Annales de pomologie belge et étrangère/Pêche belle et bonne

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Pêche belle et bonne.

Première division ; troisième classe (Poiteau).

Lorsque je commençai, vers 1827, à m’occuper des semis d’arbres fruitiers, la théorie du professeur Van Mons, posant des règles fixes et déterminant la méthode à suivre pour semer avec succès, était encore peu connue, et quoique des essais renouvelés depuis plus de 30 ans lui en eussent déjà démontré la bonté, il s’était borné jusqu’alors à communiquer à quelques correspondants les faits qu’il avait observés ; son ouvrage sur cette matière n’avait pas encore paru. Ce n’est donc nullement d’après son système que j’ai semé, mais bien au hasard, comme chacun le faisait à cette époque.

Je m’occupai presque exclusivement, dans mes premiers semis, du genre pêcher, comme étant l’un de ceux dont la production se fait le moins attendre ; les noyaux employés provenaient de la Madelaine blanche.

En 1831, je récoltai, pour la première fois, la pêche qui nous occupe, et lui donnai le nom de Belle et Bonne, eu égard à sa grosseur et à sa qualité.

Le fruit est gros, arrondi, déprimé ; il mesure 7 centimètres de hauteur sur 8 centimètres de diamètre ; le point pistillaire, petit, brun noir, est parfois placé au sommet d’un petit mamelon, mais ordinairement il se trouve dans une légère cavité. La couture, assez profonde et bien tranchée, a son point de départ près du pistil, elle s’efface graduellement, et disparaît en approchant du pédoncule. La peau, duveteuse, jaune clair, pointillée de rouge du côté de l’ombre, se colore de rouge vif du côté exposé aux rayons solaires ; elle est assez épaisse et se détache facilement de la chair à l’époque de la maturité du fruit. La chair, blanche, fine, fondante, est remplie d’une eau abondante sucrée, vineuse et d’un parfum exquis ; elle se détache bien du noyau, auquel restent cependant attachées quelques fibres et parfois quelques lambeaux de chair.

Le noyau est assez gros, épais, ovale, obtus à sa base, pointu à son sommet ; sa longueur est de 30 millimètres, sa largeur de 26 et son épaisseur de 18. Les joues sont convexes, rugueuses ; l’arête dorsale est assez large et les sillons sont profonds. Les arêtes du ventre sont proéminentes, obtuses.

Lorsque, sous le climat de la Belgique, la Belle et Bonne est placée en espalier au midi, sa maturité a lieu du 15 au 31 août. Il convient de l’entre-cueillir, car en lui laissant atteindre sa complète maturité sur l’arbre, elle est sujette à cotonner, défaut que l’on remarque dans la plupart des fruits de ce genre, lorsque leur cueillette n’a pas lieu en temps opportun. Au surplus, nous partageons entièrement l’avis de plusieurs pomologues distingués qui conseillent de cueillir les pêches, même celles qui ne cotonnent pas, quelques jours avant de les faire paraître sur la table, afin que leur parfum puisse acquérir toute sa qualité.

L’arbre est vigoureux et très-fertile ; son jeune bois, rouge brun du côté du soleil, est vert clair du côté de l’ombre. Les feuilles sont longues, étroites, pointues, finement dentées, vert clair ; elles sont dépourvues de glandes.

La fleur est grande, étalée, rose vif.

M. Decaisne, professeur de culture au Jardin des plantes à Paris et M. Poiteau [1], tous deux membres correspondants de notre commission, divisent les pêchers en quatre grandes divisions et douze classes, suivant les caractères du fruit, de la fleur et des feuilles. Si l’on admet cet ordre de classification, notre variété doit se ranger dans la première division, troisième classe, à côté de la Madelaine blanche, de la pêche de Malte et de la Pucelle de Malines.

A. Bivort.

  1. Cours d’horticulture, 46e leçon (Annales de la Société d’horticulture de Paris et centrale de France, vol. XLIII, page 477).