Annales de pomologie belge et étrangère/Dolutz noir

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Dolutz noir.

Dolutz noir.


Voici un cepage qui se recommande spécialement par sa précocité, car il est au moins aussi hâtif que le Chasselas violet qui vient d’être décrit et figuré dans les Annales. Nous en avions envoyé quelques grappes à notre honorable ami M. Auguste Royer, lequel eut l’occasion de les soumettre à l’appréciation de la Commission Royale de Pomologie, dont il est président, et cette Commission reconnut à ce cepage des qualités qui permettent de le recommander.

De même que la plupart des variétés hâtives, celle-ci est peu vigoureuse, son bois est faible, et les nœuds en sont assez serrés.

Les feuilles sont grandes, planes, profondément dentelées en scie, et divisées en cinq lobes à peu près égaux ; aux approches de l’automne, elles rougissent sur les bords, finissent même par rougir complètement sur toute leur surface et tombent de bonne heure. Les pétioles sont longs et faibles.

Les grappes sont allongées, lâches et ailées ; les grains, qui sont noirs et ronds, ont leur peau assez épaisse et sont d’une saveur assez agréable.

En somme, cette variété réunit les conditions qui constituent un bon raisin de table, et si l’on considère sa précocité, elle devient alors infiniment recommandable. Dans le midi de la France, à Montpellier, ce raisin mûrit vers la première quinzaine d’août ; il y a donc tout lieu de croire qu’il mûrira convenablement dans le nord. Nous en avions envoyé des plants à la Commission Royale de Pomologie en même temps que ceux de diverses autres variétés, pour en faire un essai comparatif sous le climat de la Belgique, et simultanément sur divers points à la fois ; nous regrettons que les plants de notre Dolutz n’y aient point encore commencé à fructifier, ce qui nous aurait fixé sur le compte de cette variété. En attendant, nous croyons cependant que les diverses qualités de ce cepage nous permettent, dès à présent, de fonder de grandes espérances pour son introduction en Belgique, et nous n’hésitons pas à en recommander la culture.

Dans la courte description que nous venons de donner de cette variété, nous avons mentionné la coloration des feuilles qui prennent à l’automne une teinte rouge très-prononcée. Ce caractère est ordinairement particulier et est même le privilège des cepages qui produisent un vin très-coloré. Le Dolutz est peu connu, et on n’a pas encore, que nous sachions du moins, essayé sa culture au point de vue de la vinification. Il serait intéressant de connaître si notre variété produit aussi un vin coloré, de même que ses congénères qui présentent avec elle ces mêmes caractères de coloration. Ce serait pour elle une qualité de plus qui viendrait s’ajouter à celles que nous venons d’énumérer.

F. G. Sahut.