Annales de pomologie belge et étrangère/Reinette Saint-Lambert

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Reinette Saint-Lambert.


La vallée de la Meuse, dans l’ancien pays de Liége, a été le berceau de bon nombre de fruits excellents, grâce surtout, il faut bien le reconnaître, aux soins assidus des moines d’autrefois, qui, on le sait, avaient voué à Pomone un culte fervent.

La Reinette Saint-Lambert paraît avoir cette origine. A-t-elle pris naissance dans le vaste enclos de l’ancienne abbaye du val Saint-Lambert, à quelques lieues de Liége (devenue aujourd’hui l’une de nos verreries les plus florissantes) ? Nous ne savons ; une tradition locale l’affirme, mais tout renseignement positif fait défaut.

Quoi qu’il en soit, cette belle pomme est assurément un produit du sol liégeois, et, ajoutons-le, l’un des meilleurs.

Elle mesure ordinairement 7 centimètres et demi de diamètre sur 6 de hauteur.

Sa forme générale est arrondie, assez régulière, parfois aussi plus ou moins gibbeuse.

Le calice, aux sépales persistants et verdâtres, occupe une cavité profonde, plus ou moins côtelée, assez semblable à celle de certains Courtpendus. Il communique avec le trognon au moyen d’un tube régulier.

Le pédoncule, très-court, d’un brun-rougeâtre, est implanté dans une cavité infundibuliforme très-évasée.

L’épicarpe (peau) est très-diversement coloré, selon le degré d’insolation. Il revêt de riches teintes cramoisies et pourprées sous l’influence des rayons solaires, tandis qu’à l’ombre le coloris est d’un jaune mordoré ou un peu verdâtre. Souvent le fruit y est lavé et maculé de gris.

Le trognon est divisé en trois compartiments contenant ordinairement trois pepins menus, ovoïdes, couleur noisette.

La chair, d’un blanc jaunâtre, est fine, juteuse, délicate et ferme à la fois, — quand la maturité n’est pas trop avancée, — d’un goût sucré acidule et d’un parfum suave.

C’est, à partir de la fin de septembre, l’une de nos pommes les plus recherchées pour les usages culinaires, auxquels d’ailleurs elle se prête parfaitement durant tout l’hiver ; elle tient aussi une place distinguée comme fruit de dessert, mais elle perd graduellement ses qualités à partir du commencement de février.

Cette variété est recommandable à un double titre ; elle peut prendre place à la fois et dans nos jardins et dans nos vergers.

C.-Aug. Hennau.