Annales de pomologie belge et étrangère/Romarin

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1o  Romarin blanc. 2o  Romarin rouge.

Pomme Romarin.


Pomme Romarin blanche.
Synonymies : Mela di Rosmarino. — Weisser italienischer Rosmarinapfel.

Pomme Romarin rouge.
Synonymies : Mela di Rosmarino rossa. — Italienischer rother Rosmarinapfel.

Des spécimens de ces deux pommes, originaires du Tyrol italien, nous ont été envoyées cette année par M. le baron de Trauttenberg, chambellan de S. M. l’empereur d’Autriche, membre correspondant de la Société Van Mons, à Prague. Par suite du voyage et d’un emballage peu soigné, la plupart de ces fruits nous sont arrivés très-avariés, et il nous paraissait difficile de bien apprécier leur mérite, mais nous fûmes agréablement surpris de constater, en les coupant, que les nombreuses taches dont la peau était couverte, s’arrêtaient à la surface et ne leur avaient communiqué ni pourriture ni mauvais goût. Cette faculté de translation que possède aussi notre pomme de Court-Pendu est précieuse et semblerait désigner les deux variétés de la pomme Romarin à la culture des vergers, en vue de l’exportation, s’il n’était à craindre que, vu la contrée méridionale d’où elles nous arrivent, elles ne possédassent pas toute la rusticité nécessaire pour cette destination.

Les pommes Romarin, blanche et rouge, étaient cultivées dans l’ancienne pépinière Van Mons, à Louvain, sous la forme pyramidale ; nous en avons récolté de très-bons spécimens en 1845, provenant d’arbres greffés sur Paradis. En Bohême, on les cultive en pyramide, en espalier et en pot ; elles sont, paraît-il, très-propres à ce dernier mode de culture.

Les noms italiens de ces deux pommes font allusion à leur origine transalpine ; elles ont été décrites par G. Gallesio, auteur d’une Pomologie italienne et d’une Monographie des orangers.


Pomme romarin blanche.

Le fruit est assez gros, ovale allongé, courtement tronqué ou aplati aux deux bouts. La peau est lisse, luisante, jaune très-clair, légèrement lavée de rouge du côté du soleil et ponctuée de gros points gris. Le pédoncule est grêle, brun, long de 25 à 30 millimètres, renflé au sommet et placé dans une cavité infundibuliforme. Le calice est clos ; il occupe une cavité assez profonde, très-évasée et côtelée ; ses divisions sont grises, parfois brunes, foliacées et cotonneuses. Le trognon est large, ovale ; les loges sont ouvertes et contiennent un à trois pepins très-petits, ovales, pointus, brun-rouge. La chair, blanc jaunâtre, est d’une contexture fine, savoureuse, demi-cassante ; son eau est sucrée, relevée d’un léger aigrelet et très-suave.

L’époque de la maturité a lieu en décembre et se prolonge jusque vers la fin du mois de mars.


Pomme romarin rouge.

Le fruit est de même grosseur et de même forme que le précédent. Sa peau est encore plus lisse et plus luisante, jaune clair, ponctuée de petits points bruns du côté de l’ombre, fortement colorée de rouge vif et ponctuée de points jaunes du côté du soleil. Le pédoncule, très-grêle, brun, long de 25 à 30 millimètres, est implanté dans une cavité ombrée de brun roux, un peu plus large que celle de la Romarin blanche. Le calice, clos, occupe une cavité assez profonde, très-évasée et côtelée ; ses divisions sont gris verdâtre, cotonneuses. Le trognon est petit, ovale ; les loges sont closes et renferment deux ou trois pepins, plus gros et plus allongés que ceux de la variété précédente. La chair est blanche, fine, cassante ; son eau sucrée, légèrement acidulée, est bien parfumée ; l’époque de sa maturité a lieu de décembre à mars.


Ces deux pommes ont été placées au premier rang par tous les auteurs qui les ont décrites ; nous leur attribuons le même mérite, et nous en conseillons la culture dans les jardins, en attendant qu’on ait pu juger de leurs qualités pour les vergers.

Dans une partie de l’Allemagne on donne aussi le nom de Romarin rouge à notre pomme Calville rouge d’été ; l’époque de maturité suffit à les distinguer et à empêcher toute erreur à cet égard.

Alexandre Bivort.