Annales de pomologie belge et étrangère/Reinette d’Angleterre

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Reinette d’Angleterre.

(Petite ou ancienne.)
Synonymes : Pomme d’or (Merlet, — Duhamel, — Couverchel, — Bon Jardinier, etc.) ; Golden Renette, — old Golden Pippin, — English Pippin, etc., des pomologues anglais ; Goldpepping, — Goldrenette, — Kleine Engl. Renette, — Engl. Goldapfel des Allemands.

La multiplicité des synonymes, dont nous abrégeons notablement la liste, dépose à la fois en faveur de l’ancienneté et de l’excellence de cette pomme. Cultivée, en effet, depuis un temps immémorial dans les jardins et les vergers du Royaume-Uni, où elle continue à prospérer parfaitement, cette Reinette reste toujours au premier rang, en dépit de la concurrence que lui font tant de nouveaux fruits, supérieurs en beauté, en volume, sinon en suavité.

Cette pomme est de moyenne grosseur, plus large que haute, d’une forme parfois un peu allongée, d’autres fois un peu aplatie.

Le calice, peu ouvert, et le pédoncule, long de 1 à 2 centimètres et quelquefois plus, occupent des cavités unies et peu profondes.

L’épicarpe (peau), ordinairement lisse, est parsemé de petits points roux, gris, triangulaires : d’abord vert-jaunâtre, il passe plus tard, — du côté du soleil, — au jaune vif (d’où le nom de Pomme d’Or) et se panache de rouge clair, avec tiquetures et petites macules d’un rouge de sang ; le côté de l’ombre est d’un jaune terne mêlé de vert. La chair, d’un blanc jaunâtre, ferme d’abord, puis assez tendre, a un goût acidule-sucré très-suave.

Les loges sont, étroites ; les pepins ordinairement nombreux et bien nourris.

Cet excellent fruit mûrit vers le commencement de novembre et se garde jusqu’à la fin de janvier, — et même au delà, si la saison a été favorable.

Dans de bonnes conditions, l’arbre est des plus fertiles, et peut être cultivé en haut vent ; mais il ne prend jamais un grand développement.

Le jeune bois est assez gros et long, d’un brun-rougeâtre peu foncé, tiqueté de nombreuses lenticelles, et couvert d’une sorte de duvet argenté.

Les feuilles sont ovales-acuminées, d’une dentelure fine, aiguë et régulière, d’un vert foncé luisant ; les stipules lancéolées.

Après avoir retracé avec le plus de précision possible les caractères généraux, distinctifs de cette ancienne variété, nous devons ajouter que son volume et son coloris se modifient notablement suivant les expositions, les sols, les saisons, etc., aussi l’a-t-on fréquemment confondue avec d’autres Reinettes[1], qui ont avec elle plus ou moins de traits de ressemblance ; nous ne relèverons pas ici ces nombreuses méprises ; c’est une tâche délicate et fastidieuse qui nous mènerait trop loin.

C.-Aug. Hennau.

  1. Notamment avec celle qu’on a nommée Grosse Reinette d’Angleterre. On voit à Liége, dans les expositions de fruits, une Reinette d’Angleterre qui se distingue de l’ancienne que nous décrivons ici par son volume et son riche coloris. Elle est à peu près à celle-ci ce que l’ancien Court-Pendu de Duhamel est à notre Court-Pendu de Tournai. Nous en sommes probablement redevables aux semis et à l’intelligente culture de nos horticulteurs.