Anonyme - Vincent ou le Prisonnier plus malheureux que coupable, 1813.djvu/Épître dédicatoire

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ÉPÎTRE DÉDICATOIRE
À M.R LEFORTIER,
DÉFENSEUR DE VINCENT.


Dans ses faibles essais, ma plume encor timide,
N’ira point d’un grand nom se mettre sous l’égide ;
Je les offre avec joie au mortel bienfaisant,
Qui se montra toujours l’appui de l’innocent.
Je n’en fais point hommage au faste, à l’opulence,
Mais à l’humble mérite, à la noble indigence,
Qui du sort sans murmure, éprouvant la rigueur,
Sait oublier ses maux, en servant le malheur.
Le plaisir d’obliger est la seule couronne
Que ton cœur généreux souhaite, ambitionne ;
Et l’estime et l’amour de tes concitoyens
Furent toujours pour toi les plus précieux biens ;

Ils te consoleront des disgraces amères
Dont veulent t’accabler tes amis, tes confrères.[1]
De toi leur corps altier devrait s’enorgueillir.
Par un oubli coupable ont-ils cru t’avilir ?
Cesse de t’affliger de leur indifférence ;
Leurs injustes arrêts ne sont point une offense.
Souviens-toi que Caton, ce vertueux Romain,
D’un sénat corrompu mérita le dédain.
Comme lui, tu te vois, par un noir artifice,
Dans l’hiver de tes ans en proie à l’injustice ;
Mais si ton ordre veut, par orgueil, t’outrager,
L’opinion publique est là pour te venger.
Toujours de tes devoirs tu connus la noblesse,
Tu servis l’opprimé jusque dans ta vieillesse,
Tu sus calmer ses maux, tu sus briser ses fers :
Tes bienfaits te loueront beaucoup mieux que mes vers.


  1. M. Lefortier n’a pas été compris sur le nouveau tableau de l’ordre des avocats.