Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Délices d’hardenpont

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DÉLICES D’HARDENPONT. (Hardenpont.)

Délices d’Hardenpont.

Synonymies : Délices d’Hardenpont belge ; en France, Beurré d’Hardenpont.

Cette variété a été obtenue en 1759, par M. Hardenpont, dans son jardin de la porte d’Havré, à Mons. Depuis lors, elle a été généralement cultivée en Belgique, sans qu’aucune synonymie ait jeté la confusion dans la nomenclature.

Il n’en a pas été de même en France, où l’on a souvent confondu cette poire avec une de ses congénères, le Beurré d’Hardenpont, gagnée dans le même jardin, la même année et peut-être du même semis. M. Louis Noisette et, à son exemple, la plupart des pomologues français, ont donné le nom de Beurré d’Arenberg à cette dernière variété ; et de notre Délices, ils ont fait leur Beurré d’Hardenpont. Cette transposition de noms a été une source féconde de déceptions pour beaucoup d’amateurs.

Nous devons faire observer, en outre, qu’une poire très-différente sous tous les rapports, portant également le nom de Délices d’Hardenpont, a été introduite dans les collections d’Angers, il y a quelques années, et que les pomologues belges, afin de distinguer cette variété de la nôtre, ont cru devoir ajouter à son nom le déterminatif d’Angers.

En consultant les souvenirs de très-anciens amateurs, nous croyons savoir que M. Hardenpont, sur la fin de sa vie, obtint une poire de garde qu’il estimait beaucoup, puisqu’il l’avait nommée Surpasse-Délices. Peut-être ce fruit, communiqué en France, aura-t-il contribué à augmenter la confusion qui semble s’attacher aux gains de M. Hardenpont.

Quoi qu’il en soit, la variété qui fait l’objet de cet article forme un arbre très-remarquable par son facies ; ses branches vigoureuses ont une tendance à s’élancer verticalement, et se maintiennent presque parallèles à la tige. Nous en connaissons de magnifiques pyramides sur franc, ressemblant à de jeunes peupliers d’Italie. Il est regrettable que cette forme ne lui convienne pas partout. Dans les localités froides et non abritées, les fruits du Délices coulent, se gercent ou restent petits, s’ils ne sont pas cultivés en espalier.

Cette poire, assez grosse, varie dans sa forme : tantôt elle prend celle d’un Colmar et tantôt une forme plus allongée et bosselée. Il est rare qu’elle dépasse 12 centimètres de hauteur.

Son épiderme, vert-clair, ponctué de tiquetures nombreuses, gris-foncé, parfois maculé de larges tâches brunes, passe au jaune-citron à l’époque de la maturité ; en espalier, le côté exposé au soleil, se colore d’un rose très-léger.

Le pédoncule, droit, long de 30 à 35 millimètres, est d’une grosseur moyenne ; il est placé dans un enfoncement peu profond, entouré de petites gibbosités.

Le calice, large, bordé de plis, est à fleur du fruit. Ses divisions sont ordinairement caduques.

La chair est beurrée, blanche, fondante, très-sucrée ; on n’y trouve aucune pierre ni marc ; elle fond dans la bouche, et, pour atteindre la perfection, il ne lui manque qu’un peu plus de parfum et de ce goût légèrement aigrelet, si agréable dans les poires.

Le bois de cette variété est d’une grosseur moyenne ; son écorce est gris-perlé ; les rameaux sont courts.

Les supports sont grêles, gris et fortement ridés à leur base ; renflés, lisses et d’un brun-marron à leur sommet.

Le bouton à fruit est moyen, très-allongé, pointu, brun-clair nuancé de brun-marron et légèrement nuancé de gris.

La fleur est large et très-blanche ; elle noue difficilement ; d’où il résulte que la plupart des fruits sont isolés.

Les jeunes rameaux à bois sont droits, lisses et sans stries ; l’écorce en est luisante, de couleur bronzée, ponctuée de mouchetures nombreuses, grises et distribuées par groupes rapprochés ; la jeune pousse est très-cotonneuse, surtout à la seconde sève.

Les mérithalles sont moyens et réguliers.

Les gemmes, ovales, aigus, brun-marron, apprimés à leur base, écartés à leur sommet, reposent sur des supports peu apparents.

Les feuilles sont moyennes, aiguës aux deux extrémités, mais plus larges à la base qu’au sommet ; les bords sont relevés légèrement en gouttière, incisés superficiellement et irrégulièrement ; elles sont d’un vert-jaunâtre, plus vif sur lambourdes ; le pétiole est moyen, cannelé, vert-clair.

En Belgique, le Délices d’Hardenpont mûrit en octobre et novembre ; quelquefois on en conserve jusqu’à la fin de décembre.

A. Royer.