Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 11/Arithmétique, article 1

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Solution du problème d’arithmétique proposé à la
page 96 de ce volume ;

Par MM. Lentheric, docteur ès sciences, professeur
Par MM. au collége royal de Montpellier,
Auguste Ollive, licencié ès lettres,
Et Vecten, licencié ès lettres.
≈≈≈≈≈≈≈≈≈

PROBLÈME. On a écrit de suite, et sans aucune séparation, les nombres consécutifs de la suite naturelle, en cette manière :

En considérant simplement cette suite comme une suite de chiffres posés à côté les uns des autres ; on propose d’assigner le chiffre qui doit y occuper un rang quelconque n, sans être obligé d’écrire ceux qui le précèdent ?

Solution. Les trois géomètres qui se sont occupés de cette question l’ont également décomposée dans les trois suivantes : 1.o assigner combien de chiffres a le nombre naturel dont le chiffre cherché fait partie ; 2.o déterminer, en particulier, quel est ce nombre parmi ceux qui ont autant de chiffres que lui ; 3.o trouver trouver le rang qu’occupe dans ce même nombre le chiffre dont il s’agit.

Pour rendre le procédé général plus intelligible, voyons d’abord, sur un exemple particulier, comment on peut résoudre successivement les trois questions auxquelles le problème se trouve ramené. Soit c’est-à-dire, supposons qu’il soit question de déterminer le me chiffre de la série proposée.

1.o On rencontre d’abord, dans cette suite, nombres d’ seul chiffre, ce qui fait chiffres ; et puisqu’on a il s’ensuit que le nombre dont le chiffre cherché fait partie a plus d’ chiffre.

Viennent ensuite nombres de chiffres, formant en tout chiffres ; or, donc le nombre dont le chiffre cherché fait partie a plus de chiffres.

À la suite des nombres de deux chiffres viennent nombres de chiffres, formant ensemble chiffres ; or donc le nombre dont le chiffre cherché fait partie a plus de chiffres.

À la suite des nombres de trois chiffres viennent nombres de chiffres, formant ensemble chiffres ; or donc le nombre dont le chiffre cherché, fait partie n’a pas plus de chiffres ; et, puisqu’il en a plus de trois, ce nombre a précisément quatre chiffres.

2.o Le dernier reste prouve de plus que le chiffre cherché occupe le me rang, à partir du premier chiffre de gauche de premier nombre de quatre chiffres ; d’où il suit que la question est ramenée à chercher quel est le chiffre qui occupe le me rang dans la suite

des nombres naturels, à partir de

Si était exactement divisible par il est évident que le quotient exprimerait le rang qu’occupe, dans cette dernière suite, le nombre dont le chiffre cherché fait partie, et que même ce chiffre y occuperait le dernier rang à droite ; mais si la division donne un reste, ce sera le quotient augmenté d’une unité qui exprimera le rang de ce nombre, dans lequel le chiffre cherché n’occupera plus alors la dernière place.

Or, en divisant par on obtient pour quotient et pour reste ; donc le nombre dont le chiffre cherché fait partie est le me de notre dernière suite ; et, puisque cette suite commence à ce nombre est

3.o Enfin, le reste indiquant que le chiffre cherché est le troisième chiffre de ce nombre, en allant de gauche à droite, il s’ensuit que ce chiffre est

En récapitulant donc, on voit que le procédé général peut se réduire à ce qui suit : du nombre proposé retranchez successivement les nombres aussi long-temps que les soustractions pourront être faites ; divisez le dernier reste par autant d’unités, plus deux que le dernier nombre retranché aura de zéros à sa droite ; ne prenez que le quotient entier le plus approché, et notez le reste ; augmentez ce quotient d’une unité de l’ordre marqué par le diviseur ; comptez, dans ce quotient, ainsi augmenté, autant de chiffres, en allant de gauche a droite que le reste aura d’unités ; alors le dernier chiffre compté de cette manière sera le chiffre demandé.

On peut, pour plus de commodité, disposer l’opération comme on le voit ici :

Le chiffre cherché est .

Voilà sous quelle forme M. Ollive a présenté le procédé. MM. Lenthéric et Vecten ont cherché à l’abréger, en remplaçant cette suite de soustractions par une soustraction unique de la somme de tous les nombres à retrancher ; ils ont entrevu sans doute que ces nombres formant la suite très-régulière

la somme de cette suite, à quelque nombre de termes qu’on le bornât, devait affecter une forme également régulière ; et l’examen dans lequel ils se sont engagés à ce sujet a pleinement justifié ce soupçon.

On a, en effet,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

de sorte qu’on est conduit à soupçonner que le nombre unique à retrancher pourrait bien être, en général, un nombre terminé par précédé d’une suite de précédés eux-mêmes d’un nombre d’autant d’unités qu’il y a de à sa droite.

Pour changer ce soupçon en certitude, désignons généralement par la somme qu’on obtient pour la série, lorsqu’on y admet termes, et supposons que la loi se soit soutenue pour toutes les sommes de termes, jusqu’à la somme des premiers inclusivement ; nous aurons ainsi

or,

donc

or,

donc enfin,

valeur qui ne diffère de celle de qu’en ce que y est changé en Il demeure donc établi que, si la loi se maintient jusqu’à la série de termes, elle aura lieu également pour une série de termes ; puis donc qu’elle a lieu pour les séries de termes, il s’ensuit qu’elle est générale.

Cette remarque conduit MM. Lenthéric et Vecten à réduire le procédé à ce qui suit : écrivez un sous les unités du nombre et une suite de à la gauche de ce en tel nombre qu’en écrivant un pareil nombre d’unités à la gauche du dernier, vous n’excédiez pas le nombre faites alors la soustraction, et divisez le reste par autant d’unités, plus deux que vous aurez écrit de augmentez le quotient d’une unité de l’ordre marqué par le diviseur ; comptez enfin, dans ce quotient, ainsi augmenté, autant de chiffres, de gauche à droite, que vous aurez d’unités au reste ; le dernier chiffre sur lequel vous vous serez arrêté sera le chiffre cherché.

Exemple. Soit on opérera comme on le voit ici :

ce qui montre que le chiffre cherché est un

Remarque I. Si le reste de la division était zéro, le chiffre cherché serait le dernier chiffre de la droite du quotient diminué d’une unité ; à moins cependant que celui-ci ne fût un zéro, auquel cas le chiffre cherché serait un

Exemple I. Soit

ce qui montre que le chiffre cherché est un

Exemple II. Soit

ce qui montre que le chiffre cherché est un

Remarque II. Si, pour former le nombre à retrancher, on est obligé d’écrire le chiffre neuf fois consécutivement, on ne mettra rien à gauche, le dernier tenant lieu du nombre des mais ce dernier ne devra pas entrer en compte dans la recherche du nombre des unités du diviseur.

De même si l’on devait écrire dix-neuf on n’écrirait qu’un à leur gauche, le exprimant alors le nombre des lequel ne devrait compter que pour dix-huit dans la recherche du diviseur. On se comportera d’une manière analogue, dans tous les cas semblables :

De même, si l’on devait écrire nonante on ne mettrait rien à leur gauche, et ils ne devraient compter que pour huitante-huit, les deux derniers exprimant seulement le nombre des écris à droite. Si l’on devait en écrire cent nonante, on n’écrirait qu’un à la gauche, et ainsi de suite.

Exemple. Soit

d’où l’on voit que le chiffre cherché est un