Angéline Guillou/55

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Maison Aubanel père, éditeur (p. 161-162).

XII


Une fois ces événements passés, la santé d’Angéline commença à s’améliorer. Elle occupait les loisirs de sa convalescence au dispensaire, s’intéressant toujours de plus en plus à son travail. Elle manifesta un jour à Antoinette Dupuis le désir de suivre un cours de garde-malade avec son aide.

Antoinette Dupuis, qui devait retourner à Québec l’automne précédent et n’avait retardé son départ qu’à cause de la maladie d’Angéline, ne demandait pas mieux que d’initier son amie à ses travaux, en attendant qu’elle puisse suivre un cours régulier.

Sa fortune lui permit d’attacher un médecin au dispensaire, et plusieurs jeunes filles suivirent un cours régulier sous sa direction. Elle acheta ce qui manquait à l’institution et fit montre d’un dévouement à toute épreuve. La tempête n’était jamais assez forte pour l’empêcher d’aller au secours des malades, si loin fussent-ils.

Sa santé n’en était que meilleure et elle sentait revenir ses forces d’autrefois ; ses joues se colorèrent de nouveau et, à part la mélancolie dont ses yeux gardaient la trace ineffaçable, toute apparence de maladie disparut, et sa beauté se manifesta de nouveau.

Antoinette Dupuis quitta la Rivière-au-Tonnerre au milieu du regret universel, et Angéline se chargea de sa succession. Ayant maintenant une mission à remplir, la vie lui semblait moins amère. Elle pourrait demeurer sur la Côte, son cher pays qu’elle aimait d’un amour véritable, et se dévouer pour cette brave population, à laquelle elle était attachée par les fibres les plus intimes de son être. Elle n’avait pas renoncé à la vie religieuse ; mais elle résolut de rester dans son village tout en cherchant sa voie.