ah ! juſtifiez-la par un plus noble effort.
Je crois tout. Croyez moins cet aveugle tranſport.
Si vous vous offenſez d’un ſoupçon temeraire,
Mon triſte cœur doit ſeul ſentir voſtre colere.
Rome de ce ſoupçon ne l’a point allarmé :
Dans ſes chagrins jaloux luy ſeul ſe l’eſt formé.
Helas ! que de ſon crime il ſouffre bien la peine !
Pour toucher voſtre cœur ma tẽdreſſe eſt dõc vaine,

Seigneur ? mais cependant vous vous ſouvenez bien
Qu’il vous a peu couſté pour triompher du mien :
Que de foibles ſoûpirs furent vos ſeules armes :
Que Rome à ſes ſoûpirs ne joignit point ſes larmes :
Qu’on ne vit point les Dieux à mes genoux…


CORIOLAN.

Eh quoy
Toûjours excuſer Rome, & n’accuſer que moy ?
Non, voſtre amour au mien n’a point fait cet outrage :
De nos perſecuteurs je reconnois la rage.







Scène II



CORIOLAN, VIRGILIE, ALBIN.
ALBIN.


SEigneur, Camille vient. Un gros de ſes ſoldats
Avec empreſſement s’avance ſur ſes pas.


VIRGILIE.

Quoy ? de ma liberté s’eſt-elle repentie ?


CORIOLAN.

Non, non, vous eſtes libre, ou je perdray la vie :
Je cours au devant d’eux, ne craignez rien. Albin,
Conduiſez vos ſoldats par un autre chemin.
Je vous ſuivray de prés. Avant que le jour ceſſe,
Les Romains cõnoiſtront juſqu’où va ma tendreſſe :
Et lors que dans leur ſang mon bras aura vangé
Mon amour tant de fois laſchement outragé ;

Vous choiſirez, Madame, ou ma mort ou ma vie ;
Et dans mon propre ſang lavant leur calomnie
Comme victime au moins ſi ce n’eſt comme époux
Je convaincray vos yeux que je n’aime que vous.


VIRGILIE.

Oüy, vous n’aimez que moy ; j’en ſuis trop convaincuë.


CORIOLAN.

Voicy Camille, allez, cachez-vous à ſa veuë.







Scène III



CORIOLAN, CAMILLE.
CORIOLAN.


C’Eſt aſſez differé, Madame, vangeons-nous :
N’oppoſons plus à Rome un impuiſſant courroux.
Il faut qu’un prompt aſſaut…


CAMILLE.

Quelle ardeur vous enflame
Seigneur ? vous qui venez…


CORIOLAN.

Je vous entends, Madame.
Je voy que l’on a pû mal juger de ma foy ;
Que vous avez ſujet de vous plaindre de moy.
J’ay voulu mal-gré vous parler à Valerie.
Il eſt vray ; mais enfin, Madame, elle eſt partie,
Ses larmes ſur mon cœur ont eſté ſans pouvoir ;
Et vous me reverrez fidelle à mon devoir

Les armes à la main ſuivre à l’inſtant ſes traces,
Et porter aux Romains l’effet de nos menaces.


CAMILLE.

Nous n’attendons rien moins d’un bras touſiours vainqueur,
Mais enfin à mon tour je lis dans voſtre cœur.
Je voy que Valerie aigrit voſtre colere
Par l’eſpoir qu’elle donne à l’amour de mon frere ;
Qu’un pareil intereſt…


CORIOLAN.

Eh du moins pour un jour
Songeons à la victoire & laiſſons-là l’amour.


CAMILLE.

Oüy, mais avec l’amour laiſſons auſſi la feinte.
C’eſt pour une grande ame une laſche contrainte :
Et je n’aurois pas creu qu’un Heros tel que vous,
D’un ſecours ſi honteux duſt s’armer contre nous.


CORIOLAN.

Moy feindre ? moy couvrir d’un indigne artifice.


CAMILLE.

