Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Duchesse de Berry

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Poire Duchesse de Berry.

Poire Duchesse de Berry.

Fruit de verger.
Synonymies : Duchesse de Berry ; — Duchesse de Berry de Nantes ; — Doyenne d’été (à tort).

Voici ce que nous avons appris sur l’origine de ce poirier et que nous tenons de M. Jules Bruneau, pépiniériste à Nantes : « Dans une tournée que faisait mon père[1], il découvrit dans un semis de pepins fait sur une propriété appelée la Barrière-de-Fer, appartenant à la famille de Soussai, dans la commune de Saint-Herblain, deux arbres dont les fruits fixèrent son attention ; l’un est celui auquel il donna le nom de Duchesse de Berry ; l’autre celui de Saint-Herblain d’hiver : c’est sous ces noms qu’ils ont été mis dans le commerce ; l’époque de cette découverte date de 1827. »

L’arbre de cette variété est d’une bonne vigueur, ses rameaux sont souples, flexibles, longs, de couleur brun clair, chargés de petits points blancs ; sa fertilité est très-grande et il n’est pas rare de le voir fructifier en pépinière dès la seconde année, donnant des fruits à l’extrémité de quelques branches qu’on lui laisse ; il forme de belles pyramides et des fuseaux très-productifs, mais son aptitude la plus vraie est la haute tige et le plein-vent où il donne d’abondantes récoltes.

Fruit moyen, turbiné, mesurant en hauteur 7 centimètres sur autant de diamètre. Pédoncule court, gros, ligneux, vert-brunâtre, implanté un peu de côté dans une petite cavité. Calice irrégulier placé dans une large cavité évasée. Divisions longues, brunes, cotonneuses.

Épiderme lisse, luisant, vert très-clair, passant au beau jaune pâle à la maturité, légèrement ponctué de brun, ombré de fauve autour du pédoncule et du calice et parfois légèrement coloré du côté du soleil.

Chair blanche, demi-fine, fondante, eau abondante, sucrée et bien parfumée, de première qualité pour l’époque de sa maturité qui a lieu du 15 août au 15 septembre.

Ce très-bon fruit qui a été dédié à S. A. R. Mme la duchesse de Berry, méritait bien un pareil honneur ; il est peut-être encore peu répandu et c’est à tort, car l’époque précoce de sa consommation le rend très-précieux ; mais il est resté longtemps sans descripteur et ce n’est que vers 1852 que nous l’avons fait connaître dans nos notices pomologiques.

Quelques jardiniers de Nantes, pour hâter l’époque de la vente de cette poire, qui est fort recherchée, ont pris l’habitude de l’entrecueillir ; ils détachent, un peu prématurément, les plus beaux fruits, les placent sur la paille dans un lieu très-chaud où ils les couvrent de paillassons, ainsi ils peuvent les porter au marché dans les premiers jours d’août, jaunes et brillants.

Jules de Liron d’Airoles.
Membre correspondant de la Commission royale
de Pomologie Belge.

  1. Gabriel Bruneau, pépiniériste à Nantes, chef d’une branche d’une famille des plus honorables.