Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Bergamotte Fortunée

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Poire Bergamotte Fortunée

Bergamotte Fortunée.

Bergamotte Fortunée.

(Parmentier.)
Synonymies : Poire Fortunée ; — Poire Fortunée de Remme ; — Beurré de Remme.

(Spécimen récolté sur espalier.)

Nous conservons à cette poire, le nom sous lequel nous l’avons décrite en 1849 dans l’Album de Pomologie, nous appuyant maintenant, comme alors, sur ce qu’en a dit M. Poiteau dans le Bon Jardinier (1833). On a prétendu depuis qu’elle appartenait aux semis de M. de Remme, c’est possible, mais nous n’avons aucune preuve de la véracité de ce dire qui, au résumé, importe peu ; ce qui est certain c’est que M. Parmentier l’a fait connaître et l’a mise dans le commerce.

Cette variété a d’abord été vantée outre mesure et avant qu’on eût pris le temps nécessaire pour la bien juger. On a été jusqu’à dire que c’était la meilleure des poires, maintenant on la déprécie sans restriction, c’est un autre tort. Telle était l’opinion de feu notre collègue et ami M. Prevost, de Rouen, c’est aussi la nôtre ; les reproches que l’expérience l’autorisait à faire à la Poire Fortunée dans les environs de Rouen, le pays de Caux et le pays de Bray, lui sont applicables dans la plupart des localités de la Belgique. Lorsque l’arbre est cultivé en haut-vent ou en pyramide, ses fruits sont généralement petits, parfois moyens, mais jamais gros ; dans les sols argileux ou froids ceux qui ne sont pas abrités par les feuilles, sont souvent gercés ; mais placez l’arbre en espalier au midi et même au levant, vous récolterez de beaux et bons fruits, qui mûriront d’avril en juin, et qui, à cette époque, feront les délices de l’amateur.

Le fruit venu sur espalier, mesure souvent 8 centimètres en hauteur et 8 ½ centimètres en diamètre ; il est irrégulièrement arrondi, parfois un peu turbiné, toujours bosselé. L’épiderme, rude, gris-vert ou entièrement gris, passe au roux-fauve à l’époque de la maturité et se marbre parfois de rouge obscur du côté du soleil. Le pédoncule, long de 10 à 15 millimètres, est gros, ligneux, gris-brun, ponctué de gris-blanc ; il est implanté dans une cavité profonde, dont les bords sont irrégularisés par plusieurs gibbosités. Le calice est petit, placé dans une cavité très-évasée et bosselée ; ses divisions sont noires, ordinairement caduques. La chair est blanche, fine, fondante, beurrée ; son eau est assez abondante, sucrée, d’un parfum très-agréable ; sa maturité ordinaire a lieu d’avril en juin, cependant on trouve des spécimens mûrs dès la fin de décembre.

L’arbre, assez vigoureux et fertile, pousse son bois dans une direction oblique ascendante.

Ses branches à fruits sont grêles, courtes, brun nuancé de gris.

Les supports sont gris, ridés à leur base ; lisses, renflés et bruns à leur sommet.

Les boutons à fleur sont moyens, ovales, pointus, bruns, ombrés de marron et nuancés de gris.

Les jeunes rameaux sont moyens en longueur et en grosseur, légèrement coudés, lisses et sans stries. L’épiderme brun-verdâtre, lavé de gris, est parsemé de larges lenticelles rondes, blanc sale, qui s’élargissent encore sur le bois de deux ans, deviennent saillantes, éclatent souvent et rendent alors ce bois plus ou moins rugueux. La pousse d’été est rouge et cotonneuse vers son sommet.

Le gemme est conique aigu, brun-noir, apprimé à sa base, écarté à son sommet.

Les mérithalles sont courts et réguliers.

Les feuilles sont ovales-lancéolées, pointues, planes ou à bords latéraux relevés en gouttière, légèrement arquées, ondulées, finement serretées, d’un beau vert luisant, bordées de rouge dans leur jeunesse ; à la base des rameaux, elles sont ordinairement plus petites, plus arrondies et entières.

Le pétiole, long de 2 à 5 centimètres, est gros, légèrement canaliculé, vert clair lavé de rouge en dessus.

Les stipules sont filiformes.

Alex. Bivort.