Vous, Seigneur, écoutez : & faite-vous juſtice.
Je vous ay vû couvert du ſang de nos ſoldats,
Menacer de vos fers & nous & nos Eſtats.
Je vous ay veu depuis banni de voſtre ville,
Venir dans mon Palais mandier un azile.
Voſtre merite eſtoit un outrage pour nous :
Et juſqu’à voſtre nom tout parloit contre vous ;
Cependant de quel œil vis-je voſtre miſere ?
Je vous fis partager le pouvoir de mon frere :
Contre ſes intereſts je devins voſtre appuy :
Et l’armée eſt à vous ſi le peuple eſt à luy.
Voila, s’il vous en reſte encor quelque memoire ;
Ce que me fit oſer le ſoin de voſtre gloire.

Pour l’amour, vous ſçavez qu’en arrivant chez nous,
L’éclat de vos vertus m’en inſpira pour vous.
Je ne m’en défends pas. Vous m’ouvrîtes voſtre ame
Vous ne cachâtes point voſtre premiere flame.
Je la vis : & j’aimay cette ſincerité
Plus que je n’aurois fait voſtre infidelité.
Bien plus. De cet aveu mon amour vous tint compte
Il en devint plus fort. Peut-eſtre eſt-ce à ma honte
Mais ſi je n’obtiens pas le don de voſtre foy,
C’eſt à vous d’en rougir, ingrat, non pas à moy.
À vous, qui maintenant à vous-meſme contraire,
Démentant par la feinte une vertu ſincere,
Apres mille ſerments, & publics, & ſecrets,
Oſez de ma captive adorer les attraits.


CORIOLAN.

Oüy, ſi je puis brûler d’une flame nouvelle
Vous devez m’en punir, la feinte eſt criminelle :
Mais ſi mõ ſeul mal-heur m’expoſe à vos foupçõs…


CAMILLE.

En vain pour m’abuſer vous cherchez des raiſons.
Si l’aſtre rigoureux ſous qui je ſuis formée,
M’a caché juſqu’icy comment on eſt aimée.
Je ſçay du moins, je ſçay par mes propres combas
Ce qu’on fait quand on aime, & quãd on n’aime pas
Si de vos premiers feux vous aviez à vous plaindre
C’eſtoit en ma faveur qu’il falloit les eſteindre.
Voſtre inconſtance euſt eu mille raiſons d’eſtat :
Et vous ſeriez perfide au moins ſans eſtre ingrat.


CORIOLAN.

Ah ! Je ne le ſuis point. Que le Ciel me puniſſe,
Que Volſques & Romains s’arment pour mon ſupplice,
Si pour voſtre captive aucuns empreſſements
Ont pu changer…

CAMILLE.

Allez, j’en croiray vos ſerments
Quand je ne croirai plus mes yeux, ceux de l’armée,
Que voſtre laſcheté n’a que trop allarmée,
Les voſtres meſme. À tous vous nous manquez de foy,
Aux Volſques, à mon frere, à Virgilie, à moy :
Vous nous trahiſſez tous. Mais voſtre perfidie
Se fait trop d’ennemis pour n’eſtre pas punie :
Plus que noſtre courroux craignez celuy des Dieux.


CORIOLAN.

Eh bien, Madame, aux yeux de l’armée, à vos yeux,
À ceux de Rome, enfin de toute l’Italie
Je cours juſtifier ma flame à Virgilie.
Et de ce meſme fer, dont voſtre inimitié
M’aura fait des Romains immoler la moitié ;
Je la diſputeray contre la violence
De ceux qui par leur fourbe ont noirci ma cõſtance,
Fuſſent-ils avec moy plus unis d’intereſt
Que vous ne l’eſtes meſme, & qu’Aufide ne l’eſt.
Vous verrez ſi j’ay droit de parler de la ſorte,
Et connoiſtrez quel eſt l’amour qui me tranſporte.
Adieu.





Scène IV



CORIOLAN, CAMILLE, ALBIN.
ALBIN.


SEigneur.


CORIOLAN.

Albin, que voy-je ?


ALBIN.

On vous trahit.


