Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Rousselon

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Poire Rousselon.

(Esperen.)

(Spécimen récolté sur pyramide.)

Cette nouvelle variété date de 1846 et appartient aux semis du major Esperen ; elle fut dégustée à cette époque par M. Berckmans, qui, peu après la mort du major, acquit l’exemplaire avec bon nombre d’autres, tous inédits.

Dès sa première production, ce fruit fut noté comme propre à être conservé, et des scions en furent envoyés à M. Dupuy-Jamain, pépiniériste à Paris, qui, par le moyen de la greffe sur coignassier, en obtint dès 1850 plusieurs fruits. Soumise à l’appréciation de pomologues français, ceux-ci jugèrent, à l’unanimité, cette variété digne d’être propagée sous le double rapport de la qualité et de la maturation tardive. Avec l’autorisation de M. Berckmans, cette poire fut dédiée, comme témoignage d’estime et de reconnaissance, à M. Rousselon, membre de la Société nationale d’horticulture de la Seine, rédacteur principal des Annales de Flore et Pomone et membre correspondant de notre commission de pomologie.

Nous avons dégusté cette poire, pour la première fois, en 1851, et c’est sur cet exemplaire reçu de Paris que nous allons établir notre description.

La poire Rousselon est moyenne, arrondie et se rétrécit légèrement vers le pédoncule ; sa forme appartient aux Doyennés et aux Bergamottes. L’épiderme, luisant, vert-clair, passant au jaune citron à la maturité, est ponctué de roux, ombré de même couleur autour du calice et fortement coloré de rouge du côté du soleil. Le pédoncule, gros, court, ligneux, brun à sa base, noir à son sommet, est placé presqu’à fleur du fruit, ainsi que le calice, qui est étoilé, ouvert et dont les divisions sont très-raides et brunes. La chair est blanche, fine, demi-fondante ; son eau, en quantité suffisante, est sucrée, légèrement acidulée et d’un parfum agréable ; le trognon est cordiforme, les loges sont larges et les pepins, ovales pointus, noirs, aplatis d’un côté, sont ordinairement au nombre de deux dans chaque loge.

Cette bonne variété mûrit en février.

L’arbre est d’une vigueur moyenne ; ses branches à fruits sont grêles, gris verdâtre, ponctuées de grosses lenticelles blanc sale. Les supports sont moyens, courts, ridés, gris.

Les jeunes rameaux sont moyens, flexueux, fortement striés vers le sommet ; l’épiderme, vert-olive ou vert-jaunâtre, est couvert d’un léger duvet et ponctué de très-petites lenticelles ovales, blanc sale ou rousses, peu nombreuses et peu apparentes. Le gemme est gros, conique, pointu, brun-clair ombré de brun-foncé et lavé de gris ; il est écarté du rameau par le sommet et porté sur un renflement notable.

Les mérithalles sont courts et réguliers.

Les feuilles sont assez grandes, épaisses, rudes, raides, planes ou légèrement concaves, quelquefois ovales-lancéolées, mais ordinairement lancéolées, pointues et effilées par les deux bouts ; leur pagination supérieure est d’un vert terne assez foncé, l’inférieure est d’un vert bleuâtre ; leur dentelure est large et régulière ; elles mesurent 7 à 9 centimètres en longueur et 4 à 7 en largeur.

Le pétiole, gros, droit, raide, canaliculé, vert-clair, long de 4 à 5 centimètres, est recouvert d’un léger duvet qui se prolonge sur toute la médiane ou nervure principale de la feuille.

Les stipules sont linéaires et dentées.

A. Bivort.