Anthologie des humoristes français contemporains/Charles Monselet

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Anthologie des humoristes français contemporainsLibrairie Delagrave (p. 105-106).


CHARLES MONSELET

(1825-1888)

Bibliographie. — Les Originaux du siècle dernier ; — Rétif de la Bretonne ; — Frérou ; — Statues et Statuettes contemporaines ; — Figurines parisiennes ; — la Cuisinière poétique ; — le Musée secret de Paris ; — Almanach des gourmands ; — Double Almanach des gourmands ; — Triple almanach des gourmands ; — De Montmartre à Séville ; — les Galanteries du dix-huitième siècle ; — les Tréteaux ; — la Lorgnette littéraire ; — le Théâtre de Figaro ; — les Oubliés et les Dédaignés ; — l’Histoire du tribunal révolutionnaire ; — M. de Cupidon ; — les Folies d’un grand seigneur ; — la Franc-maçonnerie des Femmes ; — l’Argent maudit ; — les Chemises rouges ; — les Vignes du seigneur, poésies ; — le Plaisir et l’Amour, poésies.


Charles Monselet naquit à Nantes, le 30 avril 1825. Son père était libraire et tenait un cabinet de lecture assez fréquenté. Il fut d’abord commis aux écritures chez un consul, et bientôt chassé de cette place pour avoir été trouvé faisant des vers au lieu d’expédier des lettres.

Il s’essaya alors dans le journalisme et écrivit dans le Courrier de la Gironde, où il se distingua. Il y connut des gens de théâtre et débuta au Théâtre des Variétés de Bordeaux, par une parodie de la Lucrèce de Ponsard.

Il partit alors pour Paris, où, tout d’abord, la fortune ne lui sourit guère. Il y vécut misérablement, petit journaliste en quête de copie, refusé partout, ne dînant pas toujours. Désespérant d’arriver à sortir de la misère où il était, il écrivit un jour la lettre-circulaire suivante, qu’il adressa à Arsène Houssaye, directeur de l’Artiste, et à Louis Desnoyers, rédacteur en chef du feuilleton du Siècle.

« Monsieur, littérateur peu connu et dénué de protections, je vous prie de vouloir bien être assez aimable pour m’envoyer une lettre de recommandation auprès de vous-même… »

Ce procédé réussit. Charles Monselet vit aussitôt s’ouvrir pour lui les portes des deux grands journaux.

Il fut remarqué par Girardin, qui lui demanda d’écrire une préface aux Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, qui allaient paraître en feuilletons dans la Presse.

En 1857, il fondait un journal : le Gourmet.

En 1860, il jouissait d’une grande notoriété et écrivait dans tous les grands quotidiens et périodiques de l’époque. Mais il refusa toujours de collaborer à la Revue des Deux Mondes : « Au nom du Ciel, ne me parlez pas de cette boutique-là ! disait-il, j’y perdrais mon ventre et ma gaieté. » Il s’était qualifié lui-même : poète de la bonne humeur.

Ses mots couraient tout Paris. C’est lui qui avait défini Octave Feuillet : un pot-au-feu avec des ailes.

Les deux premiers vers d’un poème de lui, imité de la Rose, de Ronsard, firent fortune :

Mignonne, allons voir si les huîtres
Sont ouvertes au restaurant…

Il fit, de même, sur le rythme des Djinns, de Victor Hugo, un poème qu’il appela les Créanciers, et que nous citons ici.

Il mourut en 1888.

« Tout a un terme en ce bas monde, disait-il, excepté le loyer, qui en a quatre ! »