Anthologie des humoristes français contemporains/Théodore de Banville

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THÉODORE DE BANVILLE

(1823-1891)

Bibliographie. — Les Cariatides (1842) ; — les Stalactites (1846) ; — les Odelettes (1856) ; — Esquisses parisiennes (1859) ; — Exilés (1866) ; — les Camées parisiens (1866-1873) ; — les Parisiennes de Paris (1866) ; — les Odes funambulesques (1867) ; — les Idylles prussiennes (1871) ; — Trente-six Ballades joyeuses (1873) ; — les Princesses (1874) ; — Contes féeriques ; Contes héroïques ; Contes bourgeois ; Contes pour les femmes ; — Petit Traité de poésie française. Et au théâtre : les Nations, opéra-ballet ; — le Feuilleton d’Aristophane ; — le Cousin du Roi ; — les Folies nouvelles, prologue ; — le Beau Léandre ; — Diane au Bois ; — les Fourberies de Nérine ; — la Pomme ; — Gringoire ; — Deïdama ; — Hymnis ; — l’Amour mouillé ; — Socrate et sa Femme.


Théodore de Banville naquit à Moulins, le 14 mars 1823. Il était le fils d’un capitaine de vaisseau. Il vint de bonne heure à Paris et y publia son premier volume de vers, les Cariatides, en 1842, suivi quatre ans plus tard d’un second, les Stalactites. Mais c’est en 1857, lors de la publication des Odes Funambulesques, que son succès s’affirma d’une façon définitive. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur et se vit attribuer par l’État une pension annuelle de 1 200 fr.

On connaît l’action considérable que son Petit traité de poésie contemporaine exerça sur les poètes du « Parnasse » et, de nos jours, jusque sur Rostand. Au xviiie siècle on écrivit parfois des centons entièrement composés de vers de Racine, de Corneille ou de Boileau. Banville possédait si bien ses romantiques, et particulièrement Hugo, qu’il eût pu le faire de même avec les Orientales et les Feuilles d’automne : il s’est contenté de porter le pastiche parodique à la perfection. Et il eut aussi plus que personne le sens de l’humour romantique, qui est une sorte de délire verbal où l’effet vient du mot, de la cocasserie dans l’assemblage et le contraste des mots, plus que dans la chose et la situation.

On sait qu’il perfectionna l’art de la rime-calembour :

Dans tout ce que l’Afrique a d’air
Bugeaud veut prendre Abd-el-Kader.

ou bien :

Blanc comme Eglé qui dort auprès d’un ami sien,
Blanc comme des cheveux d’académicien

ou encore, à propos d’une vieille :

… Mais sait-on comment on
Deviendra ? Son nez vient taquiner son menton…

L’impression d’amusement vient de la surprise. C’est une clownerie lyrique. Mais ces tours de force ont un peu passé de mode, et ils laissent parfois un peu froid. Ils intéressent pourtant comme un aboutissement nécessaire de la technique du romantisme.