Anthologie japonaise ; poésies anciennes et modernes/Hyakou-nin-is-syou/Préface du Hyakou-nin-is-syou

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PRÉFACE DU HYAKOU-NIN-IS-SYOU



Je prise à une haute valeur l’homme qui, sans avoir une capacité universelle, sait approfondir une étude et arrive de lui-même à traiter de toutes sortes de choses. Or, il est un livre intitulé « Pièces de vers des Cent poëtes », qui, transmis des temps anciens jusqu’à nos jours, est devenu un ouvrage d’instruction universellement adopté depuis la jeunesse jusqu’à l’âge mûr. Son mérite est tel que le pinceau ne peut que difficilement le décrire. C’est pourquoi Ozaki Masa-yosi, des environs de Nani-va[1] qui a réuni de toutes parts une quantité innombrable de renseignements[2] destinés à faire connaître en une soirée tous les événements de la vie des Cent personnages, a intitulé son livre Récits d’une nuit[3], et, après l’avoir fait graver sur des planches de cerisier, dans l’intention de le livrer au public, m’a demandé d’y joindre une courte préface.

J’ai donc écrit ces quelques lignes avec mon pinceau inhabile dans l’espoir que l’auteur de ce livre, qui a fait tous ses efforts pour le rendre utile, vit son œuvre florissante comme les inaltérables bambous de mille toises.


Nami-tatsu-no Aru-zi
Ha-ryô Syu-zin.

  1. Nom poétique de Oho-saka, une des cinq villes impériales du Japon.
  2. Littéralement, il a recueilli une quantité innombrable d’algues précieuses des mers des quatre points cardinaux (en japonais : yo hô-no umi-no tama mo-no kazu-kazu hiroï-atsŭme). La plante marine mo, dont le nom s’écrit en caractères idéographiques , désigne une sorte d’algue dont les feuilles présentent les aspects les plus variés. De là est venu l’emploi métaphorique de son nom dans le sens de « production littéraire, talent ».
  3. En japonais : hito-yo gatari.