Astronomie populaire (Arago)/X/11

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 463-465).

CHAPITRE XI

pourquoi les étoiles multiples sont-elles devenues tout à coup
l’objet de tant d’observations assidues


Je disais tout à l’heure (chap. vi) que les deux étoiles distinctes dont les étoiles doubles se composent, ont, en général, des intensités fort dissemblables. Chaque groupe, dans lequel ces notables inégalités d’intensité tiendraient à de grandes différences dans l’éloignement des deux astres, fournirait un moyen d’observation très-simple pour juger de la distance de l’étoile la plus brillante à la terre. Ce moyen, comme nous l’avons vu (liv. ix, chap. xxxiii), Galilée l’avait déjà proposé ; le docteur Long le mit en pratique ; William Herschel, un peu plus tard, l’appliqua aux groupes binaires, déjà catalogués de son temps, qui semblaient présager le plus de réussite ; mais, ainsi qu’il arrive à tout le monde, quoique tout le monde n’ait pas la candeur de l’avouer, en cherchant une chose le célèbre astronome de Slough en trouva une autre ; il découvrit que, le plus ordinairement, les étoiles de grandeurs inégales, formant des groupes, ne sont pas, comme on l’avait imaginé jusqu’alors, des étoiles indépendantes placées par hasard sur deux lignes visuelles très-rapprochées ; que leur réunion dans un espace très-resserré n’est pas un simple effet de projection ou de perspective ; que ces étoiles sont liées les unes aux autres ; qu’elles forment de véritables systèmes ; que leurs positions relatives changent sans cesse ; que les petites étoiles tournent autour des grandes, précisément comme les planètes, Mars, Jupiter, Saturne, etc., circulent autour du Soleil.

Mathématiquement parlant, les deux étoiles se meuvent l’une et l’autre autour de leur centre commun de gravité. Toutefois, les observations astronomiques ordinaires font seulement connaître les positions successives de la petite étoile par rapport à la grande ; or si l’on ne recueille pratiquement que les éléments d’un mouvement relatif, l’orbite à laquelle la discussion de ces éléments conduira ne pourra être aussi qu’une orbite relative. Ce sera, en un mot, la courbe le long de laquelle un observateur, situé dans la grande étoile, et qui se croirait immobile, verrait la petite se déplacer. Au surplus, on ne fait pas autre chose quand on veut déterminer les orbites de Jupiter, de Saturne, etc. Chaque jour, en effet, on rapporte la position de ces planètes au soleil, sans chercher si cet astre a ou s’il n’a pas un mouvement propre de translation dans l’espace.

En vertu des mouvements circulatoires que nous venons de signaler, la petite étoile est quelquefois exactement à l’est, et quelquefois exactement à l’ouest de la grande. À certaines époques, cette étoile mobile se trouve, tout juste, au nord de l’étoile plus brillante, qui paraît être son centre de mouvement ; à des époques différentes, on la voit à l’opposite ou au sud.