CORIOLAN.

Moy.


ALBIN.

Ce n’eſt plus à vous que l’armée obeït.
Les Volſques mutinez enlevent Valerie.


CORIOLAN.

Ils l’enlevent ? elle eſt en proye à leur furie ?
Tu n’as pu l’empeſcher… Madame, je le voy ;
Un ſi lâche attentat ne regarde que moy :
C’eſt moy que l’on veut perdre. Acheve.


ALBIN.

Les Captives
À peine encor du Tibre avoient atteint les rives,
Quand ceux que pour eſcorte on leur ayoient donnez,
Ont pris pour nous tromper des chemins détournez,
Et bravant de mes gens les forces inégales,
Ont ſaiſi Valerie au milieu des Veſtales.

CORIOLAN.

Mais où l’emmenent-ils, ces Volſques inhumains ?
Où vont-ils ? je ſçauray l’arracher de leurs mains :
Duſſay-je pour punir une telle inſolence
Juſques ſur voſtre frere eſtendre ma vangeance :
Duſt la barbare main qui me porte ces coups…
Ah ! je lis dans vos yeux, Madame, que c’eſt vous.


CAMILLE.

Vous dites vray, c’eſt moy. La feinte eſt inutile.
J’ay tout fait. Commencez à redouter Camille ;
Ou pluſtoſt ſoûtenez encor ſi vous l’oſez,
Qu’après ce que je vois mes yeux ſont abuſez.
Deſavoüez l’amour que vous avez pour elle.
Pour Virgilie encor vantez-moy voſtre zele.
J’ay dequoy vous convaincre, & vanger mes bien-faits
Des mépris outrageans que vous en avez faits.
Mais regardez en moy Camille & Virgilie :
Nos maux ne vous en font qu’une meſme ennemie.
Voyez dans mes regards éclater ſon courroux,
Et dans ce que je fais reconnoiſſez ſes coups.


CORIOLAN.

Eh bien, j’avoûray tout, quoy que je puiſſe craindre.
J’aime voſtre captive, il n’eſt plus temps de feindre.
Et s’il faut achever de vous ouvrir les yeux,
Cette meſme captive eſt Virgilie.


CAMILLE.

Ô Dieux !
Qu’entends-je ?


CORIOLAN.

Voyez bien ce que vous devez faire,
Conſultez à loiſir l’amour & la colere.
Mais, Madame, ſur tout peſez plus d’une fois
Ce que vous me devez, & ce que je vous dois :

Et quoyque vous faſſiez pour m’oſter Virgilie,
Songez qu’auparavant il faut m’oſter la vie.





Scène V



CAMILLE, SABINE.
CAMILLE.


AInſi pour ton amour tout eſpoir eſt perdu,
Camille ? mais helas ! ay-je bien entendu ?
Quoy ? cette Valerie à mon repos fatale,
Captive, dans mes fers, eſtoit donc ma rivale ?
Icy ſous un faux nom elle cachoit le ſien ?
Elle m’ouvroit ſon cœur, pour lire dans le mien ?
Me trompoit, me joüoit ? Mais voyant ſes allarmes
Ne la devois-je pas reconnoiſtre à ſes larmes ?
Aveugle, je nommois un zele officieux
L’amour que je voyois éclater dans ſes yeux.
De quelle folle erreur eſtois-je prevenuë ?
Quoy ! j’ay veu Virgilie & ne l’ay point connuë ?
Et ſon amour a pû pendant nos entretiens
Paroiſtre dans ſes yeux, & ſe cacher aux miens ?
Vaines reflexions ! que fais-je ? je m’oublie.
L’ingrat Coriolan court apres Virgilie ;
Et ce vain deſeſpoir que je fais éclater,
Luy laiſſe des moments dont il ſçait profiter.
Courons, chere Sabine, allons trouver mon frere,
Conſultons avec luy ce que nous devons faire.
Faiſons pour reſtablir noſtre eſpoir abatu…
Tout ce qu’à mon amour permettra ma vertu.



Fin du troiſième Acte.