Anthologie japonaise ; poésies anciennes et modernes/Hyakou-nin-is-syou/L’attente

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L’ATTENTE[1]

















Nageki- tsŭtsŭ hitori nuru yo-no akuru ma-va,
Ika-ni hisasiki mono-to ka-va siru.



Sais-tu bien comme est longue une nuit jusqu’à l’aube,
Quand je dors solitaire, hélas ! en soupirant.

Extrait du Siû-ï-siû. Ces vers ont été composés par la mère de Mitsi-tsŭna, grand intendant de la droite, sous le règne de l’empereur Mura-kami Ten-ô (947 à 967 de notre ère), pour son amant Kane-iye, qui avait le titre de régent entré en religion[2]. Un jour que celui-ci était venu pour la voir, on le fît attendre à la porte plus longtemps que d’habitude. Aussi s’en plaignit-il amèrement. C’est pour répondre à ses reproches que la jeune femme lui adressa ces vers.

L’auteur de cette pièce de vers était fille de Fudzi-vara-no Moto-yasŭ ; et on la citait, à son époque, comme une des trois plus célèbres beautés du Japon. Elle publia un recueil de poésies intitulé Kagerô-no nik-ki « Récits journaliers du Dragon volant[3] ».




ぬる nuru est une forme poétique pour ねる neru « dormir ».

  1. Hyaku-nin-is-syu, pièce liii ; Hito-yo gatari, vol. V, fo 2 ; Si-ka-zen-yô, p. 21.
  2. En japonais : Niu-dô Ses-syô.
  3. Le « dragon volant » (vulg. « la demoiselle ») est un nom du Japon. Les Annales indigènes rapportent que Zin-mu Ten-ô, fondateur de la monarchie japonaise, étant un jour monté sur une haute colline, la forme du Japon lui parut ressembler à celle de la « demoiselle », ce qui lui fit donner à son empire le nom de cet insecte. (Voy. Nippon-ô-daï-itsi-ran, vol. I, fo 2 ; et, dans mon Recueil de textes japonais, p. 13.)