Anthologie féminine/Avertissement

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Anthologie féminineBureau des causeries familières (p. i-ii).

AVERTISSEMENT


L’Anthologie est un genre d’ouvrage extrêmement utile, en cela qu’il fournit, sous un format réduit, le meilleur de l’œuvre de chaque auteur et le résumé de cette œuvre.

L’idée de celle que nous présentons au public m’a été suggérée par deux motifs : l’observation faite que dans toutes les anthologies les femmes écrivains, en minorité, sont disséminées et étouffées en quelque sorte au milieu de nombreux et illustres auteurs masculins ; l’espace qui leur est mesuré ne permet d’en nommer que quelques-unes déjà partout en vedette. — Ensuite, le désir de montrer l’importance de la carrière littéraire pour notre sexe, à l’appui de ce que j’avais écrit à ce sujet, et qui est reproduit dans la Préface ci-contre.

J’ai donc pensé intéressant de réunir en un faisceau, en un « bouquet » l’œuvre littéraire féminine, depuis la fondation de la langue française jusqu’à nos jours, d’une façon aussi complète que possible. Je me suis attachée tout particulièrement au choix des citations, les cherchant attrayantes, évitant la banalité. J’ai cru devoir professer le plus complet éclectisme, me plaisant à réunir sous la bannière littéraire, sans égard aux divergences politiques ou religieuses, les noms les plus étonnés de se trouver côte à côte, depuis la servante poète jusqu’à la plus grande dame.

Je ne crois pas avoir commis beaucoup d’omissions dans les deux premières périodes, sauf Barbe de Verrue (XVe siècle), que j’ai découverte trop tard. Mais parmi nos contemporaines, j’ai le regret d’avoir été impuissante à les nommer toutes, ayant déjà dépassé les limites que je m’étais prescrites. Parmi les noms omis faute de place, se présentent sous ma plume Mme Louise Collet, célèbre par son petit volume Lui (Alfred de Musset) ; la Vicomtesse de Janzéy, auteur des Souvenirs d’Alfred de Musset ; Mmes Hippolyte et Stanislas Meunier, romancières ; Mme Louise Figuier ; Rousselande (baronne d’Uxelles), de la Revue des Deux-Mondes ; Rachilde (Mme Alfred Valette) ; Lucien Perrey (Mlle Herpin), historien ; Jane Herval, l’auteur de la Mission de Germaine ; Mme Flourens, née Michel-Chevalier, traducteur de l’Anneau d’Amadis par Lord Lytton, etc.

Disons encore que je ne me suis pas attardée à dévoiler scrupuleusement les pseudonymes, pour satisfaire une vaine curiosité ; le nom sous lequel on sait acquérir quelque gloire n’est-il pas plus vôtre que le nom patronymique ?

L. d’Alq.